Cause I need it // Magnolia et Gina

Cause I need it
feat @Magnolia E. Amouretti

La solitude pique toujours la gorge de Gina. A dix-huit ans, elle n'a rien réussi pour combler le vide. Elle ne pense que trop, se perd loin, si loin, sans personne. Elle avait eu Alexandra, cet amour sublime, cet amour affreux. Mais elle avait détruit cet amour. Alors elle se retrouve seule, les bras grand ouverts et le cœur absent.
Gina se souvient, ce soir pluvieux, une autre nuit pluvieuse, où, bafouant le couvre feu, elle avait partagé son lit avec la peau douce et combien son aigreur avait encore une fois rejeté tout amour. Magnolia. Un nom de fleur qui apporte les regrets d'une méchanceté non méritée.

*

Un soir, deux soirs, Gina ne comptait pas, Gina aimait et laissait les draps froids quand l'amour de ce corps se faisait lasse. Gina avait aimé sur l'oreiller sans jamais aimer de son cœur du haut de ses seize ans. Et ce soir encore, elle avait aimé Magnolia.

Elle l'avait aimé, d'un amour infini, au creux des draps, contre sa peau mais jamais vraiment contre son cœur. Gina était inatteignable. Un mirage d'amour qui ne serait jamais vrai. Là était sa malédiction alors qu'elle glissait ses doigts dans les mèches vertes, la peau trempée, les lèvres usées de baisers et pourtant le cœur si peu intéressé.

Elle caressait la chevelure douce, savourait le calme après la tempête appelée amour, pleine d'une tendresse vide de sens. La bouche capturait encore des baisers alors qu'elle proposait, tout sourire :

- Tu veux un café ? Il fait moche on pourrait un peu chiller.

Si Gina n'avait pas été Gina, tout aurait crié l'amour sincère, l'amour passionnée et pure. Mais tout ne criait que ce que Gina savait offrir : une chaleur brûlante qui laissait des traces sans jamais rester cette douce caresse qu'elle était au premier abord.

noyée dans les draps, magnolia, la jeunesse en guise de bouée et la tendresse qui s'ancre dans sa peau il fallait se le dire elle était un peu perdue, à son âge, perdue et coincée avec son propre reflet parfois oui, à dévisager encore et encore l'inconnue dans le miroir. elle avait écumé les boutiques de central town, choisit des flacons de liquide et teint ses cheveux. rose, mauve, gris, bleu et au détour d'une lassitude à renouveler sa teinte elle avait trouvé le vert.

elle aimait ce vert. elle aimait ce vert, alors comme toutes les choses qu'elle aimait, elle avait décidé de s'y accrocher férocement. et elle a un frisson, lorsque tu perds ta main dans les mèches,

cruelle,

et pourtant si douce gina.

la mer tumultueuse redevient calme, lentement et elle se laisse bercer par la houle, rythme doux d'une respiration qui se calme. c'était pas pareil, ce qui faisait battre son coeur, c'était totalement différent de ce qu'elle avait pu croire ressentir pour rune. c'était pas pareil. ça, ça la faisait chavirer. et à ta proposition magnolia se redresse, blottie dans les draps. elle te rend un sourire, pour se noyer dans l'allégresse du moment présent. s'étire de tout son long. n'importe quoi pour rajouter quelques secondes.

va pour un café. j'ai acheté un nouveau thé y'a pas longtemps... rose-violette. c'est dans ma chambre mais peut-être que je pourrais le prendre la prochaine fois.

le simple fait de prononcer ces mots la fait rosir dans son coin.

la prochaine fois la prochaine fois la prochaine fois la prochaine fois la prochaine fois la prochaine fois eh magnolia, comment est-ce que tu comptes nommer l'enfant que vous allez adopter ensemble ?

peut-être que cette fois c'est la bonne. conte de fée tu sais, tu le sens, il y a cette alchimie entre vous, cette connexion. cette fois ça serait différent.

peut-être.

