Stella, elle a une aura particulière. Le genre de personne qui te fait te retourner sur son passage. Le genre de personne qui est mieux imaginée que vue. Quand tu te tourne vers elle, tu t'attends à une personne avec un certain charisme, puis tu croises un regard inquisiteur, autoritaire. Pourquoi tu me fais perdre mon temps ? Un charisme certain et pourtant déplaisant. Quand t'es assis à côté d'elle, suffit que tu sois un peu timide pour te recroqueviller. Elle prend de la place, Stella, alors faut s'imposer. Ou peut-être est-ce à elle de faire ces efforts ? Le problème, c'est qu'elle en voit aucun. Pour Stella, pour qui le monde est effrayant et monstrueux, être effrayante est une méthode de survie. Puis c'est hors de son contrôle, cet air imposant.

Stella est silencieuse, à nouveau. Elle a l'apparence d'une enfant rebelle qui ferait des bétises, et pourtant derrière ce masque de chat sauvage, un chaton à la soif d'apprendre. Je-m'en-foutisme de l'image qu'elle renvoie. Certains professeurs soupirent en la voyant. Pourquoi elle s'entête à avoir l'air d'une mauvaise fille alors qu'elle est un exemple à suivre ?

Croix sur le bulletin. L'implication dans la vie de classe. Stella est égoïste et se soucie surtout de ses notes. Elle voudrait s'impliquer plus, mais lorsqu'elle doit parler, elle veut avoir raison. Elle veut toujours être pertinente, alors elle préfère ne rien dire que prendre le risque d'avoir tord.

J'ai peur. Aidez-moi. Les non-dits. Demander service est trop dur. Dévoiler ses faiblesses est une faiblesse en soi. Jamais.

Stella, le truc qui l'énerve le plus après avoir tord, c'est être incomprise, mais elle cherche pas à corriger. Ils se trompent sur elle, elle le sait et c'est tout ce qui compte. Elle n'est pas une lèche botte narcissique, la vie est un jeu cruel et elle compte en ressortir gagnante.

De toute façon, tout ça c'est qu'une crise d'adolescence, pas vrai ?