La douceur d'une brise, le son discret de ceux qui rentrent enfin, Fiona vit dans la bonhomie d'un jeudi soir, pat lent au plancher prête à finir les bribes d'un après-midi qui décampe sous des bribes de conversation mondaine. On parle de petites choses, de petits riens, du weekend, de cafés crèmes et de murs en lierre.

  Et du coin de l’œil au détour d'une classe elle voit la teinture inhabituelle et tellement caractéristique encore assise sur les chaises, à lire et étudier et repasser au surligneurs chaque ligne de son cahier, imperturbable force de travail qui n'a sûrement pas bougé depuis des heures. Fiona fait signe aux autres de continuer sans elle, elle s'approche, dans le silence et les poussières dévoilées par les rayons bas d'un soleil fatigué de journées de plus en plus longues, dans son dos, presque comme un chuchotement, polie, elle lui dit.

▬ Anemone

  Elle ne l'entend pas, trop concentrée, enfermée dans sa bulle de labeur. Elle admire cela, un peu, Fiona. L'effort, le travail, l'ardeur, toutes ces choses elle les partage mais elle, elle n'y croit plus, elle ne le fait que pour rien du tout. Anemone y croit encore, à l’après, au plus, au mieux, à ce quelque chose qui dit que les efforts paient, et c'est beau, cette naïveté, cette nitescence, ce rayon de soleil perdu dans l’insouciance. Alors elle sourit, et elle s'abaisse près de son oreille, trop proche pour être ignorée cette fois-ci,encore une fois elle lui souffle.

▬ Anemone?

  Et quand dans un sursaut elle gagne enfin son attention elle se redresse et lui sourit, compatissante, les mains croisées derrière le dos.

▬ Tu prépares les examens de juin? Cette année est passée vite.

Des banalités, pleines de vérités, bientôt la fin, bientôt à décider du prochain pas dans le vide.