Why you ? Specially you ? astéra x achille

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STOP THIS PLEASE, MY HEART, IT'S HURT

Ce n’était définitivement pas une bonne journée pour Astéra. Ses cauchemars s’amplifiaient sans aucune raison valable à l’horizon, avec en prime une migraine qui avait tendance à la rendre plus irritée que jamais auparavant. S’ajoutant à toute cette colère insurmontable depuis des années un manque cruel de courage dans ses entrailles les plus profondes, un handicap réel quant à mettre un mot sur des sentiments ressenti face aux personnes visées. L’amour. Qu’était-ce après tout ? Qu’était-ce ce sentiment puissant qui vous prend aux tripes et je vous lâche plus ? Quel est ce sentiment si beau et si puérile en même temps ? Pourquoi le ressentir ? Comment et quand ? Pourquoi ?

Ariel était introuvable, sûrement aux côtés de Zora à parler de tout et de rien, ou peut-être de ses crayons de couleurs, du choix de papier pour dessiner, de quelles fleurs prendre pour modèle aujourd’hui. Impossible qu’il soulage les maux qui la tourmentent depuis quelques temps déjà. Astéra devrait aujourd’hui faire sans son jumeau et traverser cette douleur en son sein seule. Comme la plupart du temps en réalité. Marchant rapidement vers les marécages après les cours, elle ne fit même pas attention aux larmes qui coulaient sans qu’elle puisse les contrôler le long de ses joues, ni même de cette jupe qui finira accrochée à une branche de rosier venant trouer légèrement cette dernière. Ce n’était pas sa journée, ni les précédentes, et sûrement pas les prochaines.

La jeune femme passa rapidement le dessus de sa mère sur son nez pour y essuyer les gouttes qui venaient s’y logeaient, et frotta le dessous de ses yeux avec un rire nerveux. Celui qui ne se contrôle pas non plus. Celui qui ne veut jamais s’arrêter. Celui qui ne réponds que de lui. Au cœur du marécage elle souffle. Loin des regards indiscrets. Loin des jugements elle peut lâcher prise. Personne n’en saura rien. Personne ne jugera cette carapace ébréchée et ses joues roses. Après tout, pourquoi ces larmes ? Pourquoi maintenant ? La journée c’était définitivement fermée à elle lorsqu’elle repensa à ce qu’elle avait pu avoir. Ses images qui défilent devant ses yeux lorsqu’elle les voient. Rocket. Achille. Peut-être qu’elle était rassurée en réalité ? Peut-être qu’elle attendait depuis si longtemps qu’il fasse le premier pas, et que s’il ne l’avait jamais fait c’était uniquement parce qu’il n’était pas intéressée par les femmes ? Ce n’était pas à cause d’elle. Ce n’était pas une question de beauté, ni d’intérêt, ni de blagues douteuses. Non. C’était autre chose. Peut-être qu’elle était déçue au final ? De cette décision. Qu’elle ne soit pas lui ? Qu’elle ne puisse le combler comme il avait l’air de le faire ?

Assise à même le sol Astéra leva les yeux vers le ciel et hurla de toute ces forces. Comme pour se libérer d’un trop plein accumulé depuis des semaines. Il fallait extérioriser toutes cette rage. Mais elle se redressa rapidement en entendant un bruit sourd autour des arbres l’entourant. Des bruits de pas. L’herbe humide qui glissent et les branches qui craquent sous le poids d’un homme. Se redressant sur ses deux jambes tremblotantes, elle essuies rapidement ses yeux en essayant d’épargner son mascara et reprends sa respiration avant de faire face à lui. Ses yeux bleus. Ce sourire en coin. « Pourquoi faut-il que ce soit toi à cet instant ? »

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why you ? specially you ?

D'abord, sa poignée de porte, puis le robinet. Depuis quelques jours, tout cassait, disparaissait, se tâchait, déchirait, tombait... depuis quelques jours, une poisse de grande envergure. Depuis Elyas, à vrai dire. Au premier abord, Achille s'était dit qu'il avait juste attiré les foudres d'une quelconque divinité mécontente de son peu de bonheur, et puis, il s'était rappelé. Il s'était rappelé ces yeux, il s'était rappelé Elior et il avait compris. Sans avoir fait d'études de sciences humaines, il avait relié la cause - lui qui baisait Elyas - à la conséquence - Elior qui avait fini par le baiser. Les baiser, à vrai dire, même s'il était apparemment déçu que ce ne fut pas au sens propre.

Et son alice, interminable, intenable, insupportable continuait à lui pourrir son quotidien. Alors, faute de mieux, Achille avait pris le strict minimum dans une randonnée en forêt, se disant que peut-être, quelques heures dans un mode de vie ermite suffirait à le débarrasser de ses fardeaux. Achille savait être incisif. Très souvent, ses opinions sur un sujet étaient aux extrêmes de l'acceptable, coincés entre son désir permanent de se rendre détestable et son absolu dégoût pour la tolérance.

