Sa vie, ses amitiés, ses histoires de passion et les discussions sans intérêt
Tout était lié au club de musique
Une sorte de club de littérature ou tout irait bien, sans meurtre et suicide, sans jalousie et histoire morbide
Une famille, ou tout le monde souriait, tout le monde venait et partait, un moulin ou un bar
C’était là que reposait son esprit
Et c’était là qu’elle l’avait rencontré, Alastair
Des le premier regard furtif qu’elle lui avait jeté, elle l’avait trouvé bizarre
Pas physiquement, car ce n’était guère important
Mais elle l’avait trouvé farfelu
Quelqu’un d’autre aurait dit qu’il était complètement baisé celui-là
Mais elle n’aurait pas utilisé un mot pareil, qu’importe le vocabulaire, Alastair était un phénomène
Il n’y avait pas à réfléchir, ça sautait aux yeux, il était
baisé
unique
Mais aux commandes du piano, tout paraissait limpide, pas de fausses notes, pas d’hésitation
Il était, ça c’est sur
Du reste, elle ne se souvenait pas de grand-chose
Quelques babillages et puis voila
Elle était là au gymnase
Surement avait-elle voulu s’intéresser à sa filière, essayer quelque chose de nouveau ?
Mais du combat elle ne connaissait rien, hormis ce qui se passait dans les films et les jeux vidéo
C’est-à-dire
rien
Mais il était convenu que vous deux, vous vous retrouveriez ici même, le reste était à la charge d’Alastair
A peine le temps de lever la main pour dire bonjour qu’on l’agresse déjà

« … » Elle grommelle intérieurement, contre elle-même et contre lui « Okay chef. »

Elle touche son nez, ce n’est rien, ce ne sont pas des gants qui vont le lui briser tout de même
Elle n’avait même pas eu le temps de le voir réagir, elle qui était toujours sur le qui-vive, elle qui se concentrait toujours sur l’ailleurs et pas sur lui
Ça lui faisait les pieds et lui donnait une bonne leçon
Mais comme elle aimerait lui transmettre cette démangeaison désagréable qui parcourait son nez actuellement
Elle se contente simplement d’enfiler les gants
Quelqu’un les a déjà enfilés et elle se sent dans chaque particule de ses mains

« Alors, qu’est-ce que tu vas m’apprendre ? »

Elle ne s’attendait pas à grand-chose en réalité
Elle avait connaissance du parcours scolaire d’Alastair
Certes, il était en spécialité militaire, mais sans vouloir l’offenser, elle n’attendait rien d’incroyable de sa part
Alors oui, peut-être au fond d’elle s’imaginait-elle très mal Alastair lui donner des cours
Cours de quoi après tout ?
Les arts martiaux étaient un domaine aussi large que la musique
Si seulement elle pouvait éviter quelque chose d’aussi stupide que des gants

« Comme tu vois, je pars de zéro. »

Elle écarte grand les bras, comme si elle appelait les coups
Elle n’avait jamais eu l’occasion de se battre en arrivant à l’Académie
Elle fuyait les problèmes comme une allergique et laissait couler les remarques sur elle, on ne faisait pas attention a elle car elle ne prêtait pas la sienne aux autres
Nadia n’était obnubilée que par la masse, l’entité unique qui grouillait ici, pas par chaque petit grain qui la composait ; pourtant c’était bien eux les plus dangereux et qui risquaient à chaque moment de mettre le feu a l’école
Et c’était un record que personne n’ait réussi à s’enfuir, un record que - bizarrement - Alastair n’avait pas encore tenter de battre
Elle espérait un jour cet évènement venir, le jour ou un élève disparaitrait dans la nature, loin des remparts de ciment qui les séparaient de tout

« Tu sais, mon idole, c’est Mohamed Ali. »

Elle ne rêvait pas de devenir comme lui, ce n’était pas avec sa carrure bancale et mince qu’elle lui arriverait à la cheville
Elle espérait simplement et sincèrement qu’Alastair devienne aussi bon que lui
Mais ce n’était qu’un petit rêve sans grand espoir qu’elle avait pour lui