Viva la revolución ♠ Pandora

SANS ÉTOILE Messages : 43 Classe : F

Viva la revoluciónft Pandora

Il y avait probablement eu pas mal de gens pour se poser la question en voyant Dionysos traverser l'académie les bras chargés par deux immenses sacs de course estampillés débordant à raz-bord de friandises diverses et variées.

A ceux qu’il avait remarqué, il s’était contenté de répondre par un large sourire, dévoilant une blancheur nacrée digne d’une publicité pour dentifrice. Oh, ils se demandaient sûrement comment un sans étoile comme lui pouvait s’offrir autant de trucs. C’était une découverte récente et fascinante, mais il y aurait tout le temps de l’expliquer plus tard, lorsqu’il aurait un public.

Tout cela n’était, au fond, que la partie émergée de son nouveau mode de vie. On lui refusait de la bouffe correcte ? Pas de souci, il irait en acheter lui-même avec l’argent qu’il faisait apparaître grâce à son alice. Mais il ferait bien pire que ça : il la partagerait. Avec toutes les pauvres âmes peinant à s’offrir la dose de sucre ou de sel ou de vitamines qui leur manquait, oppressées jusque dans leurs repas. Parce que Dio emmerdait le système, voilà pourquoi !

Quant au fait que cette même nourriture provenait d’une ville proche et qu’il avait fait le mur pour se la procurer, c’était une histoire qui resterait son jardin secret. On ne pouvait demander à un jeune homme de tout dévoiler, ç’aurait été indécent.

Pour l’heure, c’était une pauvre âme précise qu’il avait en tête, celle qui avait gagné son nouveau statut à peu près en même temps que lui, lors d’une folle opposition à une autorité tout sauf légitime. Une belle histoire quand il se la racontait dans sa tête, même si certains auraient présenté la chose autrement.

Et donc, face à la porte de Pandora Hastings, il posa ses paquets le temps de frapper trois coups, dévoilant au passage le t-shirt imprimé à l’effigie de Che Guevara qu’il arborait comme un autre signe de rébellion.

Lorsque l’occupante des lieux vint lui ouvrir, il la salua et désigna les paquets :

« Je voulais savoir ce que tu comptais faire pour la suite et on m’a appris à ne pas débarquer les mains vides. Comme je ne savais pas trop ce que t’aimais, j’ai pris un peu de tout… »

Un peu de tout, c’était le cas de le dire. Il y avait plusieurs sortes de cookies, une vingtaine de paquets de bonbons différents, des sodas, des jus de fruits, quelques fruits aussi – dont une magnifique pastèque -, des chips et autres biscuits pour l’apéro. Il y avait même, soigneusement planquées au fond d’un des paquets, quelques bouteilles de cidre qu'il avait plus ou moins volées.

« Je peux entrer ? »

Et poser tout ça, parce que même s'il n'était pas vraiment mou, ça commençait à peser.

Viva la revolución.

ft. Dionysos.

C'est par vos bras, vos cerveaux qui fatiguent,
Que le bonheur ici-bas se résout.
Ne criez plus contre ceux qui l'endiguent,
Brisez la digue, elle s'étendra partout.

Sortir de ton lit n'avait pas été chose facile. Tu t'étais faite violence pour te lever et t'habiller. Le tout dans un brouillard équivoque, provoqué par une nuit blanche difficile. Si tes insomnies s'étaient relativement calmées par rapport à une certaine époque, il arrivait encore que Morphée se joue de toi certains soirs. Étant donné que tu étais rarement en paix avec toi même en règle générale, il aimait en rajouter une couche à certains moments. Sûrement avait il le soucis du timing. Tu t'étais donc traînée vers les douches communes où l'eau froide avait fini par t'achever. Aujourd'hui allait être une sale journée.

Celle-ci s'étira d'ailleurs avec une longueur calculée. L'entraînement extérieur au corps à corps te fit grincer des dents et presque regretter de ne pas avoir choisi une spécialité plus reposante, comme le dessin ou l'informatique. Le comble fut le parcours du combattant en forêt sous la pluie, les chaussures glissant à cause de la boue. Les cours se terminèrent vers 15h et tu étais bonne pour une nouvelle douche, tiède cette fois-ci, dans les vestiaires du gymnase.

