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Carmen Beretta
UNE ÉTOILE
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Carmen Beretta

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MessageSujet: fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia)   fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia) EmptyMar 28 Avr - 23:55

elle aimerait que toute cette soirée ne se soit pas déroulée. dans la chaleur troublante de juin, carmen s'est figée dans un tête à tête tumultueux avec son téléphone portable, posé au sol tandis qu'elle le surplombait en tailleur sur son lit. parfois se mettait-il à vibrer et elle devait s'empêcher de décrocher à pia et ses malheurs pour une histoire de fierté déplacée dans les amours adolescentes.
c'est un jeu horrible qui a commencé et qui s'est perpétué durant cette nuit noire de jais où carmen n'a pas réussi à trouver le sommeil. ses larmes et sa morve rendaient le contact désagréable avec son oreiller, si bien qu'elle était obligée de le retourner à intervalles régulières pour ne plus être dérangée par ses propres salines fraîches.

quand elle s'observe dans le miroir, elle a le visage livide par le manque de sommeil et un détachement troublant pour ses propres gestes, inconstante ; elle dissocie un peu de ce long temps à ne rien faire et à se lamenter sur une histoire qui aurait dû être avortée.
quand elle pense à pia, elle ne ressent rien ; quand elle songe à cette douleur ressentie par l'abandon, la sensation de ne jamais avoir été comme on l'a adorée, elle ne ressent rien.

son coeur est un peu vide de ressentiments. mais c'est quand elle grimpe les trois étages tôt le matin, chemise froissée et pantalon enfilé sans chercher à en retirer les plis, les pieds nus et les mains pleines de fourmis, qu'elle est à nouveau avide de la voir, qu'elle s'illustre face à elle - et qu'elle puisse lui faire du mal. quand elle ouvre la porte de pia, ses yeux se gorgent de larmes mille fois déversées au simple contact visuelle. quand elle ouvre la porte de pia - elle sait que la fin se trouve à leurs pieds.
pour l'instant elle ne dit rien, pleine d'un défi étranger qui fait battre son myocarde et qui ne ressemble en rien à de l'amour.

Pia Sorrentini
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Pia Sorrentini

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MessageSujet: Re: fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia)   fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia) EmptyMer 29 Avr - 3:23



cette nuit elle avait été très malade. sa fièvre grimpa si haut qu'elle crut - vers trois heures du matin - que quelqu'un était entré dans la pièce. c'était une grande figure sans forme et un peu ridicule. elle était arrivée là par le trou de la serrure et s'était piteusement réfugiée sous son lit. tapie dans le recoin où pia essayait de ne pas mourir, chaude de la chaleur des pierres que le soleil défonce, la créature s'était adressée à elle dans un langage étrange. elle lui avait posé une question dont pia n'allait plus se souvenir en se réveillant. ça devait être important, car quand pia y répondit dans son rêve, toutes ses souffrances depuis toujours disparurent.

évidemment le lendemain matin ses souffrances étaient là. pia en se réveillant les sentit s'appesantir sur elle. elle soupira tandis que son corps se faisait à sa peine. il fallait se lever.

elle se regarda dans le miroir et elle se trouva pâle. mais qui était cet étrange fantôme ? elle l'oublierait en essayant de se souvenir. elle ne se souvenait jamais de ses rêves. pourtant c'était quelque chose de très important. c'était sa mère, ou son frère, ou bien un assassin. c'était carmen, peut-être. de toutes façons tous les gens qu'elle aimait se transformaient en ces choses, ces effroyables animaux qui voulaient la faire jouir avant de la tuer.

cette idée obsédante avait pris son cerveau. il s'agissait forcément d'une apparition maléfique ou d'un démon. mais là encore elle n'était pas fixée. c’est-à-dire que les démons, pia en connaissait deux ou trois.

la porte s'ouvrit. elle projeta une ombre sur le sol ciré, sur la moitié du corps de pia qui attendait.

