killing things is not so hard, it's hurting that's the hardest part ✩ asmodée

SANS ÉTOILE Messages : 20 Classe : D

killing things is not so hard, it's hurting that's the hardest part

Il tourne en rond, encore et encore, dans son bocal imaginaire en face de cette pièce isolée, au bout du couloir des premières étoiles. Un pas en avant, deux pas en arrière, il se mord la lèvre et continue les demi-tours comme une ballerine automatisée. Il jette un œil dépité à son pot de fleurs à moitié mal replantées et ses mains encore pleines de terre.
Pourquoi il est ici déjà.

Ce n'est pas comme si il devait s'excuser. Non c'était mieux en fait, de continuer à éviter Asmodée pour le reste de sa vie comme il l'avait fait ces derniers jours. C'était mieux de rester en froid que de retourner dans ce limbo d'amitié à faire semblant de ne pas le voir comme le grand frère qu'il n'avait jamais eu.

Et puis il y avait cette voix, celle qu'on entendait pas mais qu'on sentait, qui vous tordait les tripes avec toutes ces fautes qu'on s'est inventées et qui vous empêche de dormir la nuit. On secoue la tête on lui dit de s'en aller, et on tourne les talons pour revenir dans sa propre chambre, et elle vous renverse le cœur, elle vous remue la tête, elle vous retourne le corps, elle vous renvoie vers la poignée encore une fois. Sale petite voix.

Il soupire. Il n'était plus un gamin, il avait quinze ans, bientôt seize, et il continuait à agir comme une petite vierge effarouchée. Alors oui, il était petit et vierge et globalement effarouché mais cela n'était pas pertinent dans la situation. Il s'adosse à la porte un moment, et, dans sa frustration, se tape l'arrière du crâne dessus.
Et il entend les pas qui s'approchent pour ouvrir, et réalisant qu'il a toqué par inadvertance il se braque comme un chat sauvage et recule jusqu'au mur pour être le plus loin possible comme un livreur en pandémie.
Et ça s'ouvre.
Il tend bras tout tendus son pot de fleurs comme une offrande.

▬ Euh... Pour toi. Pour ta... Crémaillère? J'espère que la chambre est bien. Je voulais t'offrir des tulipes mais j'en ai pas trouvé ils avaient que des "tulipa cretica" mais bon ça a la même tête du coup... Enfin... Je sais que t'es pas très fleurs, enfin je crois pas mais c'est joli et ça décore et ça veut dire désolé dans le langage des fleurs aussi il paraît. ... Et voilà, je les ai déterrés dans le jardin botanique, ils vont pas être très content mais c'est pas grave, si ils les trouvent dans ta chambre dis que c'est moi j'aurais pas de problèmes. 'Fin pas plus que d'habitude quoi. Oh j'ai volé du chocolat aussi. Enfin. On me l'a donné mais j'ai pas dit merci et je l'ai pris assez sèchement, donc ça doit compter au moins à 70% comme du vol. Du coup je me disais... Je me disais qu'on pouvait le manger ensemble, qu'on pouvait parler pendant des heures, ou qu'on pouvait rien dire mais rester ensemble un peu. Et je voulais dire pardon aussi, parce que tu t'es fait mal à cause de moi, parce que j'ai ruiné la journée de tout le monde, parce que tu voulais partir et que j'étais sur ton chemin, parce que t'es un mec bien et tu mérites pas d'être gêné par une erreur comme moi, parce que je désolé d'exister, pardon, pardon, pardon, pardon, pardon Rien, laisse tomber c'est débile.

Pardon.

avril dortoirs

avec asmodée

xX-D4rk-S4suke-duD3-Xx Messages : 349 Age : 23 Classe : F

t'es tellement à côté de la plaque que j'dois partir en rando pour te serrer dans mes bras

trop loin du royaume

Asmo s'en veut. De tout, parce qu'il a réalisé à quel point le monde hors de la barrière l'obsédait, parce qu'il a ignoré, envoyé balader, blessé ceux qui comptent le plus à ses yeux. Il s'est comporté en bête sauvage et le regrette amèrement.

Il revoit les larmes de Faolan, la douleur atroce de Chandresh et ça le hante tellement, ça le ronge tellement. Il se courbe un peu plus, assis sur la fenêtre les jambes dans le vide. La culpabilité appuie sur ses épaules sans qu'il s'en rende compte, elle le broie. Il a beau s'être écroulé dans les bras de tous ceux qui comptaient, il est encore vacillant à l'intérieur, tout bancal et mal reconstruit.

Des coups à sa porte le tirent de ses réflexions et il va ouvrir. Il s'attend à tout, des imbéciles venus le faire chier, des moqueurs, des enfants qui se challegent à qui frappera le plus vite chez le méchant. Il s'attend à tout sauf à Faolan qui lui tend un pot de fleurs dont le contenu semble sacrément avoir été malmené.

Il se fige une demie seconde, interloqué et déjà, Faolan est parti et se lance dans une diatribe interminable comme il sait si bien les faire. Mais celle-là, contrairement à d'habitude, ne le fait pas rire. Elle lui fait mal, parce que le garçon semble se sentir coupable. Asmo soupire, il a le cœur qui se craquelle une fois de plus. Il sourit doucement.

- Elles sont magnifiques tes fleurs Fao, ça va mettre un peu de joie dans ma chambre, c'est cool, merci beaucoup.

Il l'invite à rentrer et va poser le pot à côté de son lit. Il chope une bouteille et en profite pour les arroser un peu. La chambre est encore dans un bordle monstre, les affaires d'Asmo sont étalées partout, il y a encore les crayons brisés et les toiles déchirées de la première fois qu'il a gagné une étoile. Le chaos, comme lui.

- Viens t'asseoir, on va le partager ton chocolat, qu'on lui rende honneur. Et c'est pas débile de venir offrir des fleurs et de la bouffe à quelqu'un, au contraire, c'est plutôt cool, tu penses pas ?

On délie l'atmosphère doucement, en s'asseyant à même le sol. Mais Asmo sait qu'il a des choses à lui dire, mais qu'il faut aussi y mettre les mots, parce que Fao est turbulent et fuyant et qu'on ne veut pas qu'il se sente mal. Pas encore, pas encore une fois à cause de nous.

faolan

E P S I L O N