cause i need it

@Gina Di Marzo

Cause I need it
feat @Magnolia E. Amouretti

Gina, elle se fondait dans la peau, elle se fondait dans le coeur sans offrir le sien. Et pourtant, on pourrait croire la posséder quand ses yeux sombres vous caressaient. Gina était un échantillon d'amour qui n'était pas accessible. Elle était une vitrine trop belle pour être vraie, une offre limitée qui se fanait au fil des jours. Mais là, les doigts dans l'émeraude, elle était tendresse et amour. Magnolia, douce Magnolia, était encore une fleur digne d'attention. Une attention bien lointaine mais une attention qui comptait. Et ça, Gina le savait. Elle savait, lorsque Magnolia la regardait de cette manière, qu'elle fantasmait un conte loin des passions désintéressées. Et pourtant, elle ne pouvait que se convaincre du contraire. Non, Magnolia savait, Magnolia n'était pas si naïve. Et si elle l'était, Gina s'évaderait de ses draps sans un mot, laissant son parfum pour seul souvenir. Mais pour l'instant, Magnolia pouvait être un plaisir passionné, une douceur sans complication.

Gina l'observait, la détaillait du regard, cette fille qu'elle avait aimé pour la première fois, cette douceur qu'elle avait connu uniquement dans ses bras. Ou peut-être dans d'autres aussi, elle ne cherchait plus à connaître ceux du passé, Gina. Il n'y avait plus que Magnolia à l'instant, plus que ses bras alors tout le reste n'existait pas. Elle l'observait, un sourire au visage, caressait de sa main libre les courbes délicates d'un corps appris sur le bout des lèvres. Et à ses mots, elle hocha la tête, ne promit rien, ne brisa rien. Qui pouvait donc savoir ? Magnolia prévoyait, Magnolia créait mais toujours Gina évitait le sujet. Et après ? Et après Gina l'oubliait. Elle oubliait ce qui pouvait suivre, elle l'ignorait, elle se contentait de revenir si elle en avait envie, de se glisser dans ses draps si le plaisir s'y trouvait. Alors elle hochait la tête pour la millième fois et traînait sa grande carcasse jusqu'à la machine à café qu'elle avait achetée. Un café, deux cafés, elle les servit et offrit une tasse à son amante, retournant se blottir dans la couette avec délice. Magnolia était là, Magnolia recevait de la tendresse mais Gina l'oubliait aussi vite qu'elle disparaissait derrière le reste du monde.

calme et silencieuse, calme comme un lac dans les draps soyeux, magnolia supporte tes silences avec des sourires calmes et bien sages. elle n'ose pas quoi dire parce que si elle aimerait que tu sois un peu plus loquace, elle craint que la moindre complainte de sa part, la moindre petite inconvenance puisse te détourner de son chemin. dans son coin elle a peur, si peur, tellement peur que tu te désintéresses d'elle, qu'elle préfère sacrifier son confort personnel. qu'est-ce, après tout, que l'amour, si ce n'est toute une vie de compromis ?

elle ne veut pas demander parce qu'elle craint que cela ne soit pas approprié, parce que toi gina tu ne demandes pas toi gina tu prends, tu prends tout ce que tu veux, tu saisis ton coeur entre ses mains et l'essore pour récolter en son sein toutes les gouttes de ce que tu désires. épuise-la jusqu'à la moelle gina, prend, prend et enfuis-toi. elle restera comme une perle échouée sur la plage et qu'importe pour toi si l'océan de ses larmes la laisse déchue. le sable s'accumulerait le long de ses contours et viendrait bientôt à l'ensevelir toute entière. mais ainsi elle serait hors de ta vue, tu sais, alors pourquoi t'en soucierais-tu ?

même lorsqu'ainsi une lancinante douleur semble percer son être, magnolia ne peut détacher ses yeux de toi. la façon dont tu te mouves dans l'espace, la façon dont tu presses les boutons de la cafetière et rapporte les tasses. elle s'émerveille d'à quel point elle apprécie ces mouvements pourtant tellement simples. même en ayant conscience qu'à force de se laisser ballotter par les vagues, la houle finirait probablement par envoyer son corps fragile s'écraser contre les rochers, elle ne peut s'empêcher d'apprécier l'iode. elle prend une longue inspiration avant que tu reviennes vers elle la noyer de ton affection.

le café est amer mais toi gina tu es douce, si douce, que son coeur inévitablement chavire.

et elle ne peut s'empêcher d'attarder ses mains sur ta silhouette lorsqu'elle revient chercher sur tes lèvres un peu de cette douceur. elle se demande si tu peux sentir à quel point ses gestes sont tendres, lorsqu'elle effleure amoureusement tes formes et que dans sa poitrine le palpitant tambour recommence à battre et s'emballer. alors c'est contre tes lèvres qu'elle murmure sans oser prononcer directement les mots qu'elle a sur la langue.

gina... restons comme ça juste un peu plus longtemps, d'accord... ?