Tu accueillies ton matelas avec un plaisir non dissimulé, t'écroulant dessus avec la grâce d'un phoque. Et encore, c'était insultant pour le phoque en question. Tu sommeillas deux bonnes heures, la tête dans l'oreiller. Tu émergeas lorsque ton portable sonna plusieurs fois à la suite. C'était encore Faolan et son harcèlement habituel. Tu ne manquas de l'incendier, autant pour le principe que pour le plaisir. Bien entendu, cela n’eut aucun effet et tu commençais sérieusement à envisager de l'attacher quelque part – de le bâillonner plutôt deux fois qu'une – et de l'abandonner quelque part, de préférence dans un lieu dangereux et isolé. Cette perspective réjouissante parvint à te fournir assez d'énergie pour terminer un devoir sur les stratégies militaires en terrain difficile.

En début de soirée, on frappa trois coups à ta porte. Tu restas un instant interdite, n'attendant personne. Tu allas ouvrir et tu tombas nez à nez sur Dionysos. Tu l'observas, un peu dubitative. A quelle suite faisait il référence et pourquoi diable avait il emmené une pastèque avec lui ? La dernière fois que vous étiez croisés, ça remontait au festival sportif et aux fameux événements.

« Vas y entre » lui réponds tu, en te décalant sur le côté. Puis pince sans rire, tu ajoutes : « Interdiction formelle de faire disparaître ne serait ce qu'une de mes affaires. »

D'un geste, tu l'invites à poser ses victuailles sur la table basse. Vous prenez place à même sol, t'asseyant en tailleur. Tu ne te prives de le dévisager, contemplant ses yeux verts, son sourire un peu vide, son air nonchalant et ce petit côté décontracté qu'il semble aimer cultiver. Tu trouves la manière qu'il a de vivre fascinante ; il impose son rythme et une certaine langueur contemplative. Ça t'amuse autant que ça te plaît et ce qui éveille ton intérêt peut sans conteste venir par surprise dans ton espace privé.

« Bon, passe moi les chips, j'ai envie de salé. »

Tu étais impatiente de savoir quel tour pouvait bien te réserver le magicien en face de toi.

HERESY.

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Viva la revoluciónft Pandora

Il prit un air faussement outré face à l’interdiction, allons bon, ce n’était absolument pas son genre ! Lui ? Faire disparaître des choses ? Jamais ! En tout cas, il n’y avait aucune preuve…

Plus amusé qu’autre chose, il s’installa en tailleur face à elle et piocha dans les victuailles pour lui tendre les trois paquets qu’il avait apporté. Bacon, paprika ou sel, elle avait l’embarras du choix. Il avait même pris soin d’éviter ce mélange bizarre au vinaigre de cidre et sel de mer qui ne semblait fonctionner que dans ce pays.

« Tu t’adaptes à la vie au grenier ? »

Une question plutôt innocente, pour amorcer doucement le but concret de sa visite. Mais c’était une chose qu’ils avaient tous deux en commun. Nouveaux arrivants dans cette partie de l’académie où l’on parquait les laissés pour compte et autres moins que rien. En tout cas, c’était le point de vue que les autorités voulaient qu’on ait d’eux.
Lui-même n’était pas vraiment de cet avis. Il y avait des gens très bien ici, probablement bien plus que dans les autres dortoirs, d’ailleurs.

« Ce que t’as fait lors du festival, c’était un joli revirement. Tu comptes continuer sur cette voie ou la jouer sage, maintenant ? »

Et voilà, on y était. Ce n’était pas comme si Dio était du genre patient, alors il était entré directement dans le vif du sujet. Il voulait savoir comment Pandora se positionnait face à tout cela. Si ses actes étaient juste un coup de chaud sur le moment qu’elle voudrait rattraper. Ou s’il pouvait compter sur elle pour continuer à s’opposer au système, maintenant qu’on ne pouvait plus lui enlever d’étoiles en guise de punition.

Son message à lui était dans la masse de victuailles apportées. Il prouvait par ce geste qu’il pouvait rendre le grenier vivable, voire fournir des repas d’une qualité qui égalait sans problème ceux des deux étoiles. Et que quand la vie vous donnait des citrons, vous alliez chercher de l’alcool, de l’eau et du sucre et vous vous lanciez dans la production massive de limoncello.

Viva la revolución.

ft. Dionysos.

C'est par vos bras, vos cerveaux qui fatiguent,
Que le bonheur ici-bas se résout.
Ne criez plus contre ceux qui l'endiguent,
Brisez la digue, elle s'étendra partout.

Au début, il sembla désireux de faire la conversation. Cette nouvelle amabilité te fit sourire. Tu espérais néanmoins qu'il ne se mette pas à parler météo ; votre goûter improvisé en serait un peu ruiné. Mais connaissant le tempérament du jeune-homme en face de toi, tu te doutais qu'il s'agissait d'une simple mise en bouche.

