✦ l'histoire de deux enfants qui ont apprit à grandir sans les grands - alcyone suivit de dior, quelques minutes d'intervalles seulement ; une vie à deux à défaut d'une vie à quatre.

✦ on se rappelle des chants de dior dans toute la maison les dimanche matins, des éclats de rire et de vos défit stupides - on se rappelle des baisers sur les joues de maman, de ses histoires qu'elle vous comptait le soir, de ses câlins qui ne s'arrêtaient jamais à croire qu'elle souhaitait vous étouffer

et puis du père, que pourrions-nous en dire ?

✦ papa sans maman c'est comme s'il n'y avait plus de maman aussi - c'est ce que dior nomme
« le chagrin de maman »
dort dans un lit pourtant les yeux se font grands ouverts - c'est l'apathie morbide - impossible de se lever quand la raison s'en est allée

✦ dior et alcyone seuls dans une maison où les parents les ont délaissé, ça apprend à vivre comme des grands, à s'occuper de maman, il faut lui rappeler de boire, de manger, de se réveiller ; le soir il n'y a plus d'histoire, seulement celles qu'on se raconte entre nous sous les secrets murmurés liés par les doigts enlacés

✦ pourtant on préfère quand maman est allongée, debout c'est parfois la furie furieuse, les mots trop hauts, la claque sur la joue, parfois les pleurs, c'est un mélange de tout - de la peur et de la colère ; on croit que c'est à cause de nous que papa n'est plus là

✦ dans tout cela pourtant, on déménage souvent, c'est maman qui d'un coup s'éveille et qui se précipite pour faire ses affaires - et ça répète, ça répète inlassablement à dior de rester toujours, toujours près d'alcyone et à alcyone, de rester toujours, toujours près de dior

✦ on comprendra plus tard que maman savait, qu'après son mari elle allait perdre ses enfants - que dior pouvait se faire capable de réprimer alcyone d'une certaine façon

✦ mais c'est trop pour un enfant d'à peine huit ans et on ne tient pas la main de dior tout le temps - c'est trop, c'est trop et puis finalement c'est l'accident à en faire tomber maman

✦ dix ans plus tard, c'est cinquante deux lettres de maman dans le tiroir
qui n'ont encore jamais été ouvertes