Un trou noir dans la poitrine.

Ça y est, il tourne encore, lentement mais sûrement, il dévore ce qu'il y a de lumière en nous, en toi Faë. Parce que ça fait longtemps qu'il n'y a plus de nous.

Les yeux grands ouverts, allongé en étoile sur le lit, la lumière passe doucement au travers des volets fermés. Sur ses joues, il y a des larmes qui roulent encore, trop nombreuses pour qu'on songe à les arrêter. On a l'habitude maintenant, qu'elles nous ravagent chaque matin, chaque nuit, chaque jour.

Ce soir a été rude, la vague a ravagé Faë et il a pleuré si longtemps, roulé en boule, serrant son oreiller contre lui. Il a planté ses ongles dans le tissu, dans sa peau. Comme un zombie, comme un automatisme, sa main a glissé jusqu'à sa trousse de toilette, jusqu'aux morceaux d'acier maudits.

Il a cédé, encore une fois et le trou noir a ralenti. L'adrénaline a ralenti sa course et le flottement a figé l'instant. Faë ferme les yeux. La douleur sourde qui strie ses hanches l'ancrent dans la réalité. Il se redresse.

Il doit aller voir Cobalt, il se sont donnés rendez-vous, comme d'habitude. Pour être l'un avec l'autre, pour exister l'un pour l'autre, même si c'est terrifiant. Même si ça fait peur, on a la sensation fugace que dans Coby, le trou noir aurait tout dévoré en nous depuis longtemps.

Ça refuse les liens, mais ça ne peut vivre sans.

Quelle minable poupée brisée tu fais Faënor.

Un grand sweat, un short de pyjama pour couvrir sa peau colorée - ravagée et il sort pieds nus dans le couloir. À quelques chambres de la sienne, il y a celle de Coby. Devant la porte, un temps d'arrêt, on frotte les joues, efface les larmes, espère que les yeux ne sont pas trop rouges. On prétextera une mauvaise nuit, pour changer. Un sourire malicieux sur les lèvres, un sourire en demi-teinte, parce qu'il n'y a rien de total dans ta vie Faë, si ce n'est ta douleur.

Quelques coups sur le bois et on entre, comme si on était chez soi.

- Yo mec, comment ça va la vie dans ton joli monde ?

On parle en même temps qu'on signe, un peu maladroitement et en saccadé mais on s'applique, parce qu'on aime Cobalt et parler sans parler, c'est doux et rassurant.