hématomes crochus (sinead)

Invité

sometimes it feels like the world's on my shoulders - everyone's leaning on me

mauvais jour, mauvaise heure - l’électricité dans les veines, statique contre le bras et j’ai envie de pousser une gueulante parce que ça pique quand ils me touchent
ils disent à fleur de peau mais sur la mienne y a que des bleus qui fleurissent et j’ai beau dire que j’ai pas mal des fois c’est une larme qui coule (mais jamais deux) - dites madame vous avez déjà pleuré assez fort pour saigner du nez ?

les poumons fermés la gorge close
mauvaise graine bourgeonne et que la rose éclose
ils s’arracheront les doigts sur ses épines
parce que le loupiot voulait pas de petite copine

ça avait commencé gentiment, vous savez? une petite pique par-ci par-là - bah loup t’es pas amoureux regarde les filles elles sont jolies et sur ma lèvre un sourire mauvais et des ta gueule qui fusent (et dieu qui s’amuse)
cette salope m’a gâté et j’ai toujours voulu me la taper juste pour lui montrer ce qu’elle a créé
(un gosse affreux qui montre les crocs, à ses côtés l’enfant sage se casse les os) mais c’est toujours moi qui prends voyez, parce que je m’en branle de votre école et des fois j’ai l’impression que vous aussi

l’astre solitaire crache ses enfants dans un étage miteux, il est loin le luxe fitzgerald - comprenez, à l’époque on me comparait à gatsby et maintenant, maintenant j’ai des allures de gandhi
mais j’ai jamais voulu la paix, alors j’ai sorti les armes

qu’est-ce que j’fous en colle j’ai un soupir sous la dent et il s’extirpe si facilement que pendant un moment j’me demande si j’ai l’air si méchant
avec mon coquard et ma lèvre ouverte méchamment et l’arcade mal recousue qui dégouline sous le pansement

c’est lui qui m’a frappé mais pas en premier j’avoue d’abord c’était mon poing son nez puis mon genou sa te-tê mais c’était sa faute, il m’a fait chier et l’air a cessé d’entrer
(sans ma crise, j’laurais buté l’enfoiré)

mais c’est pas juste m’dame il avait dit des trucs de bâtard il m’avait traité de clébard alors que c’est mon putain de frère, le taulard
vous vouliez que j’fasse quoi, que j’le laisse m’insulter ? que j’aille voir un adulte ? j’ai l’air d’une poucave ? y a pas de 69 tatoué sur mon front, si ? merde attendez, c’est pas une si mauvaise idée
et d’un coup, sourire de loup, rire de hyène - vous en pensez quoi ? j’devrais me claquer le kamasutra au-dessus de l’oeil ? ça cacherait la coupure, cet enculé m’a fracassé l’arcade!

kaspbarks

Invité

hématomes
crochus

Ça avait commencé gentiment comme à peu près tous les cassages de gueule en règle qu'elle a connu et arrêté dans sa vie. Les rares auxquels elle avait participé n'étaient jamais passés par la case gentiment, cependant. Tu sais, ça n'est pas parce que depuis que tu parles ses sourcils sont haussés et qu'elle te toise de cette façon un peu moqueuse qu'elle te juge ou quoi que ce soit. Sinead, elle t'écoute, un livre de mathématiques ouvert sur son bureau et la tête lourdement posée dans ses mains avec ce soupir qui menace depuis un moment de sortir déjà. Cette façon que tu as de te justifier, comme celles qu'ont tous les enfants difficiles de se justifier d'ailleurs, ça l'énerve. Dans tous ces mots que tu balances pour te tirer d'affaires -ou l'ennuyer qui sait ?- tu ne voyais pas ton erreur. Tu ne la comprenais pas.

Seulement faire comprendre leurs erreurs aux petits turbulents, c'est franchement la merde.

Je m'en branle de votre école.
« C'est cool, y a du progrès. »

C'est dit avec un peu d'ironie parce qu'il n'y en a pas tant que ça en vérité, c'est seulement que Sinead sait d'avance ce que tu vas dire ensuite. Tout le monde dit toujours la même chose après tout, elle-même aurait dit la même chose si elle n'avait pas apprit très tôt à assumer ses actes -et très tard à cogner. Alors, elle écoute et bingo se dit-elle sans esquisser le moindre sourire de satisfaction. Te savoir ici et blessé ne la ravissait pas, mais puisque tu es là, Loup, autant faire avec non ?