« Je n'ai pas à me plaindre. J'ai toujours passé le plus clair de mon temps ici et il y a plusieurs années, j'avais même une chambre. C'est pas mon premier séjour au grenier » ajoutas tu en mordant dans une chips qui s'émietta dans ta main.

« J'ai aussi eu la chance de récupérer pas mal de mes affaires donc je suis plutôt bien installée comparé à d'autres. »

En disant cela, tu pensais notamment aux plus jeunes ou aux plus démunis, qui devaient se contenter du lit rouillé et du bureau miteux. Tu devinas que ce premier sujet ne l’intéressait pas plus que ça donc tu ne lui retournas pas le fameux 'et toi ?' de circonstance.

Tu parvins à dégoter les bouteilles de cidre qui traînaient au fond du sac. N'ayant pas de verre à disposition, tu débouchas la première d'un geste expert, ne tardant pas à porter le goulot à tes lèvres. C'est à ce moment qu'il choisit d'aborder le sujet qui le préoccupait vraiment. Pour toute réponse, tu haussas les sourcils de manière significative.

« Tu es bien le premier à utiliser cet adjectif en parlant de moi. Toi et mon professeur principal n'avez visiblement pas la même définition du mot sage. »

Tu t'esclaffes doucement, visualisant ton dossier scolaire et ton dernier entretien avec Voltchenkov. Puis, tu te reconcentras sur lui, plus sérieuse cette fois-ci.

« Je crois savoir où tu veux en venir. Ton alice est beaucoup plus subtil que toi en passant. »

Tu lui tends la bouteille dans une invitation à boire à son tour.

Tu en profitas pour le détailler soigneusement. Pour toi, parler de rébellion n'était pas un problème en soi. Cependant, la manière dont Dionysos l'appréhendait était un peu trop directe. Stratégiquement, c'était voué à l'échec. Mais ses intentions étaient louables et tu le comprenais fort bien.

« Pour te répondre, je suis disposée à suivre mes envies. »

Tes propos étaient volontairement vagues. Tu te demandais jusqu'où il était capable d'aller, notamment s'il se sentait apte à formuler son souhait à voix haute. Quant à toi, tu devais être plus prudente ; tu étais encore plus surveillée qu'avant et le chef de la section nova n'était pas prêt de te laisser en paix.

HERESY.

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Viva la revoluciónft Pandora

Alors elle connaissait bien l’endroit, c’était bon à savoir. Elle aurait peut-être des astuces à partager. Plus tard, s’il se laissait distraire, ils n’iraient jamais au bout de la partie importante de la conversation.
Il écoute sagement, acceptant la bouteille avec un haussement d’épaules face à sa remarque sur la subtilité :

« Pandora, j'ai shooté dans un NOVA comme si c'était un ballon de foot et t'étais là pour le voir. Je pense que mon positionnement se passe de subtilité. »

C’était une simple conversation pour voir où elle se situait, rien de plus. Lui ne cachait pas vraiment qu'il emmerdait le système même en dormant (bon, il ne pouvait pas être certain de faire ça dans son sommeil, mais il en était presque sûr).

Il se décide enfin à prendre une gorgée de cidre. Rien de bien extraordinaire. Il savait de quoi il parlait. C’était écrit sur son certificat de naissance. Mais il était doux à boire, c’était déjà ça. Face à l’amertume des bières locales, c’était un assez bon choix.

« On ne va pas se mentir, on a perdu l’autre jour. Et j’aime pas trop ça, perdre. Alors on peut continuer nos petits actes de rébellion isolés ou on peut tenter quelque chose d’un peu plus organisé. »

Il aimait le chaos, mais il préférait voir les autres se débattre avec que d’en subir les aspects négatifs lui-même. Savoir un peu ce qu’on faisait pouvait avoir son petit intérêt, à l’occasion. Puis, si ça devenait encore violent, son alice n’était pas vraiment au top. Contrairement à d’autres. Si tenter quoi que ce soit d'un peu subversif devait tourner à la bagarre avec une coalition d'enfoirés, dont l'autre cruche qui avait failli lui faire avoir un arrêt cardiaque, il allait avoir besoin d'un peu plus de punch que ce que ses tours habituels permettaient de réaliser. Sinon, quoi qu'il tente, les collabos se contenteraient d'employer le nombre et la violence pour enterrer le projet. D'où sa présence ici et la question sous-entendue depuis qu'il avait abordé le sujet.

