|	mens moi encore une fois ; Dez & Kyren

— Ca cogne; dans sa tête, là blottie au creux de son poing. Ca cogne si fort qu'il peine à s'entendre penser - si dur qu'il pourrait presque se sentir devenir totalement cinglé.

What did you expect from her?

Ca se tournait sans cesse - ces questions sans queue ni tête. Pourquoi se sentait-il aussi concerner. Aussi révolté. Pourquoi soudainement, un quelconque attachement filial devrait compter? Il aurait pu être honnête avec lui même. Avouer dans l'intimité de sa soirée esseulé qu'elle l'avait toujours touché. Qu'il ne pourrait jamais totalement l'effacé - qu'elle portait trop de lui en elle pour qu'il puisse simplement la renier, qu'il y avait trop d'elle dans l'égoïsme de ses rêves pour qu'il sache s'en relever. Alors Kyren  s'était résolu à se perdre - une balle frappé après l'autre qui venait s'écraser contre les grillages. Un énième cri de rage qu'il ne poussait pas.

What did you expect from them?

Merde. Sans précision aucune, la batte s'abat sur le projectile, sans se soucier de la trajectoire qu'il a pu adopter, de la surface qu'il viendra à percuter. Merde. Qu'il se répète, en rejetant la tête en arrière. Parce qu'il n'y avait rien de plus absurde, rien de plus risible que l'idée que lui - l'enfant calice, le soleil, le monde et son entier - puisse se sentir désarçonné. Pris de court par un évènement qu'il n'avait pas su anticipé. Qu'il s'engage à conquérir un empire, et le plan se dessinerait de lui même dans son esprit. Qu'il se décide à devenir premier de l'académie et les lauriers de son succès ne serait qu'une formalité à remplir. Qu'il fabule sur sa propre réussite; palabre sur son glorieux avenir et la bravade deviendrait fait concret. Alors pourquoi?  Pourquoi avait-il soudainement l'impression de s'en moquer. Comme meurtri - obsédé par un sentiment qu'il peinait à décrire. Une sensation de vide persistante au creux de la poitrine. Un besoin que nul ne pouvait remplir - cette impression de se laisser engloutir.

Et l'absurdité de cette idée lui tire un rire désabusé - rictus crispé qu'il efface en se laissant choir sur l'herbe humide, rabattant sa casquette sur sa mine défaite. Lui qui supportait à peine le dessin de ses propres échecs.

|	mens moi encore une fois ; Dez & Kyren

— il avait ses doigts qui tremblaient sur la surface lumineuse de son écran brisé, le souffle instable qui interrompait le silence de son isolement. Il s’en était persuadé, qu’il n’irait pas le chercher, qu'il fera tout pour réprimer cette envie de le rencontrer. Parce qu’il l’aimait autant qu’il en détestait déjà l’écoeurante fatalité : son coeur était déjà sous le joug de sa cruauté, à délirer d’amour incontrôlé. Mais pas envers cet homme (il s’en persuadera), que ce Ren-là, qui était laid sous toutes ses coutures, sous toutes ses formes, dans le soupçon du moindre de ses rires, sous l’amertume de ses attitudes et son détestable minois. Car le blond n’en savait rien encore de tout ça, et l’évidence frappait de plein fouet : lorsqu’il passait son temps à le regarder avec si peu d'intérêt, si peu de considération à son égard, il s’en persuadera : qu’il ne deviendra jamais cette étoile qui l’avait drapé de toute cette chaleur et cette affection à ses côtés. pièce maîtresse de son univers, roi de son échiquier; l’enfant terrible qui apprendrait à Dez comment aimer. mais tout ça n’arrivera jamais il se l’était promis d’essayer de lutter contre vents et marrées de peur de ne pas supporter le déluge qu’on lui avait prédit.