- carmen, entre.

elle n'était pas encore à l'intérieur que pia le savait, carmen allait pleurer. en fait carmen pleurait déjà.

pia ne pouvait admettre que c'était l'une des choses qu'elle aimait chez elle. cette légère boursouflure qui enflait ses deux joues, sa lèvre violacée qui tombait en tremblant. carmen dans cet état avait le visage enrobé par cette fine pellicule qui était si mignonne ; cette blessure humide et tendre. carmen dans cet état, elle l'avait déjà embrassée. elle l'avait déjà serrée fort.

mais il n'était ressorti du cœur de pia, alors qu'elle le compressait pour en faire sortir le jus, que cette ombre fuyante.
pia avait pourtant pour elle un amour lugubre et impénitent.

- je ne vais pas faire semblant.

l'ombre ce n'est pas les ténèbres. le noir total non plus. pia le sait car elle s'est plus souvent trouvée dans les ténèbres en plein jour, en regardant carmen, le souffle très court, que durant la nuit. le jour ça ne trompe pas. son souffle y est toujours dense, terni par ses tourments, sa panique insistante.

- je sais que c'est de ma faute.

elle se colle au mur dans l'espoir de ne pas être vue.


Carmen Beretta
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Carmen Beretta

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MessageSujet: Re: fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia)   fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia) EmptyJeu 30 Avr - 21:12

elle entre, donc. referme la porte, maudit pia de ne pas déjà pleurer, et la hait d'être aussi fragile, contre ce mur. en un coup, elle semblera brisée. en deux coups, elle sera tuée. carmen veut plus, elle veut pouvoir la bastonner à répétition avec hargne, que toutes ses mauvaises émotions s'échappent. qu'elle ne les croise plus, au détour de ses rêves.

quand carmen voit pia si lamentable, elle aurait aimé que jamais elle n'existe et extirper de ses pensées jusqu'à la saveur de ses lèvres. son coeur bat en contradiction et ses doigts se referment en un poing plein de mots qu'elle ne pourra jamais dire. il y en a trop.
est-ce qu'elle espère que carmen s'apaise ainsi ? en avouant ses torts ? est-ce qu'elle sait au contraire, qu'en disant exactement cela, elle allait se mettre à pleurer encore plus comme à cet instant ? un sanglot dégueulassé par sa signification, par l'abandon de chercher de l'amour entre elles deux, s'échappe de ses lèvres qu'elle s'efforce pourtant de garder closes. elle s'approche et ne pense plus à l'embrasser ou à comment caresser ses cheveux, elle réfléchit à où elle va la frapper, à comment elle va lui faire regretter de la faire pleurer. elle réfléchit aux nombres de pas, car dans sa chambre il lui en faut à peine cinq pour la traverser, mais dans celle-ci il y en a bien plus. pia a le privilège des bien-pensants, pourtant carmen ne peut constater qu'une faiblesse d'esprit, ainsi.

elle lève sa main, impérieuse, et la gifle. sa main claque contre la joue dans un bruit sonore, si bien qu'elle lui fait mal à elle aussi. c'est tout ?! bouillante, prête à explosée à chaque instant ; elle se contient, s'empêche de crier. c'est tout ce que tu as à me dire ?! c'est déjà trop tard, peu importe la réponse pia finira battue.

Pia Sorrentini
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MessageSujet: Re: fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia)   fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia) EmptyDim 3 Mai - 16:56



c'est donc dans le noir qu'elle viendra la chercher. sur la paroi glacée où elle voudrait se résorber et disparaître. au moment du choc une chaleur qu'elle refuse se répand dans son ventre.

ce qu'il y a de violent n'est pas le métacarpe de carmen qui s'enfonce dans sa joue. ce qu'il y a de violent est l'expression de pia quand retombe ce geste. celle de ceux qui renoncent, martyrs. celles des proies acculées qui refusent qu'on les blesse. pia baisse la tête et éprouve la négation mélancolique de sa promesse.

sa joue la cuit. elle ressent sans le montrer ce qu'il y a au-dedans d'elle. elle sait que c'est là, dans cette béance qui creuse sa poitrine. c'est fini et à présent elle le sait. jamais plus son amour, si mal logé, nourri, ne pourrait lui parvenir. sans cesser de la crever à tous les instants, d'abêtir son émotion si pure, sans cesser d'à chaque fois meurtrir plus leur blessure, le temps jouait contre elles. il affolait les aiguilles, les forçait à courir. cruellement et sans les prévenir, il était passé. et pia n'avait sur son malaise jamais délié la langue.

ton malheur est le mien, renonce t-elle à lui dire. combien de fois a-t-elle réprimé tous ses cris et absorbé en elle ses peines les plus gluantes. combien de fois a-t-elle voulu lui faire croire à de précieux mirages. au creux d'elle très souvent elle s'était refermée. elle s'était défendue, scellée. il n'y avait rien à dire. tout restait absolument clos.

