n'essaye pas d'intellectualiser ton malaise. bien mal te prendrait de chercher la source de ta gêne profonde. elle ne saurait se trouver ailleurs que dans ta cruauté. pourtant tu la réfutes comme si elle n'était qu'une insulte. y a-t-il quelque chose en toi qui relève de la gentillesse ? tu dois savoir que non. tu ne le sais pas. tant pis.

tu verses un sang que tu ne vois pas et tu t'imagines qu'il n'a pas coulé. tes mains sont si sales qu'on n'en voit plus la couleur. et toi qui prétend qu'elle n'existe pas chez d'autres, tu portes celle de ta race comme un joli manteau. la race des gredins, des vilaines. de ceux que l'immondice a mis en porte-à-faux.

n'essaye pas d'être agréable. ça ne te ressemble pas. le terrifiant problème sous ton sourire le sait. ton naturel est celui de la bête, du prédateur. tu observes les plus fragiles et les plus jeunes pour évaluer la consistance de leur colonne vertébrale. tu regardes la croissance de leurs fontanelles si molles sous tes doigts convulsifs. les voilà qui se déplacent dans des boîtes crâniennes souples : celles que tu modélises seule dans ton cerveau le soir. elles sont si douces, si tendres. elles se présentent à toi. elles portent en elles le sucre des toutes premières fois.

l'extase qui te parcourt doit rester immobile. elle n'a pas plus de droit dans ces terres inhibées que ton regard rougi par la fièvre. qu'est ce qui ne va pas chez toi, ne te demandent pas celles devant qui tu transpires, te transportes, ensorcelée. d'aucuns les appellent les nymphes. ce mot te fait déglutir. il n'est pas à toi.

si je n'avais pas de contenance je te cracherais dans la bouche. mais j'ai appris à modeler ma rage comme tu as modelé ta gêne. celle qui rappelle sans cesse à ton visage le profil de ton nez, la grosseur de ta bouche. son appétit qui n'a pas de finitude. tu caches quelque part dans un repli ce monstre qui sommeille à gauche. car dans ta poitrine il n'y a rien. il y a peut-être un organe mais ce n'est pas un cœur. il bat plus fort, plus intensément. c'est peut-être un fusil.

tu as commis seule ton caractère. tu l'as fait grandir, l'a nourri envers et contre tout. tu trembles parfois sur ta couche ou en errant dans les étages. ils ne pourraient te prendre sur le fait car il n'y a pas de fait. il n'y a que ce frisson qui vérole ta peau. mourante tu es partie à la recherche de ce qui manque en toi, ces morceaux enfouis. ils débordent parfois de tes lèvres toujours trop humides. tu ne sauras les retrouver que dans les décombres, les fêlures absolues, les parties d'un rêve moite que l'on t'a interdit.

tu as grandi tordue. ils n'ont pas voulu de tes hantises. tu voudrais tant les serrer calmement dans tes bras. mais tu finirais par les engloutir, les consommer. tu finirais par crier. scelle en toi le silence. ravale toute ta salive. elle est infâme, tu es infâme. tu es laide. mais ta laideur a ceci de supérieur à la beauté qu'elle dure.

puisque tu as été incapable de t'arrêter, maintenant tu devras te contenir. ou tu devras sévir une bonne fois pour toutes. désormais tu arrives au moment critique où ce que tu désires heurte ce dont tu dois te satisfaire. mais ça ne te convient pas. ça ne te conviendras jamais. à vrai dire tu le sais, tu souffriras toute ta vie.

les monstres sont patients. tresse le temps comme leurs cheveux. ils sont doux, à la vanille. tu subis leur parfum qui caramélise ta soif. tu subis tes orgasmes. voilà.

il te faut décider si tu ravageras ton âme ou cette école. il faut que tu choisisses quel poison tu préfères t'inoculer. certainement, lorsque tu franchiras la dernière limite, fondue par l'acide de tous tes désirs, immolée par le feu qui est né dans ton ombre, tu te perdras à jamais. et tu sauras enfin que tu t'es retrouvée.

theme song
en voilà une quil fallait laisser en quarantaine
ici jones et feu blythe ne prenez pas trop peur
encore plus de fluides encore plus de gêne
peace out.......