Commence déjà par te calmer.

« Tu devrais plutôt tenter un concours d'imitations, commence-t-elle banalement, ou t'inscrire au théâtre, ce sera moins voyant qu'un 69 sur le front. »

Crois le ou non, malgré le sarcasme ambiant dans le ton de sa voix, elle est tout à fait sérieuse en disant ça. (Tu aurais une occupation et elle la quasi certitude que tu te tiendrais à carreaux au moins deux heures par semaine, c'est plutôt un bon deal.) Enfin bon.

« Plus sérieusement, et comme pour l'illustrer elle s'était redressée sur sa chaise, les bras à présents croisés à plat sur le bureau. Tes camarades sont punis par un collègue en ce moment-même. »

Comme quoi la justice ça paie parfois.

« Toi t'es avec moi pour faire tes exercices et pour comprendre que ta réaction était pas la bonne. »

D'un geste du menton elle désigne tes affaires tout en remarquant silencieusement le doute qu'elle a sur la seconde partie. Les exercices sont pourtant moins importants qu'une bonne leçon de vie -et une punition sacrément chiante quand elle était derrière pour surveiller alors elle te les réserves pour après. C'est un au cas où, une chance qu'elle te laisse (elles sont si rares tu devrais en profiter).

« Te défendre c'est super hein, bien sûr. C'est juste pas la meilleure méthode, tu vois ? »

La prochaine fois attends qu'il te frappe en premier.

@Loup Fitzgerald

Invité

sometimes it feels like the world's on my shoulders - everyone's leaning on me

c’est cool, y a du progrès ouais et y a un ta gueule qui me démange la gorge mais même moi je sais quand m’arrêter, clapet fermé comme l’esprit quand vous décochez les propositions comme si y avait un moyen de me sortit de cet enfer (mortifère)

le théâtre ça a jamais été une option
plutôt crever que d’finir en jupons
à tenter de retenir un texte à la con
(j’veux pas essayer, de toute façon)

l’objectif c’est que ça soit voyant, en fait, sombre conne susurré dans le regard j’ai la posture délabrée des garnements et sur le pouce deux ou trois gouttes de sang - m’en voulez pas, c’est juste moi. c’est pas pour moi, le théâtre, la finalité dans la voix mais faut croire que j’y pense des fois quand sous ma peau il fait trop froid

et puis il est là, le problème, finalement. comprendre que ma réaction, c’est pas la bonne. c’est ça, je marmonne et j’ai l’oeil qui roule comme s’il cherchait à s’enfuir, à me glisser dans une quatrième dimension où j’aurais toujours raison, parce que la meilleure méthode c’est d’aller chialer entre vos guiboles, et d’attendre que vous expliquiez derrière à ces fils de pute que leur méthode est pas non plus la bonne ? bah putain, on aurait dû y penser plus tôt !

vous savez quelques années plus tôt j’ai vu un gosse verser sa peine sur l’un d’entre vous, les yeux plein d’étoiles et de larmes que vous aviez même pas été fichus de sécher, parce que dire à un gamin que ce qu’il fait c’est pas bien, c’est comme se torcher avec une lingette kandoo. t’as l’impression de bien faire, sur le coup c’est cool, mais sur le long terme c’est que d’la merde.
sourire plein de dents, bravo loup elle était bonne celle-là

soupir saturé de fatigue, ça m’casse les couilles. un coup d’oeil à la page d’exercices, et un autre vers l’horloge - que dix minutes, et j’sais même plus combien d’heures j’ai. j’fais tourner le stylo entre mes doigts, dessine un ou deux cercles sur la feuille, regarde encore l’heure et bordel y a qu’une minute et trente-quatre secondes qui sont passées.
ils sont nuls à chier, vos exercices je mens facilement, ça vient tout seul et j’aime pas les maths, ça m’ennuie trop vite trop carré trop régulier aucun mystère dans l’addition d’un plus un
il est où mon imprévu ?

kaspbarks