Ainsi, même s'il ne lui arrivait que rarement d'aimer, il savait haïr avec la manière, si bien qu'il faisait passer le mépris des autres à son égard pour une colère enfantine. Achille détestait tous les marécages, sans distinction de couleurs ou d'origines. Il les détestait foncièrement, et en les rares occasions où il trainait son corps parfait dans les sentiers poussiéreux de la forêt, il évitait cet endroit.

Il était aussi à l'aise dedans qu'un salarié dans le RER B direction Japan Expo - mais comme tout salarié qui ne connait pas les dates de convention, Achille n'avait aucune foutue idée de la direction à prendre.
Trop concentré sur la conservation de son cuir chevelu et occupé à mener une défense contre les assauts aériens d'insectes, il ne réalisa que trop tard que ses chaussures s'enfonçaient grossièrement dans la boue vaseuse.

Dégoûté, il extirpa son pied dans un bruit qui lui rappelait un couinement de souris et se décida à contourner ce sentier du démon. Il lui faudrait deux douches, une nouvelle paire de chaussures et sans doute de couilles également, à en juger par les demi-sursauts qu'il se tapait tous les cinq mètres. Lorsqu'il s'agissait de contact avec la nature, il était rarement partant : son talent en cuisine témoignait d'à quel point il manquait de qualités dans le domaine. Ajoutez à cela un sens de l'orientation pitoyable, et il se retrouva, après vingt minutes de marche, en la compagnie d'Astéra sans même savoir ce qu'elle foutait là.

Il ne fut même pas surpris.
Achille aurait pu dénicher un village ninja qu'il n'aurait pas sourcillé. À force de se perdre, il avait presque développé un talent d'exploration. Le problème, c'est que même s'il se trouvait en une compagnie décente, la phrase d'accueil - ou plutôt de rejet - lui arracha un long soupir.

"Je sais bien que c'est à la mode de me détester en ce moment, mais t'as une raison valable, Astéra ?"

Non parce que, dernièrement, Achille était sur les nerfs. Il avait commis la terrible erreur de se taper quelqu'un en chasse gardée, et depuis, il en faisait les frais. Des jours que ça durait, cette poisse à n'en plus finir - et visiblement, ça continuait, puisqu'il était tombé sur Astéra. Enfin, il avait beau dire, elle n'était pas désagréable, comme compagnie... sauf aujourd'hui.

"Explique-moi le problème, vas-y. Et t'approche pas, même si t'as l'air d'avoir envie de m'en coller une. On m'a maudit ou je ne sais quoi, j'ai une telle poisse, je sens qu'un piano va pas tarder à me tomber sur la gueule."

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Achille. Achille. Achille. Il était là devant elle, à la regarder avec ses yeux bleus océan alors qu’elle est hideuse. Des traces de boues sur les jambes, sa jupe trouée et son visage un peu trop rosé. « Je suis au courant. » Au courant pour lui et Rocket. Pour ses lèvres qui se lient, ses doigts qui frôlent sa peau jusqu’à ne faire qu’un, son souffle chaud aux creux de son cou. Elle imagine. Ce qu’ils auraient pu être, ce qu’ils peuvent être. Et alors que son souffle s’accélère en même temps que son cœur, Astéra l’écoute attentivement. Lui ? Maudit ? Qu’en était-il alors d’elle ? De ses cauchemars en boucle, d’un ami aux creux des reins de la personne qu’elle aime, de toute sa vie qui part en vrille sans qu’elle ait le contrôle. Elle se fiche bien de ce qu’il dit, de son interdiction d’approcher. Elle voudrait le détester. Lui faire bouillir le cerveau entre ses mains fines, elle voudrait sentir son corps entier électrifié sous son regard de braise.

Mais il n’en est rien. Astéra s’approche doucement de lui, ses bras tendus vers lui et se loge aux creux de ses bras. Le serrant de toute ses forces en ne pouvant calmer ses pleurs. « Comment tu as-fais ? » Comment tu as fais pour voler son corps ? Pour lui mettre ses étoiles dans les yeux ? Pour lui faire dire ce qu’elle n’arrive pas ? Comment sais-tu quand tu aimes ? « Tu ne lui feras pas de mal n’est-ce pas Achille ? Tu ne feras pas ça hein ? » Son visage contre son torse elle pleure. Elle se laisse aller comme s’il lui avait donné la permission. Elle sent pourtant ses doigts lui brûler, comme si son corps ne répondait plus de rien, comme si son instinct primaire de vengeance voulait prendre le dessus sur sa raison.