éternité éphémère.

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@Gina Di Marzo

Cause I need it
feat @Magnolia E. Amouretti

Oh, ce silence ! C'était un des bonheurs avec Magnolia. Il n'y avait point de mots qui franchissaient ces lèvres, point de demandes forçant l'amante à jouer l'amoureuse. Elle pouvait garder son silence, ne rien dire et diriger Magnolia au bout de sa laisse d'amoureuse transie. Et Gina adorait ça. Puisque l'amour n'était point pour elle, ne pouvait-elle pas tirer aveuglement, égoïstement s'amuser de voir l'eau tranquille se faire tempête pour combler ses attentes ? Puisque Magnolia se démenait volontiers pour elle, ne pouvait-elle pas accepter cette inégalité dans leur cœur ? Gina pensait qu'elle le pouvait, au point d'en occulter le moindre sentiment amoureux qui puisse résider dans la tendre amante. Elle noyait cet amour, elle ne le reconnaissait que comme une affection délicate, une affection partagée sur l'oreiller, une affection qui ne connaissait rien d'amour autre que ces ébats passionnés.
Ce n'était même pas comme ce qu'elle connaîtrait avec Alexandra. Non, c'était sans amour, sans même une passion déchirante. Gina n'avait en son cœur qu'un désir calme et curieux, adolescente à l'envie nouvelle.

Elle se levait, sans même tenter d'être belle, sans tenter de séduire qui que ce soit puisque Magnolia n'était qu'une ombre remplaçable entre ses draps. Elle sentait le regard sur sa nuque, le regard sur ses mains, ses épaules, ses hanches, son être tout entier. Mais c'était à peine si elle s'en préoccupait. Oh, lasse Gina, les jours passaient, les semaines s'étiraient et Magnolia devenait une adoratrice envahissante. C'était ce qu'elle pensait déjà à ce moment où les pupilles se plantaient dans sa chair.
Mais elle ne dit rien. Gina ne disait rien, elle prenait, encore et encore, elle s'abreuvait de la tendresse, jusqu'à plus soif. Et la soif se faisait distante, presque assez pour qu'elle songea à quitter ces bras pour d'autres. Point besoin d'eau alors qu'elle offrait le café, point besoin de caresses alors qu'elle savourait l'élixir brun. Son regard se perdait à l'horizon et déjà, Magnolia pouvait voir Gina se hisser loin, si loin d'elle. Comme chaque fois, Gina s'éloignait, repue. Mais pour une rare fois, elle n'autorisa même pas un instant de plus à Magnolia, pas un mot de plus, pas une caresse de plus. Il était présent dans ses mots précédent ; l'ordre de s'évaporer une fois la tasse finie. Un ordre qu'elle ne prononcerait pas mais un ordre qui se sentait dans les yeux sombres. Il n'y avait pas la place aux bavardages, point la place pour encore des caresses. Alors elle répondit d'un simple soupir, ignora les caresses, ignora le parfum qui envahissait ses narines, ignora l'amoureuse qui s’épanchait en sensibilité. Elle offrait des indices d'amour qui restaient sans réponse un peu plus chaque jour.
Gina se contentait de boire son café, d'allumer une cigarette à même le lit et d'accorder plus d'amour au bâtonnet plus précieux que la jeune fille priant pour son attention.

magnolia se surprend à comprendre, l'espace d'un instant oui à comprendre que dis-je, envier de tout son être la femme qui a veillé sur elle pendant son enfance. celle dont l'alice l'autorisait à prendre sans demander, prendre sans avoir besoin de trouver, créer, susciter et prendre tout l'amour dont elle avait besoin au quotidien. à défaut de pouvoir étancher sa soif, la jeune femme elle ne peut que retenir les témoignages de son inconfort s'ils venaient à s'exprimer en sillons humides sur ses joues.

