C'est pas la taille qui compte || ft Phineas Prescott

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ft. Phineas Prescott

C'est pas la taille qui compte!

Le mois de septembre était étonnamment doux, et en ce samedi, beaucoup d’élèves de l’académie Alice en profitaient pleinement. La plupart d’entre eux étaient soit en train de se baigner, soit en train de passer du temps dans le parc. Autant dire que peu d’entre eux avaient décidé de courir autour des bords du grand stade. Et c’était là que Nina Sheng avait décidé de passer sa journée.
Il faut dire que c’est pas exactement comme si elle avait la possibilité de passer sa journée à cuisiner des petits plats , et elle avait certainement pas envie de rester cloîtrée dans la bibliothèque à se renseigner sur la mythologie. Et se balader dans les parcs alors qu’il y avait tellement d’étudiants entourés d’amis qui riaient entre eux la rendait franchement un peu mal à l’aise. Donc la jeune femme avait enfilé sa tenue de sport et avait commencé à courir, ses écouteurs dans ses oreilles et essayant de recentrer ses pensées et ses objectifs.

Aussi forte rebelle qu’était Alice, il lui arrivait de se sentir écrasée par le poids de ses conditions de vie. Bien sûr, la jeune femme s’était vite habituée aux courants d’air et aux crissements de parquet, mais la nourriture était ce qui était le plus difficile à vivre pour elle. Habituée aux repas copieux que ses parents lui avaient fournis pendant les treize premières années de sa vie, il n’était pas rare que l’adolescente sente une boule se former au fond de sa gorge lorsqu’elle se trouvait face au repas. Bien sur, ce n’était pas quelque chose qu’elle dirait à voix haute et de plus, ces moments ne faisaient que lui rappeler ce pourquoi elle se battait contre le système de cette école. Il fallait qu’elle fasse quelque chose. Et courir l’aidait à se remettre les idées en place.

Tout d’abord, il fallait qu’elle se trouve un entourage. C’était la première étape. Deux ans qu’elle était ici, et très peu de personnes ne s’étaient réellement approchés d’elle. Il faut dire que son comportement dédaigneux voir agressif envers le staff et les locaux n’était pas forcément des plus attirants. Mais c’était pas ce qu’elle allait changer. Il lui fallait des personnes qui l’acceptaient tel qu’elle était et la rejoignent dans ses idées. Elle n’avait même pas forcément besoin de personnes activement rebelles, juste des élèves avec qui elle pouvait s’entendre sur un point : cette école devait couler ou changer.

Sans vraiment s’en rendre compte, Nina avait commencé à courir beaucoup plus vite que la normale, les muscles de ses jambes la propulsant suffisamment loin pour procurer une bonne accélération. Elle n’était et ne serait jamais aussi rapide qu’un Alice possédant un don de super vitesse, mais sa vitesse était tout de même nettement supérieure à la normale. Mais elle commençait à se sentir essoufflée. C’est pourquoi elle ralentit l’allure à nouveau, prenant des grandes inspirations pour se remettre de ses efforts.

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C'est pas la taille

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Le stade en cet après-midi avait des airs de terrains vagues, décor de western ou piste abandonnée, Phineas ne savait pas. Il s'était assis en haut des gradins pour lacer ses baskets et il avait contemplé ce vide étrange. Peu d'élèves venaient courir quand il faisait aussi beau. C'était encore une chaude journée pour un mois de septembre. Il allait grave transpirer. Phineas se redressa en grommelant et commença par quelques étirements. Plus tu transpires, plus tu perds de poids, non ? Il se disait ça pour s'encourager.

Il descendit les gradins à pas rapides et commença à courir en petites foulées. Entre-temps, quelqu'un d'autre était arrivé. C'était Nina Sheng, PHY, d'un an sa cadette. Il la connaissait peu, de réputation en fait, par ses tentatives de rébellion et... son alice. Phineas aimait bien son alice. Il fit quelques tours et sentit un agréable point de côté lui vriller les côtes. Ah, ça lui apprendrait à attendre la rentrée pour se remettre au sport ! Parce que les burgers, il n'avait pas arrêté, ça non ! Phineas s'insultait presque mentalement quand il fut forcé de stopper sa course, ça lui évitait de le faire à haute voix. Il s'arrêta sur le côté de la piste pour souffler et lâcha un râle d'agonie. Plié en deux, il attendait que son coeur veuille bien se calmer. Le son des pas de Sheng, léger, donnaient le rythme. Les mains toujours appuyées sur ses genoux, Phineas releva la tête.