Mais c’était trop douloureux de rester cloîtré entre ces quatre murs et à lorgner le ciel de béton, trop dur de se remémorer à quel point aujourd’hui il aurait eu besoin de lui à ses côtés. Mais le méritait-il seulement ? Cet altruisme qui ne lui seyait guère au teint ? devait-il l'ignorer ? devait-il faire preuve de tant de cruauté ?


il était trop tard déja, il l’aimait tant. avec des “si”, des peut-être et des tourments; il en était déja fou-à-lier le coeur débordant de lui et désireux d’eux. Il connaissait ses goûts, ses secrets, sa manière sourire dont il était le seul à en détenir le précieux souvenir. Il y avait tant à (re)vivre tant à adorer de lui. mais la rancune est tenace face à l’idée des horreurs qu’il osera (plus tard) lui prononcer.


pourtant il avait déjà sa boisson favorite à la main, les jambes qui accouraient en direction du stade de l’académie. sans aucune hésitation :  il savait que ses pas le mèneront vers le lui, que malgré le déluge, son coeur saurait retrouver le sien.

sans oser la moindre bravade il s’approchait lentement du corps inerte et souffrant pour s’agenouiller à ses côtés, déposant contre sa joue rougie la précieuse boisson édulcorée.

l’aveu de faiblesse ne te sied guère au teint ren.

|	mens moi encore une fois ; Dez & Kyren

— Dez.
Sous le contact du carton brûlant, les paupières s'écartent.
S'il pouvait dérouler le fil de ses pensés, si, il pouvait puiser à la coupe de son regard sa violence et ses outrages alors, Kyren, Kyren... qu'en ferait-il en vérité? Des réalités que nul ne pouvait accepter. Il n'était qu'excès et fumisterie, et s'il pouvait lui ravir les gouttes d'une satisfaction égocentrique, il n'aurait que l'instinct de dépouiller l'enfant jusqu'à l'insignifiance de son grain de peau. Elle était là sa liberté - liberté de se donner, de reprendre ce qu'il avait un jour céder, de se pencher pour baiser la cheville de ceux dont il réclamait les faveurs pour mieux la leur arracher ensuite. Il serait libre - libre de s'enchainer. Il est possible que l'affection de Kyren s'allie comme le pampre à la haine.

Spirituel.

Un soupir après, il ne bougea pas, et ce fut comme ci le ciel tentait de lui écraser les épaules et son torse pourtant gonflé d'oxygène - mais il n'y arriverait pas, il était bien trop têtu pour ça, et il avait la rage, brûlante, sur la langue et qui battait entre ses côtes. Il regarda Dez. Il était accroupi à ses côtés, son regard aurait pu changer la face de la terre. Il changeait la sienne. Il se redressa alors sur ses coudes,  le souffle encore trop court, incapable de retrouver une tranquillité de façade. Le crépitement dans sa poitrine éclata une dernière fois dans ces milliers de choc de contrariété avant de se rallonger, docile presque, perdu sûrement. Il y avait dans le regard de Dez un chagrin qu'il ne s'expliquait pas. Un je ne sais trop quoi qui lui serrait la gorge sans qu'il ne sache pourquoi.

Si on devait se voir et que j'ai oublié, je vais devoir décommander. 

Dez.
Ces mots d'enfant bêcheur, ces bravades naïves et vaines, juraient avec la douceur retenue de ses attentions, avec la boule noire qui parasitait son ventre. Ses doigts se refermèrent sur la boisson qu'il observa en silence. Pour l'effroi qui dévalait son échine dorsale lorsque sa langue se déroba - c'était mesquin. C'était mesquin car il n'avait pas les idées assez clair, pas l'esprit assez rationnel pour accepter le spectre de sa gentillesse.  Car il doutait d'avoir quelque chose d'humain dans le ventre.  
Et qu'aujourd'hui, ça semblait important.

|	mens moi encore une fois ; Dez & Kyren

— non, peut-être, sûrement.

rien n’importait lorsque ses sens étaient à nouveau captivés par le détenteur de l’entièreté de ses tourments : par ses yeux voie lactée et ses mots aux saveurs déjà-regret. Ce Ren qui avait le nom et l’apparence de cet homme qu’il avait envie de retrouver, de protéger contre vents et marées; alors la rage montait, sinueuse et incontrôlée : qui avait osé lui faire tant de mal? à le réduire à un aspect si laid aux airs pitoyables de façade brisée, d’un mythe dont on avait révélé les absurdités.

toujours aussi dérisoire ren. à hurler les tourments de ta vie sans faire le moindre bruit.