tu n'as pas besoin de t'épancher en mots parce qu'elle a bien compris son rôle. alors c'est facile pour elle de sourire, dans un petit sourire crispé parce qu'elle mord l'intérieur de sa bouche pour se retenir de se plaindre, crier, non elle ne voudrait pas faire un esclandre dans ta chambre gina, elle veut laisser l'endroit doux et refuserait pour tout au monde de l'associer au moindre souvenir négatif. tu te détaches et toute la douceur que tu montrais en surface, cruelle écume d'amour, disparaît sitôt que tu t'ennuies. alors magnolia sourit.

ravalant sa fierté et sa salive alors qu'elle déglutit silencieusement. magnolia prend son temps, parce qu'elle ne veut pas partir non, elle prend son temps et s'affaire à agir sans faire de bruits ni de fracas parce qu'elle ne veut pas te déranger. oh tu sais gina elle se jetterai volontiers à tes pieds pour t'implorer de ne pas la détester si elle ne savait pas pertinemment que cela aurait un effet tout inverse sur ton avis. elle récupère ses vêtements et laisse le tissu remplacer tes caresses.

elle a même peur de respirer trop fort. tu sais gina elle se dit que ça ne la dérange pas de te servir de distraction du moment qu'elle arrive à inventer dans tes gestes une douceur amoureuse qu'elle craint de ne jamais pouvoir trouver nulle part. c'est pour ça qu'elle se laisse mener en bateau, te laisse la faire tourner en rond. un faible brin d'attention, ça lui suffira pour filer toute la bobine et elle se fera des films dans son coin sans prendre de place. elle contiendra tout jusqu'à exploser parce que c'est comme ça que ça fonctionne entre vous.

et elle te sent lassée de ses mots, tu sais elle le sent et elle a peur que tu la laisses sur le côté

alors elle cache ses sentiments pour toi, et elle cache tout ce qu'elle voudrait te dire

ne se fendant que de quelques mots avant de franchir le pas de la porte

merci pour le café.

cause i need it

@Gina Di Marzo

Cause I need it
feat @Magnolia E. Amouretti

L'eau calme se troublait et Gina n'en était pas dupe. Après tant d'instants à ses côtés, elle avait bien su voir les facettes de Magnolia, elle avait bien su tout décrypter derrière la doléance. Elle faisait comme si elle ne savait rien, restait derrière le voile des mensonges, bien à l'abri de la culpabilité qui pourrait ronger son cœur si elle ne se cachait pas derrière l'apparent confort de son amante.
Alors elle laissait Magnolia enfiler fierté et dignité, partir de ses draps, sans même un regard pour elle.
Oh, la tristesse de Magnolia ! Gina ne la supportait pas, elle ne la supportait plus. C'était devenu une blessure, une plaie à vif dont le goût de sang finissait sur les lèvres de l'adolescente, amer. Elle ne pouvait même plus daigner l'ignorer. Magnolia put à peine finir sa phrase. Gina sentait les tremblements, Gina voyait les larmes là où elles n'étaient pas, elle voyait les sillons que Magnolia pleurait sans larmes. Et Gina en était irritée. Elle était irritée par cette docilité, irritée par cette manière de courber l'échine sans dire un mot. Oh, il était de plus en plus dur de blesser Magnolia. Parce que chaque jour qui passait, Gina sentait la culpabilité jaillir. Et pleine d'une colère sourde et froide, sa voix s'éleva, entre deux bouffées de cigarette.

- Ne me remercies pas quand tu n'en penses pas un mot, Magnolia.

Le corps se leva, long, indolent, alors qu'elle écrasait la cigarette dans le cendrier au bord du lit. Point de gêne, elle se tendait de tout son être, surplombait son amante, elle, la marionnettiste de son cœur. Entre ses doigts fins, le visage de Magnolia était relevé et le regard noir cherchait les émeraudes révélatrices.

- Ne me mens pas. T'as envie de chialer depuis tout à l'heure. Ca m'ennuie.

