Petit prince à l’imagination débordante, Esteban n’a peur de rien. Pas des pirates, pas des dragons, et surtout pas des professeurs! Malheureusement il n’a également aucun sens du danger, et se trouvera aussi à l’aise assis par terre dans l’herbe qu’à dix mètres de haut dans un arbre, ou en train de courir dans la rue. De quoi s’arracher les cheveux – il prendrait la main de n’importe quel inconnu, et le suivrait n’importe où, même pas besoin d’offrir de bonbons. Habitué, même à son très jeune âge, à pouvoir faire tout ce qu’il veut, il perçoit les consignes comme de simples suggestions. Pas méchant de nature, il les suivra souvent… au moins quand ça fait son affaire!

Plus petit que la moyenne, mais fort pour son âge, Esteban ne sait se retenir et se retrouve bien souvent hébété devant des camarades en train de chialer parce qu’il les a poussés trop fort en jouant. Sensible, la vue d’une personne qui pleure est suffisante pour qu’il se mette lui aussi à pleurer à chaudes larmes. Bien qu’il ne fasse aucunement attention aux bleus, écorchures, et petites coupures sur son propre corps, la vue de blessures sur les autres l’attriste également et il se sentira obligé de se tenir près de la personne en envoyant des bisous sur les bobos. Tactile, le petit adore les câlins et bien qu’on lui ait expliqué que les gens ne sont pas *obligés* de lui en faire, il est très tenace dans son approche.

L’anglais étant la troisième langue qu’il a apprise (après l’espagnol et le français), il a parfois un peu du mal, surtout avec le vocabulaire, et il n’est pas rare pour lui de substituer un langage pour l’autre, surtout lorsqu’il est fatigué. Il pourrait dormir n’importe où; c’est qu’il dépense beaucoup d’énergie, à toujours courir comme ça en prétendant d’être un preux chevalier, et ses aventures se finissent souvent sous une chaise, avec lui roulé en boule en train de ronfler.

Pas difficile pour deux sous, le blondinet mangerait n’importe quoi (ce qui inclue souvent des petits cailloux) si on lui mettait dans son assiette; là où rien n’est discutable, c’est l’heure du coucher : il dort dans son pyjama de dinosaure (ses «animaux» préférés du moment, d’ailleurs). Les jours de lessive, c’est crise de larmes si on essaie de lui refiler autre chose. Le soir, si aucun adulte ne raconte une histoire pour aider les petits à dormir, Esteban a l’habitude d’attendre que les lumières soient fermées et qu’on n’entende plus le bruit des adultes avant de se relever pour aller raconter une histoire de son cru aux enfants qui ne dorment pas.

Curieux comme pas deux, le petit a soif d’apprendre; en classe, il s’applique rapidement plutôt que bien (malheureusement), dans le but tout à fait clair de pouvoir aller expliquer comment faire aux autres petits (qu’ils aient moins bien compris que lui ou pas, d’ailleurs… ça cause parfois des frictions en classe). Esteban aime se sentir intelligent, ce qui fait qu’il ne s’applique plus du tout après quelques minutes s’il n’arrive pas à maintenir le rythme. À ces moments-là, il lui arrive souvent de causer la zizanie en classe dans le but de ralentir la leçon pour qu’il puisse se pratiquer tout seul jusqu’à rattraper ses camarades.

Le prince aime partager; ses cahiers, son bonbon préféré (avec la bave d’ailleurs), ses crayons, ses jouets, ses aventures, tout! Pour lui, tout est toujours plus amusant à deux

Né le 29 mai 2015, Esteban est le tout dernier né de la famille royale d’Espagne, lui conférant un titre de prince qui, bien qu’il ne serve pas à grand-chose sauf impressionner les médias, lui va à ravir. Ses grands yeux bleus eurent vite fait de charmer l’entièreté de la famille… et du monde, pour ceux qui suivent avec assiduité les aventures et mésaventures de la monarchie à tout le moins. S’il était une grossesse surprise pour ses parents, il n’en restait pas moins qu’ils étaient plus qu’heureux d’ajouter une nouvelle tête à leur petite famille! Même tout petit, il était de bonne disposition, toujours en train de sourire et de gazouiller. Esteban était le genre de bébé qui se mit très vite à faire ses nuits, et qui ne pleurait que rarement. Véritable cadeau du ciel, bien qu’il fût depuis sa naissance complètement pourri gâté, il n’en devint néanmoins ni égoïste, ni détestable.

Il se trouva que les médias n’étaient pas les seuls à être accaparés par la naissance du petit; le monde de Sidéral l’observait également, ses deux parents étant tous les deux connus pour avoir des Alice. Du côté de sa mère, un Alice explosif -littéralement- qui faisait contraste à sa personnalité douce et aimante. Ayant grandit avec ce pouvoir qui lui posa plus de problèmes qu’il ne lui apporta du bien, maman observa depuis la naissance du petit pour tous les signes qui pourraient indiquer qu’il est hérité de son don, anxieuse et inquiète. C’est toutefois de l’Alice de son père qu’il hérita, et comme pour lui on suppose que cette capacité disparaitra rapidement alors qu’il grandira et quittera son monde imaginaire pour devenir un adulte.

à l’âge de trois ans qu’il manifesta pour la première fois son Alice, et tout de suite maman se jeta sur le téléphone pour qu’on l’envoie à l’académie. Un moment déchirant pour la petite famille qui ne voulait pas le voir partir si loin, mais tout de même une décision nécessaire; pour la sécurité du petit prince, mais également pour le nom de leur famille, qui ne pouvait être associée aux Alice; de plus avec la couverture médiatique qu’ils avaient, un accident serait trop vite arrivé, un accident qui, comme pour tous les autres, risquerait d’informer le monde entier de la présence de gens avec des dons particuliers. Et comme on le sait, le monde n’y est probablement pas prêt.

L’arrivée à l’académie fût extrêmement difficile pour le petit, qui bien qu’il fût habituellement agréable n’avait jamais eu à se retrouver loin des siens pour plus de quelques journées. Crises de larmes et petites colères ne furent étanchées qu’après quelques semaines, et quelles semaines ça a été! Toujours en train d’essayer de s’enfuir, comme s’il allait retrouver ses parents de l’autre côté de la porte, il en arrivait parfois même à mordre les adultes qui essayaient de l’empêcher de s’enfuir. S’il garda sa propension à toujours essayer de se faufiler dehors, son besoin viscéral de voir sa famille s’estompa tranquillement. Ce qui fit vraiment pencher la balance pour lui, c’était l’arrivé d’un nouveau tout-petit, qui comme lui pleurait sans cesse pour retrouver sa famille; Esteban, de son grand cœur, décida de s’occuper à le réconforter via jeux et câlins.

Depuis, tristement, le souvenir de ses parents s’estompe. Il ne s’ennuie plus d’eux autant, même s’il lui arrive de penser à eux et d’en être triste, mais sa mémoire se fait de plus en plus vague. Ce qu’il oublie parfois c’est la forme de leur visage, ou les gestes qu’ils posent, ou leur façon de parler, mais jamais leur amour et leurs bons soins.