Il y avait une affreuse sensation qui le gagnait, un soupçon de culpabilité mélangé à cet air léger de supériorité lorsqu'il regardait sa silhouette s’effondrer. méritait-il vraiment d’être le catalyste de sa rage accumulée ? D’une amertume d’un futur qui n’était même pas encore arrivé ? Était-ce juste de vouloir s’assurer de la chute et que dez ne soit pas le seul à se fracasser? surement qu'il l’avait trop blessé. au point de vouloir avorter l’espoir avant même qu’il ne germe.

mais peux-tu seulement ravaler ta fierté et accepter ce simple acte de générosité ?

ses mains tremblaient légèrement alors qu’il retraçait de la pulpe de ses doigts le relief d’une épaule en souriant. Dans le bref silence, il se projetait peu à peu dans son propre imaginaire, quelques mois plus tard allongé sur l’herbe bercé par son palpitant qui tambourinait contre sa peau.

Sursaut.
L’évidence était là; son cœur était déjà possédé par des souvenirs qui n’étaient même pas encore vécus. Alors il fallait agir vite et essayer d’en détruire la source, mortifié à l’idée de revenir esclave de l’amour et enchaîné à son cou.

sans doute que non, pardon. il est vrai que je m'emmêle vite les pinceaux.

alors se demande comment il avait pu l’espace d’un instant oublier tout cela, de quelle façon si abjecte il avait été en mesure de confondre ses visions avec le blond qui se tenait devant lui. Qu'il n’était rien de plus qu’une supercherie, une tâche de noirceur dans le paysage gris : vêtu d’arrogance et d’antipathie.

car après tout Kyren, tu ne peux être que toi.

|	mens moi encore une fois ; Dez & Kyren

— Ah - c'était peut être là tout ce qu'il lui fallait. Juste ces quelques gouttes d'agressivité distillés en quelques mots, lié par la bouche d'un homme - de cet homme. Juste cette piqure de rappel au goût amer dont la morsure pourrait marqué sa chaire tant elle en était familière - juste ces quelques mots qui tombent de sa bouche avec toute leur sincérité et toute la force de leur vérité. Peut être était-ce tout ce qu'il lui fallait à lui, une saine distance relationelle qui n'éraflerait pas ses repères. L'affirmation que ses dérives émotionnelles altéraient ce qu'il percevait - à cultiver la compassion là où ne subsistait qu'un froid détachement.

Kyren souleva sa casquette et passa le dos de sa main sur son front. A force de trop s'agiter, il avait attrapé le vertige. Un peu. La lassitude le brûlait au fer rouge. Il inspira profondément, et quelque part, ses poumons se gonflèrent d'oxygène dans un clapotement chaotique. C'était lui. Et ce n'était pas tout à fait lui. C'était les même cheveux, le même uniforme, la même chair, le même souffle. Les cheveux désespérément en désordre. L'image aurait pu être banale de familiarité. S'il n'y avait pas cette rougeur persistante et son air épuisé. Mais il s'en foutait Ren. D'être présentable ou pas. D'être pathétique aux yeux d'un tierce ou risible aux yeux du reste. Sans doute sen offusquerait-il le lendemain, sans doute se maudirait-il lorsque le monde se réinventerait. Mais là, tous de suite, il s'en foutait.

Toujours à parlé comme si tu me connaissais alors qu'on se fréquente à peine Jürchen.

C'était ce qu'il avait cultivé depuis quelques semaines, des conversations superficiels égrené au détour d'un couloir, toujours malaisés, avec ces phrases maladroitement empruntés - à chercher ce que son alice pouvait bien trouver à une créature qui ouvertement le méprisait. Mais les sentiments des autres à son égard ne le concernait pas, il l'occultait. Il flottait à la surface des choses sans trop rien ressentir. Cherchait à combler le vide qui le creusait, à satisfaire l'avidité perpétuelle qui irrémédiablement le consumait.  