Oh, cette frustration ! Cette colère plus qu'envers Magnolia, envers elle-même ! Gina détestait ça, elle détestait cette culpabilité. C'était presque assez pour qu'encore elle fasse taire les doutes d'un baiser, qu'elle recouvre tout de chaleur, une fois encore, sans aucune promesse, juste pour faire taire Magnolia. Parce que Gina aimait Magnolia sans mots, sans sentiments autre que l'amour pour nourrir le coeur creux de l'italienne.
Mais Gina ne pouvait pas. Elle avait cette colère sourde, cette colère, cette culpabilité face à l'incompréhension. Pourquoi ? Pourquoi Magnolia se laissait-elle marcher dessus encore et encore ?

elle s'arrête net dès que tu lui adresses quelques mots, comme une actrice muette attendant les prochains ordres de la metteuse en scène. immobile magnolia, qui peine à rester impassible face à toi. dans son coeur le tonnerre gronde si fort qu'il pourrait presque venir à briser l'épaisse couche de glace dans laquelle elle s'enferme pour se préserver. mais les canaux lacrymaux sont gelés et elle ne les laissera pas fondre, pas comme ça, pas devant toi, même si ses lèvres tremblent lorsqu'elle se décide à balbutier quelques mots et fait semblant de ne pas comprendre ce que tu veux dire.

le café était pas si mauvais, gina...

peu importe à quel point elle désire rester de marbre face à toi, gina, le moindre de tes contacts la fait fondre comme neige au soleil. toi qui est froide, si froide jusqu'au bout des doigts que leur contact sur sa peau lui fait l'impression d'une brûlure. tu lui fais perdre ses moyens, transformes ses pensées en éclats de voix idiots. le toucher de tes doigts sur sa joue est pour elle infiniment douloureux, mais elle n'arrive même pas à se résoudre à les écarter. pour rien au monde elle ne voudrait trop repousser et dans sa tête se forment des films bien absurdes. l'espace d'une seconde, elle se prend à rêver que tu lui demandes de rester.

mais bien évidemment, rien de tel n'arrive. à la place, magnolia recule d'un pas instinctivement, échappe enfin à ta main si doucereusement douloureuse comme si elle s'était enfin rendue compte d'à quel point elle la brûlait. elle a envie de s'enfuir, tout son instinct lui dit de s'enfuir, oui, de partir loin avant que tes actes ne causent à son contrôle de faillir. elle ne peut pas s'empêcher, à la place, de se demander ce que toi tu voudrais qu'elle fasse, alors qu'elle réalise doucement que son manque d'expressions doit te lasser.

pourtant, elle était persuadée que tu aimais les machines.

je suis désolée.

elle est incapable de savoir si elle le pense vraiment ou si elle le dit juste parce qu'elle a l'impression de t'avoir déçue. s'excuser n'arrangerait probablement rien non plus d'ailleurs, mais à ce moment précis elle ne pensait qu'à se comporter de façon à te plaire et au sujet de tes préférences magnolia était perdue. qu'avait-elle fait, quel élément de son comportement avait-il fini par te convaincre qu'elle ne serait jamais assez ? ou peut-être était-elle la seule à se sentir comme ça ? peut-être pas, probablement pas non. la jeune femme s'appuie contre l'encadrement de la porte et baisse les yeux, incapable de t'affronter plus longtemps du regard.

ses joues sont sèches mais le ton étouffé de sa voix en dit bien trop.

... tu vas me jeter pour de bon maintenant ?

cause i need it

@Gina Di Marzo

Cause I need it
feat @Magnolia E. Amouretti

On voyait les épaules trembler, les lèvres hésiter et le regard se perdre. Gina, elle suivait chaque geste de Magnolia, regard brûlant, regard glacial, elle observait, elle savait sans savoir. Et au mensonge énoncé, elle pinça les lèvres. Magnolia ne devait pas lui mentir.
Pourtant, Magnolia lui avait menti des milliers de fois. Et des milliers de fois, Gina avait laissé le mensonge passer, sans aucun problème.