- il ne faut pas que tu le penses,

pourquoi c'était à elle, offerte et disponible, qu'elle opposait sa résistance ? carmen n'avait pas les acides pour dissoudre cet alliage. c'était un métal étrange et sans vibration qui se faisait plus dur à chaque tentative d'y forer un trou.

- que je voulais te faire du mal.

à qui pourtant peut-on bien faire du mal à part ceux qui nous aiment ? cette pensée lamentable monta dans sa tête sans qu'elle puisse la retenir. elle qui d'ordinaire ne donnait pas dans les platitudes était tout à coup submergée de sentences banales, de lieux communs. c'était un banc sur lequel elle n'aurait jamais voulu asseoir leur amour. mais elle l'avait laissé là, comme ces chiens que l'on accroche à des piquets en leur disant de rester sages, et puis qu'on ne revient jamais chercher.

- je t'ai fait souffrir. je n'ai aucune excuse. sache au moins qu'en le faisant j'ai souffert autant que toi.

et plus, et mieux, et très profondément, car cette lourde cloison qui la gardait de l'autre, qui brouillait ses contours pour la rendre indistincte, lâche, sourde, pia l'avait tissé seule. entre le tomber d'un jour et le lever d'un autre, elle avait vu s'éloigner carmen aux sanglots affaiblis par son ombre. elle n'en avait pas eu le droit. elle l'avait quand même fait.

pia se décolla du mur avec résilience. elle était faite aujourd'hui d'une matière plus ductile. car tout ce qui blessait carmen, tout ce qui entrait avec violence dans l'espace de sa vie, tout ce qui lui causait de la peine, à présent elle le ressentait. elle en faisait sa douleur personnelle. mais c'était trop tard.

elle s'approcha. elle sentit que dans sa poitrine un atroce lancinement s'était activé. elle voulut attraper les mains de carmen avec les siennes, et dans ce désir les tendit, mais ne fit rien.
en silence, avec le sourire, pia se mit à pleurer.

- si c'est ce que tu veux tu peux encore me frapper.



Carmen Beretta
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MessageSujet: Re: fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia)   fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia) EmptyVen 8 Mai - 6:38

c'est un mensonge. carmen ne veut pas que pia s'approprie cette douleur lourde qui pèse partout et surtout sur son coeur. elle ne veut pas en croire en cette fatalité qu'elles souffrent toutes les deux autant alors que c'est bien pia qui est cruelle, que c'est bien elle qui la regarde toujours de ses yeux d'une tendresse étrange.
sa mâchoire se serre. derrière pia, il y a le jour qui se lève tout doucement et qui crée une jolie lumière tout autour des cheveux verts. elle n'aime pas la joliesse de cette scène ni de l'idée névrosée qu'ainsi, pia ressemble à une sainte. non elle hait jusqu'au bout de ses doigts encore tremblants de la claque toutes ces belles images.

carmen se sait en droit d'apposer sur elle tous les regards du monde, même les plus cruels. ses poings se serrent quand pia lui donne une autorisation dont elle n'a pas besoin pour frapper : c'est elle-même qui choisit si elle veut abattre les beignes et les rendre pleines de conséquences.
les larmes continuent de couler lamentablement tandis qu'elle s'écarte d'un pas quand pia tend ses mains. elle n'a pas le droit à la tendresse, pas le droit aux baisers, pas le droit aux chatouilles le long des poignets ni aux phalanges qui se perdent affectueusement le long des hanches. carmen finit par donner un coup sec de sa paume gauche sur l'avant-bras de pia en guise de contestation. les larmes de son amante maintenant esseulée l'insupportent alors elle, elle pleure encore plus. arrête ! tais-toi ! tais-toi ! elle est pleine d'agressivité et de peur à la fois : il y a la crainte d'être encore blessée dans l'équation.
elle se recroqueville sur elle-même en sanglotant bruyamment, de longues plaintes sortant de sa bouche. ses deux mains tremblantes des deux côtés de sa tête pour ne plus entendre pia.

