"Tu...Tu viens de l'extérieur ?"
"Ouais, comme tout le monde, non ?"

Yseult sentait son coeur de serrer, encore et encore, provoquant en elle une sensation des plus désagréables. Peut-être parce que ces mots étaient vrais : tout le monde vient de l'extérieur, au-delà des murs qui entourent l'académie.
Mais pourquoi n'arrive-t-elle pas à s'en souvenir ? Pourquoi ses parents ne sont-ils que des ombres, des êtres flous et sans visages ? Pourquoi des souvenirs les plus nets sont-ils ceux qu'elle a accumulés à l'académie ?

"Faîtes disparaître cette chose. C'est une maladie !"

Qu'est-ce donc ces mots qui chatouillent ses oreilles, comme si on les lui susurrait, la voix accusatrice.
Dès lors, un flashe. Une couverture qui manque de prendre feu. Puis un visage pâle, tellement pâle, comme si la personne n'était plus qu'un corps commençant à geler.
Était-ce là ce qu'elle avait fait ? Ces cris d'enfants qui résonnent dans sa tête, cette impression de revoir une gifle, d'être violement bousculée sous l'effet de la panique... Est-ce à cela qu'à ressemblé son enfance durant un petit moment ? Était-elle cette chose dont il fallait se débarrasser ? Cette demande était-elle adressée à un recruteur de l'académie ?

"Ou peut-être que je suis juste une créature un peu bête qui est apparue ici comme par magie, pouf !"

Elle sourit. Elle rit même, entrainant les autres dans son délire.
Toujours est-il que ses légères marques sur les bras lui rappellent encore à quel point ce sentiment aurait pu l'achever il y a quelque temps.
Fatiguée d'avoir peur.
Fatiguée de ces rares souvenirs qui lui déchirent le coeur.
Fatiguée de regarder ces élèves si confiants, à qui tout réussi, avec des étoiles dans les yeux.
Fatiguée de vivre des périodes où son corps brûle, ou au contraire, gèle comme si elle se promenait en maillot dehors, en plein hivers.

Elle a été bien idiote quand elle y repense. Qu'auraient ressenti ses amis qui eux seraient restés ? Qu'auraient pensé les autres qui la voyaient comme une fille si joyeuse ?
Elle n'aurait rien arrangé, n'aurait fait disparaître aucun regret.

"Je ne suis qu'une idiote. Les choses vont s'arranger. Je suis bien entourée. C'était juste un moment de faiblesse. Tout ira bien." s'était-elle dis.

"Yseult, qu'est-ce qui t'es arrivé ?"
"Rien. Juste un petit incident. Eh ce sont des marshmallows que je vois là ?!"

Oui tout ira bien. Elle a encore toute la vie devant elle.