Mais cette fois, Gina plantait ses griffes lassées dans la peau pâle. Elle s'était lassée des jeux, lassée des mensonges. Elle voulait la vérité, elle voulait les sentiments, le coeur à vif de Magnolia. Oh, cruelle Gina, elle plantait ses crocs dans une danse infernale. Joue contre joue, crocs contre coeur, il n'y avait qu'un coeur qui battait et ce n'était pas le sien. Gina adorait ce jeu. Elle l'aimait sans l'assumer, cette cruauté qu'elle avait. C'était un besoin d'amour violent, elle qui ne savait pas aimer, elle qui n'aimait que recevoir sans donner quand ses bras enlaçaient pourtant avec tant de chaleur.
Et avec Magnolia, Gina jouait merveilleusement. Elle était la chef d'orchestre de chacun de ses gestes. Son amante lui vouait un culte sans nom, un amour qu'elle niait connaître pour éloigner la culpabilité de ses petits jeux.
Au fond, elle appréciait Magnolia. Si sa cruauté n'avait pas existé, elle aurait pu aimer. Mais Gina était cruelle, Gina repoussait cette proximité. Au final, Gina se cloisonnait dans une solitude qui lui était tout autant cruelle. Mais ça, elle ne le comprenait pas encore. Elle qui n'avait pas réaliser qu'elle pouvait aimer aussi.

Magnolia était offerte à elle. Elle pliait, elle ferait tout pour Gina. Pourtant, Gina, elle ne la voyait pas, cette dévotion. Elle y voyait un amour factice, une admiration qui ne surmonterait jamais rien. Alors elle ne s'attachait pas, elle pensait ne pas s'attacher, et elle se délectait de l'abandon de son amante. Jusqu'à ce que l'abandon ne soit plus à son goût.
Un soupir, la main s'éleva, caressa cette joue fébrile, d'un geste lasse, le regard fatigué par les excuses.

- Arrête de t'excuser.

Elle voulait de la colère, des larmes, tout. Elle voulait voir Magnolia exploser. Le regard se baissait, elle s'éloignait mais Gina s'approchait, elle capturait ce visage encore, forçait la rencontre de ce regard vert dans le sien, si sombre. Les lèvres étaient pincées, elle soupirait, secoua légèrement la tête.

- Je t'ai déjà jetée, même ? En plus on est pas en couple.

Le regard fut plus froid, la main plus dure alors qu'elle tenait ce menton fin.

- Ca me lasse ce côté robot. T'as la personnalité d'un tapis quand tu fais ça, Magnolia, c'est énervant, tu me prends pour une conne, comme si je voyais pas. C'est quoi le problème ?

Le problème, c'était toi, Gina.

ses épaules se crispent lorsque tu la touches et elle hésite un instant à s'excuser quand tu lui reproches de trop le faire. sa main frémit, un instant, elle a envie de repousser la tienne mais elle n'ose pas non magnolia n'osera jamais te repousser et elle courbera l'échine si tu lui frappes le dos. pas de douleur physique dans vos échanges non il n'y a que cette douceur (factice) et ce ton (qui semble lui faire perdre la tête) alors elle se demande pourquoi son cœur est autant en charpie. plus fort qu'elle, elle grave dans sa tête un million d'excuses pour ton comportement.

odes à ta grandeur.

elle t'élève tant sur un piédestal qu'elle risquerait de chuter en t'y hissant.

on est pas en couple. elle le sait mais ça fait tout de même mal de l'entendre, comme si les mots (surtout venant ainsi de ta bouche, gina) contribuaient à rendre le fait réel. cinq petits mots comme des flèches de glace qui la transpercent de part en part. elle hésite à te répondre et à te dire qu'elle en a bien conscience mais sa lèvre inférieure tremble et elle se ravise, figée par la peur. elle sent que d'une minute à l'autre elle n'arrivera plus à contenir ses larmes. mais elle ne veut pas non elle ne veut pas pleurer face à toi parce que magnolia a l'impression qu'une seule larme serait la goutte qui ferait définitivement déborder le vase

même si tout lui semble déjà fichu.

le problème...

elle s'interrompt et déglutit, un peu trop bruyamment peut-être. magnolia n'a pas envie d'avoir cette discussion non elle ne se sent pas prête à se rendre compte qu'elle est lassée de toutes ces coupures qu'elle enfouit en elle alors elle cherche, son cerveau fourmille à mille à l'heure pour essayer de trouver quelque chose à dire. une énième excuse. n'importe quoi pour n'importe qui mais le bouillon déborde et s'échappe de ses lèvres en même temps qu'une larme singulière sur sa joue.

le problème c'est que je...

elle pose sa main sur ton poignet gina, serre un peu et abaisse le bras pour que tu cesses de lui tenir le menton. pour baisser la tête et s'enfuir derrière le rideau de cheveux qui glisse devant son visage.