« T’en es ou pas ? »

Il fit un geste pour désigner les choses autour d’eux.

« Tu pourras conserver la bouffe dans les deux cas, si ça t’inquiète. »

Il n’était pas venu pour faire du chantage. De toute façon, ça ne marchait jamais très bien. Et « rejoins la rébellion ou je reprends la bouffe. » ça sonnait un peu pathétique, comme menace. Il finit par rendre la bouteille et fit apparaître une carte à jouer entre ses doigts. Pour s’occuper, il se mit à la plier, de plus en plus jusqu’à ce qu’elle ne soit qu’un petit carré de carton compact.

Viva la revolución.

ft. Dionysos.

C'est par vos bras, vos cerveaux qui fatiguent,
Que le bonheur ici-bas se résout.
Ne criez plus contre ceux qui l'endiguent,
Brisez la digue, elle s'étendra partout.

Il te semble encore plus vindicatif que d'habitude. Les derniers événements paraissent avoir amplifié sa volonté de passer aux choses sérieuses. Tu ne peux pas lui reprocher ce qu'il ressent mais tu ne sais que lui dire. Bien sûr que tu es contre le système et que tu serais prête à le renverser ; il s'agit même d'un de tes buts. Cependant, tu n'aimes pas trop te précipiter, l'enjeu étant de taille.

« Il ne s'agit plus de shooter dans qui que ce soit ou de perdre et de gagner. Ce dont tu es en train de parler, ça s'organise, ça se travaille. Il y en a plein qui se disent près à se rebeller et quand vient le moment d'agir, ça se défile. »

Tu ne parlais pas de lui mais de la majorité bien pensante. A tes yeux, vous étiez une poignée ; toi, Dionysos, Asmodée, Chandresh et quelques autres. Des fourmis face à une montagne. Mais pourquoi pas. Après tout, tu avais un compte à régler avec le chef de la section nova. Pour autant, avant d'établir quoique ce soit, il était nécessaire de bien s'entourer.

« Je suis tout à fait prête à te suivre dans ton idée Dio. »

Tu t'enfiles une nouvelle généreuse gorgée de cidre. C'est doux, sucré et ça passe comme un rien.

« Mais d'abord, tu devrais essayer de réunir le plus de monde possible, cerner les désirs de chacun et prendre toute la mesure de ce qui vous attend si vous souhaitez vraiment poursuivre dans cette direction. »

Se battre contre des moulins à vent, très peu pour toi. Honnêtement, tu ne souhaites pas t'engager envers lui, pas encore en tout cas. Tu as toujours mené tes propres batailles seule. De plus, les possesseurs d'alice tels que toi, peuvent faire vivement pencher la balance d'un côté ou de l'autre, s'ils se réunissent notamment.

« Outre le fait que l'académie est principalement composée de gamins – et si tu veux mon avis c'est pas la meilleure chair à canon qui existe – on est déjà attendu au tournant. »

Tu poursuis en plantant ton regard dans le sien.

« Même si je t'adore toi et tes tours de passe-passe, je ne suis pas convaincue. Et ça n'a rien de personnel. Je veux juste du concret. C'est un des premiers enseignements de la formation militaire ; savoir dans quoi tu engages, avec qui et de quelle manière. »

Tant pis si tu lui semblais trop pompeuse, trop cérébrale ou même trop lâche à cet instant. Toi, la révolte que tu avais dans la tête, allait plus loin qu'une simple armée à la Dumbledore.
S'il parvenait déjà à réunir l'équivalent d'une coalition, pourquoi pas. Mais en attendant, tu restais sur tes gardes. Par ailleurs, te recruter toi de manière aussi directe – les membres de la classe dangereuse étant très surveillés – était très maladroit et ne passerait pas inaperçu.

« J'attends donc de voir. Et merci pour la bonté dont tu fais preuve en acceptant de partager avec moi tes victuailles. »

Tu esquisses un sourire de circonstance, espérant qu'il comprenne qu'il s'agissait d'un peut-être et non d'un refus définitif. Tu ne désirais pas non plus refroidir son enthousiasme.

HERESY.

SANS ÉTOILE Messages : 43 Classe : F

Viva la revoluciónft Pandora

Ok, il devait avoir l'air plus remonté qu'il ne le pensait. C'était un peu normal après l'expérience vécue, cela dit, mais soit. Le temps des précisions était venu.

