Maman étais déjà fiancée quand elle a rencontré Ha-Sun dans les rues de Beijing, elle croyait tout avoir et d’être heureuse, mais ça c’était avant qu’il arrive dans sa vie. Un homme charmant et charismatique, voilà ce qu’elle avait pensé et rien de plus, mais plus ils se rencontraient, plus elle pensait à lui et voulait lui donner de plus en plus d’elle-même. Pour lui, elle était prête à dépenser la fortune de ses parents et lorsque la première opportunité de quitter la Chine pour le rejoindre à Séoul, maman était déjà dans l’avion.

Elle n’était pas la seule à tourner autour de papa, tous voulaient son attention, être le ou la préféré/e et chaque petit geste ou attention de sa part était révéré et certaines faisaient la course pour avoir une preuve physique de l’amour de papa: avoir un enfant avec lui. C’est la maman de Nausicaa qui a gagné la course et je suis venu trois an après, la preuve d’une compétition féroce des favorites se battant pour les faveurs de leur empereur. Maman voulait que je vienne au monde, mais le timing de ma naissance a rendu les choses un peu compliquées. Ce qui devait être un retour au pays d'un mois maximum pour rendre visite à la famille et pour le travail s'est transformé en un hébergement pour le reste de sa grossesse, car papy et mamie ont obligés maman à rester, disant qu'une femme enceinte ne devrait pas prendre l'avion. Elle a abdiqué et c'est en mai 2007 que je suis né à Beijing en compagnie de mes grands-parents. Pensant que leur fille vivait une mauvaise vie en Corée, ils ont essayé de me garder avec eux, finalement ils ont laissé maman partir, mais elle ne veut jamais me dire comment elle et papa ont réglé la situation et jamais j'ai pu voir papy et mamie par la suite.

Mon alice est apparu très tôt selon maman et c’est à ce moment que papa a découvert que je pourrais beaucoup l’aider dans ses projets, quand j’ai gelé le verre d’eau de maman. Papa est très intelligent, trop intelligent que diraient certains, mais c’est lui qui m’a appris beaucoup de choses sur comment être un bon garçon et comment faire pour pas geler ou vaporiser n’importe quoi. Il connaît beaucoup de choses mon papa et il me parle de beaucoup de choses, mais il veut jamais me dire pourquoi Nausicaa est parti. Je l’aimais beaucoup même si nos maman se détestaient et c'était mon frère d'une autre maman alors il faisait encore plus partie de la famille que le reste de la famille! Lui il a toujours été gentil avec moi et on jouait souvent à la cachette pour pas qu’on nous trouve et nous sépare, car les enfants des camps ennemis ne pouvaient pas être aussi des amis il paraît. Maman voulait que je devienne le fils de ses rêves et que je passe tout mon temps avec elle et ses amis de Chine.

Du jour au lendemain, mon grand frère avait disparu, mais j’étais trop jeune pour vraiment comprendre ce qu’il se passait et papa m’avait dit que si j’arrêtais de pleurer, j’allais le revoir un jour et que je devrais l’aider pour ça. J’étais content d’aider papa, il me félicitait et me récompensait quand je faisais bien ce qu’il me disait et me disait que Nausicaa reviendrait plus vite grâce à ça. Mais il y a un jour où papa m’a dit que je devrais l’écouter sans faire de crise ou le contredire.

On était trois dans la pièce: papa, moi et un homme attaché à une chaise et un bandeau sur les yeux. Papa posait des questions au monsieur qui disait qu’il allait l’emmener à la police avec d’autres mots que je comprenais pas, mais papa il a dit quelque chose de très clair en pointant la main du monsieur:


冰

Le mandarin pour la glace. Ce que je devais faire était clair, mais je comprenais pas pourquoi je devais le faire. Je ne bougeais pas et papa s’impatientait, donc il a répété une fois et je me suis rappelé ce que papa m’avait avant d’entrer: parfois on est obligé de faire des choses que l’on aime pas. Je me suis avancé et j’ai posé ma main sur la sienne.