ça me suffit plus tout ça. je pense que... tu en as conscience. alors... je sais pas pourquoi tu. pourquoi on continue de faire comme si de rien n'était. j'ai l'impression de crever quand... j'ai l'impression... que ça sert à rien que je fasse de mon mieux si t'es pas là pour le voir. j'existe plus sans ton regard pour me donner vie, gina.

un reniflement pas très élégant, alors que magnolia lâche ton poignet pour venir se débarrasser de ces larmes qu'elle n'avait plus pu retenir. elle se sent bête. elle se sent ridicule. elle a envie de se gifler d'être aussi faible, pleurnicharde, geignarde face à toi. c'était ce que tu voulais, gina ? de la vérité ? la vraie magnolia ? une fois de plus, elle n'a l'impression que de te décevoir.

elle ne te suffira jamais et elle le sait.

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@Gina Di Marzo

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feat @Magnolia E. Amouretti

Elle observe, de ce regard inquisiteur, sonde les gestes, sonde la figure qui s'effondre. Elle est belle, Magnolia, quand elle s'effondre, presque aussi belle que la première fois qu'elle a croisé le regard de sa terrible amante. Hélas, plus jamais Gina ne la verrait avec cette amour. Elle la voit de cet oeil cruel, de cet oeil lassé.

Et pourtant, la main retirée du menton vient caresser la joue, caresse coupable, caresse de doute. Car Gina est un monstre tendre, un monstre qui se sait coupable de ses crimes. Elle écoute Magnolia, continue sa tendresse quand le regard porte ce désintérêt flagrant. Elle laisse l'amante fuir son regard, écoute, observe du bout des doigts le visage tordu de peine, luttant contre les larmes.

Gina veut voir Magnolia pleurer. Comment Magnolia pleure-t-elle ? Comment son visage se tord-il ? Que de questions cruelles qui se posent pourtant dans l'esprit de l'italienne.
Et puis il y a cette pointe d'affection, cette pointe d'amour qui regrette ces pensées, ces actes mauvais.
Alors Gina, elle écoute sans un bruit, elle laisse Magnolia parler et elle écoute attentivement.
Les mots tombent. Les mots de la défaite et la larme de l'abandon. Magnolia s'est enfin réveillée, Magnolia parle enfin. Et ça fait naître un sourire sur les lèvres, un sourire satisfait. Magnolia admet enfin. Ca tourmente Gina, car on ne peut plus prétendre ne rien savoir, on ne peut plus prétendre qu'on est aveugle.

Ses larmes, elle les essuie avec une fascination certaine. Magnolia pleure pour la première fois, Magnolia pleure et ça émeut Gina.
Sa douceur est traître, sa tendresse est un couteau de plus quand dans une clémence qui n'en est pas une, elle accorde de l'amour quand les mots, eux, seront douloureux, malgré le regard plein de pitié, doucereux.

- Magnolia... Tu sais très bien pourquoi j'en ai pas parlé. Tu sais que c'est pas fait pour moi, les vraies relations.

Elle caresse la joue, douce, trop douce.

- Tout ce que je peux t'offrir, c'est ça.

Elle se renfrogne, soupire, fuit le regard peiné, fuit le visage plein de faiblesses. Son ego aime ce piédestal que Magnolia lui offre mais son coeur, sa morale, lui, rejette avec tant d'ardeur la vie fade que son amante s'offre !

- Magnolia, tu peux pas vivre pour moi ! T'es une personne à part entière ! Je suis pas ta putain de raison de vivre. Tu peux pas fonctionner comme ça alors qu'on est juste des plans culs qui s'apprécient bien.

Elle passe une main dans ses cheveux bruns, soupire, encore, pense, remue toutes ses pensées contradictoires. Une part d'elle la supplie de laisser Magnolia en paix quand l'autre, ce cruel monstre avide de cet amour à sens unique, la supplie de garder Magnolia au creux de sa main. Alors elle capture le menton, encore, appose un baiser doux et plein d'épines sur les lèvres tremblantes avant d'ouvrir la fenêtre, d'allumer une autre clope, sans un autre regard sur Magnolia.