« Je ne compte pas foncer dans le tas façon Braveheart, si c'est ce que tu as en tête. Même en rassemblant des gens, l'approche directe n'est pas ma tasse de thé. »

Il déplia lentement le billet de cinquante euros qu'était devenue la carte à jouer et le glissa dans sa poche d'un air absent. Ça payerait ses prochaines courses.

« Mais on a besoin de gens, oui, c'est pour ça que je suis venu te voir. »

Il était bien conscient que tenter quelque chose seul ou même en duo était voué à l'échec. Il ne serait pas venu jusqu'ici s'il avait pensé autrement.

« On peut se rebeller de plus d'une manière et certaines ne sont absolument pas interdites par les règles qu'on nous impose ici. Il y a des choses qui profiteraient même à pas mal de monde et nous permettrait de gagner des points auprès de certains élèves. »

Que faisaient les membres de la section NOVA pour l'élève moyen de l'académie ? Absolument rien. Ils étaient des gendarmes, les épouvantails qu'on agitait pour garder tout le monde dans le droit chemin. Faire comprendre que ceux qui s'opposaient à eux étaient les "gentils" de l'histoire pouvait faire beaucoup pour eux. Il faudrait gruger un peu, mais c'était possible de gagner autrement que par la force.

« Être ici, parmi les sans étoiles, c'est une punition. On perd beaucoup. Mais si on pouvait faire en sorte que ce ne soit pas une si grande perte. En rendant le grenier plutôt sympa, par exemple, ça changerait la donne. »

Alors, pour ça, il avait quelques idées, déjà. Comme en témoignaient les paquets autour d'eux, mais il y avait moyen de faire plus, de faire mieux.

« Ce serait cool d'avoir une cuisine, non ? »

Un premier pas. Quelque chose de possible. Quelque chose qui enverrait le message "Ce n'est pas parce que vous nous donnez de la bouffe médiocre qu'on s'en contentera."

Viva la revolución.

ft. Dionysos.

C'est par vos bras, vos cerveaux qui fatiguent,
Que le bonheur ici-bas se résout.
Ne criez plus contre ceux qui l'endiguent,
Brisez la digue, elle s'étendra partout.

Il ne désarmait pas. Pas plus qu'il ne se formalisa de ton attitude. Ce qui ton conforta dans l'idée qu'il avait une sacrée trempe. Ce n'était pas pour te déplaire.

Cette fois-ci, il t'exposa son idée avec de plus amples détails. Tu constatas que ça commençait à te plaire. C'était censé, intelligent et rusé. Aux yeux des autres, on gagne toujours plus à faire le bien après tout. Puis, utiliser le système à bon escient était un premier pas vers une rébellion menée à bien.

Pour la énième fois en quelques minutes, tu avalas une nouvelle gorgée de cidre. La bouteille serait bientôt vide et c'était à regret. Tu continuais à l'observer sous tes paupières mi-closes.

« Ça me plaît bien. Transformer le grenier en un lieu habitable n'apporterait que des avantages. »

Tu jetas un coup d’œil aux mansardes au plafond. Être ici, habiter en ces lieux, ne devait plus à s’apparenter à une sanction.

« La grande majorité des personnes ici mérite un meilleur traitement. »

Notamment depuis les derniers événements penses-tu, songeuse.

« Concrètement, je ne peux pas faire grand chose. Mon domaine c'est la destruction. Mais je veux bien me joindre à toi. »

Asmodée s'imposa dans ton esprit ; il était, et est toujours, très apprécié de la population du grenier. Les plus jeunes l'adorent et il a de l'influence. Il en connaît même tous les recoins. De plus, il te semble que ce serait aussi profitable pour lui, si perturbé à l'heure actuelle. D'ailleurs, n'a t-il pas commencé avant vous ce travail, en accumulant nourriture et fourniture de première nécessité ?

« Je connais des personnes qui seront même enchantées de nous aider, même dans les étages. »

Alexandra, Gwendoline, Chandresh, Alexis, Cinnamon, Carla, la bande à Jones peut-être aussi. Et tout un paquet de monde. Ça aurait le mérite de renforcer la cohésion, d'ostraciser les nova et leurs plus grands fans et de semer les graines d'une révolte tout en finesse.

« Je suppose que tu veux me l'entendre dire à haute voix ? »

Tu lui offres ton sempiternel sourire en coin.

« Tu te vends décidément très bien. »

La bouteille de cidre n'est plus, elle a rendu son dernier soupir. Tu ancres alors tes yeux orageux dans les siens.

« J'en suis. »

HERESY.