Merci pour le café. 

Personne ne se souciait des silences qu'il y avait à l'intérieur de lui comme Kyren s'indifférait des tourments qui lézardaient ses paires. Alors il ne comprenait pas ce que Dez faisait là, accroupit à ses côtés, à s'égarer en sarcasme et tirade philosophique sur sa personne ou sur sa vie. Il se contentait de l'observer, sourcil hausser, une main toujours refermé autour du gobelet qu'il n'avait pas touché. Ils n'étaient pas amis, à peine des connaissances, même pas des ennemis. Même s'il lui semblait parfois qu'il le lisait plus clairement que n'importe qui. Qu'il l'observait avec des yeux qu'il ne comprenait, les yeux d'une personne qui s'attardait sur quelque chose qui n'existait pas. Une proximité de façade et une camaraderie bancale. Qu'en savait-il Kyren, de ce qui s'esquissait dans la tête de Dez? Lorsque tout chez lui se contredisait. Lorsque ses actions ne s'accordaient à rien de ce qu'il affirmait. Alors qu'est ce que tu pouvais bien lui vouloir Jürchen?

|	mens moi encore une fois ; Dez & Kyren

—ce fût une étrange surprise qui gagnait ses traits face à sa réaction. il ne l’avait pas imaginé ce manque de répartie, l’absence de ses crocs carnassiers qui dévoraient dès le moindre contact déplacé. On ne l’aurait jamais dit que la douceur s'accorderait si bien aux traits de ren, à cette spontanéité qui n’avait pourtant aucune place dans son château d’insolence fortifié. Pourtant il était là, à prononcer de si simples mots. à avouer silencieusement sa vulnérabilité et son besoin d’affection (ne pas le rejeter n’était-ce pas là un aveu de sa carence?) à ses vaines pensées, dez aurait été presque tenté d’en saisir l’opportunité pour se blottir contre lui pour revivre ce temps qu’il se plaisait à nommer “autrefois” - ses doigts qui chercheraient les siens, ses lèvres qui brûleraient sa peau d’un rouge carmin.

mais ne t’inquiète pas il n’est pas empoisonné.

il pointait alors le gobelet.
Cependant il se savait différent comme la veille ne ressemblait à rien au jour présent. Il ne pouvait pas encore succomber et se noyer dans les jours qu’on lui avait déjà révélés. Il se battra du moins se sera débattu face à l’horrible destin, pour s’assurer de ne pas avoir de regrets, de se dire, plus tard qu’il n’aura pas lutté pour rien, qu’il n’aura jamais pas trop aimé, qu’il ne sera jamais allé trop loin.
 
bien qu’en prenant du recul ceci serait le moyen le plus aisé d’en finir avec toi.

Il entrouvrit ses lèvres pour en laisser échapper son souffle ainsi qu’un rire retenu.

mais tu sais ren, le monde des autres n’est pas suffisamment tordu pour que ta constante méfiance soit justifiable.

il était hypocrite à lui tenir de tels propos; à renverser ses propres principes en quête d’un remède pour guérir son maux. car après tout, dez était le pire de tous. à croire à ses soit-disantes certitudes qui germaient lentement à la façon d’une graine nocive. Il se plaignait et détestait sa fatalité et pourtant : il s’y pliait et rampait face à elle. Parce qu’il se sentait inévitablement attiré par ses propres tragédies au point d’en devenir l’auteur; corrompu par un venin encore plus mortel que le premier : à songer qu’il ne méritait pas mieux, que c’était la punition pour son don de lucidité.

la souffrance est laide même sur le plus beau des visages. souris un peu hm?

alors s’attacher et développer des sentiments était sûrement inévitable. Conscience impuissante qui s’accrochait à ses yeux malgré le danger : brutalisée face à ces milles et uns clair de lune qu’il passera au creux de sa chaleur et de ses bras.