- Qu'est ce que tu veux de plus ? Je peux pas te l'offrir. Ne me dis pas des âneries, et si tu reviens, laisse les sentiments au placard, Magnolia. Sinon, tu m'oublies.

Comment peux-tu aimer un monstre comme moi Magnolia ? Comment peux-tu m'aimer quand je ne suis qu'une image tantôt éblouissante, tantôt destructrice ?

Il faut qu'elle fuit, loin, si loin de Gina si elle veut vivre.

elle serre son poing avec tant de force que ses ongles impriment dans sa paume la forme de quatre petits croissants de lune. ça l'énerve, tu sais, elle se sent poussée au pied du mur alors qu'elle a tenté si longtemps de tout te cacher. le succès était moyen mais elle a fait de son mieux. magnolia n'a pas envie que tu lui dises tout ça parce qu'au fond toutes tes déclarations, elle en avait bien conscience. elles sont certaines des milliers de raisons pour lesquelles elle n'avait pas encore abordé le sujet avec toi, pour lesquelles elle avait préféré repousser l'échéance jusqu'à ce que son cœur déborde.

tes doigts sur sa joue lui donnent envie de pleurer de plus belle. elle n'ouvre pas les lèvres mais ses canines s'enfoncent dans la chair à l'intérieur de sa bouche. magnolia se demande quoi te répondre car elle craint que le moindre mot ne termine en une myriade de sanglots bruyants, alors elle serre les dents. tu lui as toujours coupé le souffle et elle pensait s'y être habituée. elle pensait avoir l'habitude de s'étouffer et de se taire, de vivre en apnée au creux de la mer de sentiments dans laquelle son cœur avait fini par chavirer. elle pensait avoir l'habitude et pourtant elle formule une centaine de prières silencieuses pour que tu la laisses respirer.

tu l'embrasses et elle peine à se retenir de tomber.

magnolia sentait ses jambes fléchir mais lorsque enfin tu t'éloignes, elle prend une grande inspiration et essaie de reprendre son calme. dans l’œil du cyclone elle ne peut s'empêcher de vouloir tenter de rattraper ne serait-ce qu'un fragment de tout ce contrôle qui lui a échappé en un instant sous le contact de ta peau. la jeune femme se racle la gorge pour essayer de parler de façon intelligible, elle se racle la gorge et force son alice en place pour formuler ses phrases sans s'effondrer.

j'ai bien conscience de tout ça, gina... j'ai conscience mais j'arrive pas à m'en empêcher. des fois je me dis que... si tu disparaissais de ma vie, j'aurais l'impression qu'on me coupe l'oxygène. que je pourrais dire au revoir à toute forme de joie. je te demande pas de. m'aimer. je sais bien gina je sais bien que tu...

une douleur lancinante lui vrille le crâne mais elle serre le poing de plus belle pour ne pas craquer, si fort que sa main commence à trembler comme sa voix.

ne m'aimeras jamais.

elle souffle longuement, maintenant le contrôle. elle souffle et pourtant elle se rend compte qu'elle n'a plus les mots. magnolia a toujours été dévouée, silencieuse amante à la loyauté sans failles. une figure pâle qui se faisait invisible dans le paysage de ta vie mais apparaissait plus vite qu'un éclair lorsque tu avais décidé que tu voulais bien tolérer sa présence. mais magnolia sait. magnolia, malgré toute cette tendresse que parfois tu lui témoignes, elle sait qu'un autre jour tu auras dans tes bras une jolie fille aux jolis yeux, une qui peut-être saura moins s'attacher.

une qui ne sera pas aussi faible qu'elle.

une que tu préféreras.

une avec qui tu passeras un bon moment, à qui tu te consacreras toute entière pour un instant, tandis que magnolia restait dans son coin à se repasser en boucle le moindre de tes mots.

parce qu'elle ne voit pas comment elle pourrait t'oublier.

je vais m'améliorer, gina... je te le promets alors... si tu veux toujours de moi je reviendrais quand ça ira mieux.

parce qu'elle ne ressent rien d'autre d'aussi intense, magnolia se pliera en quatre pour que tu piétines son cœur.

alors elle repart dans le couloir en poussant ta porte du bout des doigts et renifle bruyamment à la seconde où tu n'es plus dans son champ de vision.

cause i need it

@Gina Di Marzo