Pia Sorrentini
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MessageSujet: Re: fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia)   fb/ je tisse des liens j'en perds le fil (pia) EmptyMer 20 Mai - 2:44



pia n'est pas naïve. mais elle sent parfois en elle comme une tranquillité, une acceptation des choses, toutes les choses, comme si elle les comprenait et comme si elles la comprenaient. cette résolution à ne plus rien sentir, plus rien éprouver de mauvais, ressemble à un cri docile qui deviendrait un soupir. un cri docile que carmen étouffe, un cri ravalé par amour, par tendresse plus pure encore que la membrane très fine dans le fond de son regard quand elle l'observe s'habiller, ou manger quelque chose, ou dormir, ou se lever le matin.

plus envie de mourir, plus particulièrement envie de vivre. plus de petite douleur au ventre qui l'empêche de dormir. alors il lui importe peu d'être là ou non, de savoir pourquoi elle existe ou non. près de carmen elle entend l'unité merveilleuse qui se trouve dans tout la prendre, et l'ouvrir, et se révéler. et donc, dans ce calme absolu, cette acceptation absolue, dans cette éternité soudaine qui tient lieu d'un instant, tout prend sa place, tout se reconnaît, tout se positionne comme la vis dans son pas, comme la rivière dans son lit, et alors peut advenir le calme merveilleux du silence.

mais cet instant passe.

cet instant passe et elle oublie qu'elle a fait la paix. elle oublie avec qui. cet instant passe et elle oublie carmen. l'air change, le noir crève la lumière. elle revient à elle. elle revient en elle, elle s'ôte à carmen, et elle se rend compte que sur la terre rien ne va, que dans la vie rien ne va. que les amours sont cruelles et que les fruits pourrissent avant de tomber des arbres. quelle humiliation que de croire que tout pourrait aller bien, que d'oser s'en convaincre, même un tout petit moment. quelle douleur très personnelle, si nominative et insupportable, que de se laisser oublier que l'on a droit à rien, à rien quand on fait partie des gens de son espèce.

carmen s'est convertie en somme de la douleur. en chose fragile et humide repliée à tous les niveaux de ses articulations, à toutes les jonctions possibles qui, en se contractant, rendent son corps si petit.

carmen ressemble à une enfant.

pia se tait. elle obéit. ce qu'elle aurait à dire ne serait qu'une autre blessure, peut-être providentielle mais non moins interdite. de toutes façons, pia saigne déjà, d'un sang qui n'a rien à faire en dehors d'elle.

- carmen, je regrette tout.

pia ne se tait pas. pia prend place à côté d'elle et à son tour se recroqueville. elle ne la touche pas car elle n'en est pas capable. ou plutôt elle n'a plus ce pouvoir. elle aurait l'impression très vile de la souiller.

- je me comporte mal, et je suis faible. je ne peux pas te protéger.

les gens de son espèce ne protègent qu'eux-mêmes. n'ont aucune sorte de répit, ou de rémission, aucun pardon métempirique qui les attend. les gens de son espèce, ils feraient bien de se dépêcher de mourir, se dépêcher avant tous les autres, avant qu'on ne les tue. ainsi on en serait débarrassés. et ils n'auraient pas à souffrir ou faire souffrir. et le monde se porterait mieux.

- je ne mérite rien.

je ne te mérite pas, il faut qu'on se sépare, ne peut dire pia qui rêve de dormir encore une fois près d'elle, comme dans ces films qu'il vaut mieux éviter soigneusement.

pas même les rats et les cafards, pas même les sangsues et les vermisseaux, pas mêmes les asticots méritent moins de vivre que les gens de mon espèce, se dit pia avec neutralité. comme elle aurait envie de rire si elle n'avait pas tant envie de pleurer. elle n'a pas besoin de se l'entendre dire, elle n'est pas naïve. elle n'est pas naïve, mais vraiment, des fois, elle voudrait se mettre à cesser d'exister.



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