Nina allait à son rythme, effectuant une accélération qu'un humain normal n'aurait jamais pu atteindre, sauf s'il s'appelait Usain Bolt peut-être ? Son alice lui donnait un bon avantage dans ce domaine, Phineas devait le reconnaître. Il aurait bien aimé avoir ce genre de don, plutôt que... le truc naze, là. Nina ralentit sa course et Phin l'observa un instant, amusé, et un peu intrigué. Il ne lui avait jamais parlé. Mais il admirait un peu son style, et son alice. Il reprit gentiment sa course en allant dans sa direction et, une fois à sa hauteur, il la salua :

"Hé, Nina ! C'est marrant quand même que t'aies l'alice de la superforce alors que t'es une brindille, ha ha !

À aucun moment il ne réalisa que sa phrase était insultante et son rire moqueur. Il se trouvait juste drôle.

Un jour tu apprendras à parler aux filles, Phin.

#septembre 2019 avec Nina F. Sheng #le stade

— gitano;

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Un mec que Nina connaissait pas se mit à courir à côté d’elle, ce qui la surpris plus qu’un peu. Merde, depuis quand il est là celui-là ? Elle l’avait absolument pas vu arriver.
La jeune femme fronça les sourcils à sa remarque. Comment ce mec connaît son nom ?
Ah oui. C’est vrai qu’elle a une réputation. C’est vrai. Et puis beaucoup d’étudiants connaissaient les autres. Leurs âges, leurs classes, leurs prénoms, leurs alices. Mais Nina s’en foutait assez royalement des autres en vrai. Donc elle avait jamais vraiment pris la peine de retenir les noms, prénoms, âges ou mensurations des autres élèves. Donc ouais, lui, elle sait pas qui c’est.
Mais putain d’où il la traite de brindille, la tige ? Elle est peut-être pas très grande et jeune, mais ça empêche pas qu’elle puisse casser la gueule de n’importe quelle personne dans cette école. Et elle allait pas se gêner pour le prouver.
"L’usage de votre alice dans le but d’atteindre à l’intégrité physique et moral des autres individus est fortement condamné.", eh bah ça va être la règle qu’elle enfreindra aujourd’hui !

Soudainement, Nina fait un cloche patte au mec et l’attrape par le col pour le soulever à dix centimètres du sol aussi facilement qu’elle soulèverait une pelote de laine. Un coussin. Peu importe, un truc léger quoi.
« Qui tu traites de brindilles, blondinet ? » Elle demande, la voix menaçante et le regard noir fixant les yeux du plus âgé, « D’où tu te moques de moi alors que tu me connais même pas ? Tu veux que j’te balance à l’autre bout du stade ? Ptet’ que ça te ferais comprendre que ça se fait pas de se foutre de la gueule de gens qu’on connaît pas alors qu’ils t’ont rien demandé. »

Bien que Nina n’est pas de nature violente, elle se savait capable d’appliquer sa menace. C’était une de ses règles : ne jamais lancer une menace qu’on ne pourrait jamais exécuter. Ça fait perdre toute crédibilité.

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Le truc quand on avait des problèmes de communication, c'était de bien s'exprimer pour ne pas être mal interprété. Le problème, c'est que ça ne marchait pas quand il y avait des problèmes de communication des deux côtés. Phin, il ne savait jamais comment parler aux filles. Bizarrement, c'était pas un souci avec les garçons, ou avec les enfants. Peut-être qu'ils comprenaient mieux son humour. Dans tous les cas, Phineas avait l'habitude de se faire ignorer / remballer / traiter de crétin profond par la gent féminine. Mais se faire violenter, ça c'était une première.

Avant même de réaliser ce qui lui arrivait, il trébucha, Nina l'attrapa et le souleva. Ses pieds ne touchaient plus le sol et le col de son t-shirt menaçait de se déchirer sous son poids. Le premier réflexe de Phin fut de s'agiter, forcément, il était très perturbant de se retrouver suspendu même si près du sol.

"Mais ! C'était une blague !

Il ne comprenait pas pourquoi elle avait pris sa remarque pour une moquerie, et surtout il ne comprenait pas pourquoi elle réagissait aussi violemment. Peut-être qu'une fois au sol il arriverait à faire fonctionner son cerveau suffisamment fort pour réaliser que les mots employés pouvaient être mal interprétés, mais dans cette position c'était difficile. Le premier réflexe de Phineas était la survie et la survie lui intimait de fuir. Chose impossible à cause de la poigne solide de Sheng. Sa survie lui conseilla donc le plan B.

"Désolé ! J'voulais pas t'insulter !"

S'excuser. Il aurait bien ajouté "c'est pas la peine d'être aussi violent pour un mot de travers", mais il n'était pas en position de discuter.

"Putain !" ajouta-t-il tout bas, parce qu'il n'avait pas envie qu'elle l'envoie valser de l'autre côté du stade.

Il était venu pour courir, pas pour voler.