Il a commencé à crier tandis que sa main devenait glacé sous mes doigts, sa peau est devenue rouge et craquelé à mesure que le temps passait. À la fin, la main du monsieur ne bougeait plus et il pleurait doucement en suppliant que ça s’arrête, mais je sais pas ce qu’il est devenu, car on m’a fait sortir avant.

Ma tête me disait que c’était mal, mais papa m’a dit que c’était bien, parce que j’avais protégé notre famille d’un danger et que je devrais être fier de moi pour l’avoir fait. J’étais content d’aider papa, alor je me suis dit que ce devait pas être si grave que ça. Ça a duré quelques années, deux je crois ou peut-être trois je sais pas trop, avant que tout éclate. L’académie asiatique avait eu vent d’activité suspecte pouvant impliquer un alice dans les rues de Séoul et papa avait réagi au quart de tour parce qu’il voulait pas que je me fasse enfermer dans cette prison où les enfants avec des alices étaient sujets à d’horrible expériences et il voulait m’en protéger. Il avait contacté certaines personnes et concocté un plan pour me protéger durant un temps, le temps que la poussière retombe et il avait été décidé que la mère de Nausicaa nous hébergerait chez elle pour quelques mois, car c’était elle qui habitait le plus loin et donc serait la meilleure cachette pour nous protéger. Elle avait repris contact il y a quelque temps, mais papa voulait pas dire pourquoi et il a rien voulu dire sur Nausicaa.

C’est comme ça qu’on s’est retrouvés avec maman dans les rues de Londres avec la maman de Nausicaa qui s'appelait Shari. Elle était redevenue gentille on dirait, comme si l’air de l’europe lui avait purifié le cerveau, mais elle non plus voulait pas parler de son fils et elle changeait tout le temps de sujet. Elle m’apprenait l’anglais pour que je puisse commander seul les scones au café où on allait tous les trois et je croyais qu'on aurait du bon temps tous ensemble! Ce l'était pour quelques mois, mais après j'ai vu que papa s'était trompé.

La maman de Nausicaa m'avait demandé si je voulais vraiment le revoir et qu'elle pouvait même m'y emmener si je le voulais et bien sûr que je voulais! Mais maman a commencé à crier quand elle a entendu ce que Shari disait au téléphone, parce qu'elle savait, tout le monde savait sauf moi.

Maman voulait qu'on parte, qu'on fuie de nouveau, mais Shari riait comme une hystérique en bloquant la porte en disant que c'était trop tard, que même si on partait ils finiraient par m'attraper où que j'aille.

Maman et Shari se sont battues. Elles se griffaient et s'insultaient et Shari disait que si elle pouvait pas avoir son fils, que maman non plus pourrait avoir le sien.

La porte s'est ouverte, on m'a crié de courir et c'est ce que j'ai fait. J'ai commencé à fuir, mais ils étaient déjà là, j'ai senti des mains me prendre par la taille pour m'emmener loin de maman. Je savais pas quoi faire, j'ai eu peur et j'ai fait ce que papa m'avait dit de faire si un vilain monsieur voulais me prendre de force: j'ai mis mes mains sur la manche de la chemise autour de ma taille. J'ai senti la peau sous la mienne refroidir et un cri comme ceux de la salle grise, mais je m'en fichais je remontait le bras vers l'épaule et c'est là qu'on m'a donné un coup derrière la nuque.

Je me suis réveillé dans un lit d'hôpital et je voyais des gens autour de moi, disant des mots que j'arrivais pas à trop comprendre, mais j'ai compris que j'avais perdu la course quand on m'a souhaité la bienvenue à l'académie. C'était dur, j'ai essayé de m'enfuir au début, de faire comme papa m'a appris si on m'empêchait de rentrer à la maison, mais rien n'y faisait et me voilà prisonnier ici.