Jamais. Jamais elle ne lui ferait du mal. Pour lui. Pour Rocket. Pour ses beaux yeux et son sourire débile. Pour ses blagues douteuses et ses absences. Pour son épaule sur laquelle elle sait pouvoir pleurer, pour ses mains délicates qui n’hésites pas à la ramener à la réalité. Pour ses mots si durs et pourtant si vrai qu’il lui jette au visage. « Comment as-tu réussi là ou j’ai échoué ? C’est à cause de moi ? » Elle se recule un instant en essayant d’essuyer ses larmes rapidement, un rire nerveux intervenant entre deux bouffées d’air. « Je veux juste qu’il soit heureux. Alors s’il te plaît, ne le blesse pas? D’accord ? » Debout face à lui, les cheveux en bataille et les jambes tremblotantes elle supplie quelqu’un pour la première fois de sa vie. « Prend soin de Rocket. Il est pas facile je sais, un peu bête parfois mais ce n’est pas un mauvais gars… Mais tu dois sûrement déjà le savoir. »

Bien sûr qu’il devait déjà le savoir. Il devait déjà avoir mémorisé chaque centimètres de son corps, chaque parcelle de peau. Elle aurait voulu arrêter de pleurer, ne plus avoir cette fois haletante, réussir à faire une phrase sans bégayer. Astéra avait perdu. Achille avait gagné le cœur qu’elle chérissait tant en secret depuis bien des années. L’ami allait rester à ce poste sans qu’elle ne puisse rien y faire, sans que ces pleurs n’y changent rien. « Je suis désolée. Je suis désolée. » Désolée d’avoir pris un chemin plus long et plus périlleux. Désolée d’avoir faillit. Désolée de n’être jamais la première.

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Comme le reflet pâle des cruelles eaux, ses yeux en avaient aussi la surface : imperturbable, aussi lisse que profonde. Son regard jaugeait cette frêle silhouette embrassant son corps. Ses mains glacées remontèrent le long de son échine, offrant le faux confort d’une chaleur qu’il n’éprouvait pas vraiment. De toute sa hauteur, niché loin de ces sentiments, il se sentait à l’abri, comme extérieur à cette proximité qui n’était que physique.

Sa colère, née de cette humanité écœurante, lui semblait aussi pathétique que cet élan d’affection. Une étreinte amicale, un confort recherché, le goût salé des larmes d’une jalousie illégitime. Tous ses sens étaient offensés par cette fausseté idiote, elle qui retenait ses vérités, elle qui privilégiait, des mains de cette colère, un amour voué à l’échec. Lui qui trouvait la paix dans l’accomplissement du mal, lui qui flirtait avec les mensonges et la fausseté.

Lui, menteur, solitaire, le cœur oublié dans ses jeux incessants. Lui qui cherchait l’accomplissement, un bonheur même temporaire, solitaire, tortionnaire.
L’amour n’était rien, pas plus qu’une haine bancale où seule survivrait la certitude d’une rage qui s’estomperait au fil du temps.
Et elle pleurait. Dans ses bras, dans ses mensonges, comme une illusion assez étanche pour en devenir suffisante. Elle pleurait, éludant les détails, la rancœur factice, les sentiments incandescents d’une colère déjà retombée. Il se mordit la lèvre d’incompréhension, nourri par les quelques vagues certitudes d’un tyran solitaire.

Pourquoi, si facilement ?
Pourquoi, au prix de son propre bonheur ?
Il se sentait prêt à battre sa douleur jusqu’à l’en submerger, prêt à mettre en péril ce lien bancal, au profit de quelques souvenirs. Non, pas même pour ça. Pas même pour lui qui l’avait si soudainement jeté - pour son propre plaisir.
Le goût du risque était d’autant plus satisfaisant quand tout ce qu’il avait à perdre ne tenait qu’aux autres.

"Tu arrives trop tard."

Il l'avoua sur un ton indolore, le regard fuyant, tourné vers un horizon achromate. Rien que d'y penser, il sentait son cœur se serrer d'une puissante frustration. Ce n'était pas la déception. Ce n'était pas le manque, la tristesse d'un amour délaissé. Ce n'était pas la satisfaction amère d'une fausse victoire, mais au fil du temps, Achille s'attachait. Il sentait ses barrières fondre, son indifférence s'estomper.

Sa tristesse le touchait - et peut-être était-ce pour ça qu'il avait renoncé, comme inconsciemment, à ce mensonge qui le faisait respirer. "C'est fini. Et je crois que, en ce sens, je lui ai déjà fait mal." Il n'avait pas cette fierté qui ponctuait ses énonciations machiavéliques. Son ton restait plat, à l'image d'un visage fermé. Son corps immobile, trouvant le réconfort silencieux d'une douleur partagée. La solitude, qu'importe qui on devenait, n'était convenable pour personne. Dans ses pensées voguaient les quelques idées malsaines d'un esprit en recherche de victoire, et d'une paix, si fausse qu'elle puisse être.

Le mensonge n'était pas un mal, juste un outil comme un autre. Tolérant dans ses morales, austère dans la recherche de la victoire. Seul le résultat comptait lorsqu'on arrivait à terme. Du moins, c'était ainsi, lorsqu'on ne ressentait pas de culpabilité.

"Astéra, je peux te libérer de ça. De cet amour parasite, qui ne te sera jamais rendu. Mon alice en est capable. Ça ne te coûterait rien."

Il se recule, la privant de cette étreinte qui pour lui, devenait un peu trop sincère.
Il n'était pas question de faiblir. Pas question de perdre de vue l'essentiel au nom de quelques paillettes d'humanité, d'un peu d'espoir, des bribes d'une sincérité ramassée dans la tristesse. Achille n'avait pas pitié. Il avait fini par concevoir un peu d'affection, mais plus que quiconque, il craignait la portée cruelle d'un cœur effondré et solitaire.

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