#septembre 2019 avec Nina F. Sheng #le stade

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Inhala, exhala, Nina se dit en prenant une grande inspiration. Faire du mal à un autre élève ne l’aiderait pas à faire du mal au système de l’école. Bien sur il l’avait insultée, mais ses parents de l’avaient pas élevée pour être violente envers autrui. Elle était mieux que ça. Il faut dire qu’en ce moment, elle était pas mal stressée. Et seule. Elle se sentait seule. Il faut croire que deux ans sans compagnie c’était sa limite. Et ce gars était clairement pas mal intentionné. Un peu con, peut-être, mais pas mal intentionné. Donc elle le repose doucement sur le sol avant de soupirer et passer sa main dans ses cheveux en détournant le regard, un peu embarrassée par sa réaction impulsive.
« Ouais c’est bon, j’ai compris, mais t’as d’la chance que je t’ai pas cassé la gueule contre le sol, parce que ça aurait fait un trou de la forme de ton visage de débile, » elle dit, un peu froidement.

Puis, doucement, elle regarda je garçon plus âgé et sourit légèrement. Clairement, ce mec était pas méchant. Il était même plutôt mignon. Et y’avait pas de raison pour laquelle Nina ne pourrait pas, pour une fois, essayer d’être amicale avec un autre élève. Peut-être qu’ils avaient le même avis sur l’académie. Peut-être qu’ils pourraient être amis. Ou au moins, peut -être que ça pourrait être quelqu’un qui la voit dans les couloirs et lui demande comment elle va.
Elle tend la main pour serrer celle de l’inconnu en se redressant.

« Nina Sheng, enchantée. »

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Phineas espérait très fort que ses excuses fonctionneraient. Il était maladroit, certes, mais pas méchant. Nina ne pouvait pas le savoir puisqu'elle ne le connaissait pas. Et Phin n'aurait pas dû plaisanter à son sujet puisqu'il ne la connaissait pas.

Elle accepta de le relâcher et Phineas retrouva le sol sous ses pieds avec un grand soulagement. Il ne pensait pas qu'en être privé pendant quelques secondes aurait cet effet-là. C'était bien la preuve que les humains n'étaient pas faits pour voler ! (Surtout Phineas.) Nina ajouta une menace, à laquelle Phin répondit par une grimace. Il avait bien compris ce qu'impliquait l'alice de la jeune fille, c'était bien pour cela qu'il avait trouvé que le contraste avec son physique était intéressant. Mais il n'était plus sûr de vouloir le dire maintenant. À tous les coups il formulerait ça maladroitement, et Nina semblait susceptible. Sur ce sujet, en tout cas. Une fois la colère passée, elle sourit et lui tendit la main.

Phin la considéra quelques secondes en silence, surpris, avant d'accepter de la serrer :

"Phineas Prescott. Stp me broies pas les doigts", ajouta-t-il avec un sourire (un peu nerveux le sourire).

Il hésita à s'embarquer dans de nouvelles excuses et des explications, mais Nina semblait passée à autre chose. Autant repartir sur de bonnes bases.

"Avec ton alice je pensais pas que t'avais besoin de t'entraîner. Tu cours souvent ?"

Ça au moins c'était un sujet qu'il pouvait maîtriser.

#septembre 2019 avec Nina F. Sheng #le stade

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Nina était pas sure de pourquoi elle avait réagi comme ça à une insulte si insignifiante. Elle était pas très grande, mais elle était quand même plus grande que son père l’était. Elle avait sûrement un peu exagéré avec ce mec. Mais il faut dire que la jeune femme était à cran en ce moment. Avant, ne pas avoir d’amis, ça l’affectait pas, ou pas beaucoup, parce qu’elle avait ses parents. Mais ici, elle était toute seule. Et ça allait faire deux ans qu’elle était coincée là à pouvoir parler à personne et à se faire traiter comme de la merde par les personnes qui avaient tué son père. Mais Phineas avait pas l’air d’avoir peur d’elle, ou de vouloir s’éloigner d’elle pour éviter les ennuis. Il avait pris sa main et lui avait demandé de pas la casser. Ce qui serait facile pour Nina, au fond. Mais c’était pas une psychopathe non plus. Mais il avait sourit, donc elle avait peut-être une chance de se faire un pote.

« Mon Alice c’est la super force, ça a rien à voir avec mon endurance. Donc il faut que je reste en forme quand même, » elle explique calmement en se détachant les cheveux, « Et oui, je cours souvent. Ca m’aide à me vider la tête et à me calmer. »
Il faut dire que pour une ado de 16 ans, Nina avait beaucoup de raisons d’être en colère, et elle était du genre à se laisser bouffer par sa colère et en oublier de vivre.

« Qu’est-ce que tu fous là, toi ? Il fait ultra chaud, t’as pas envie d’aller à la piscine avec les autres ou quelque chose du genre ? »

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