|	mens moi encore une fois ; Dez & Kyren

— La lassitude de Kyren s'illustrait pas l'absence de lumière sous la coupole de ses paupières - la glace de ses iris s'affaissait légèrement, pudiquement, car il n'y avait rien de plus absurde qu'un phare qu'on déposséderait de sa lumière. Mais là c'était plus fort encore - car tout semblait fort et bouleversant aujourd'hui, ciel et terre inversé dans un jeu d'esprit qui s'effilait entre ses doigts sans qu'il n'y trouve aucune prise. Il avait arraché son sourire pour le remplacer par cet air perplexe, prêt à planter matériel et bancal calumet de la paix s'il le décidait. Car là était le problème: il n'était pas d'humeur à faire face aux incohérences de Dez. Il lui tendait la main d'un côté et le sifflait de l'autre dans un ballet dont lui seul comprenait les contresens. Il aurait dû, ne serait-ce qu'un peu, infiniment, y résister, exprimer son désaccord ou son fort agacement. Il se remit sa casquette en jetant un regard en biais au gobelet cartonné. L'attention avait été suffisante pour lui faire croire pendant un instant qu'il était aimé. Insuffisamment pour qu'il n'en déduise pas qu'il se l'était simplement imaginé. Kyren, il écouta sa tirade en faisant claquer sa langue, la tête meurtrie d'un bourdonnement qui croissait sans faire mine de résorber.

Jürchen.

Ses sourcils s'étaient froncés, ses paupières douloureusement serrées pour contenir le battement frappant ses tempes, en occulter l'incessant tambourinement. Essayer de comprendre où son camarade voulait en venir l'épuisait bien qu'il n'aurait souhaité s'y attarder. Car il en avait plein les mains Kyren, des problèmes sans queue ni tête, des drames en cascades de ceux qui souhaitaient quelque chose sur lequel il ne pouvait apposé un nom. Ren, il était bien plus proche de se fracasser la tête contre le premier mur plutôt que de rire avec aise. Il n'avait aucune raison de penser que son condisciple agissait avec bonne volonté lorsque tout chez lui exprimait à quel point il le débectait. Les raisons de sa colère pouvaient se raccrocher à tout autant de source que d'origine concrète. Mais sa gentillesse? Il n'y voyait aucun fondement rationnel.

Envois moi me faire foutre une bonne fois pour toute ou fixes toi sur l'amabilité parce que tes sautes d'humeur m'épuisent.

Il en retint le grognement qui ne souhaitait rien d'autre que s'échapper de ses lèvres et planta son regard ennuyé dans celui du jeune homme - qu'importe les étoiles qu'il y décelait, lorsqu'il ne pouvait que constater les mensonges qui y fleurissaient. Dez Jürchen nourrissait à son égard une nébuleuse qui s'alliait au venin de ses répliques et à la surprise de ses sympathies. Mais si d'ordinaire il goutait la dance avec plaisir, ce soir n'était guère propice de sa propre médecine.

Pourquoi est ce que tu restes avec moi, là?

|	mens moi encore une fois ; Dez & Kyren

— certes il était indécis. A être en partie ce garçon détestable qui ne souhaitait que lui nuire afin de s’éloigner à tout pris de la tragédie qui manquait de l’écraser. Celui qui désormais avait la hargne de (re)vivre le présent, réincarné en serpent vénéneux qui ne savait tenir sa langue ou sa haine démesurée. Mais il demeurait avant tout (surtout devant-lui) cet éternel enfant qui ne savait jamais sur quel pied danser, à répudier comme il saisissait la moindre parcelle de son affection, à la cueillir dès la moindre opportunitée parce qu’il était fragile et avait besoin d’être aimé (par lui?). Alors le moindre rictus quelque peu étiré, un regard curieux, un semblant de familiarité. Il voulait s’y raccrocher. à croire qu’il l’aimait. à intimement se convaincre que c’était son ren qui se tenait devant ses yeux.

il est dangereux de jouer avec le feu, à vouloir trop s’y attacher on finit par s’y brûler. à me montrer trop faible il finirait par me consumer tout entier.

Mais il était horrible de voir à quel point le présent manquait cruellement de saveur face aux mythes d’autres temps. Quand il semblait si froid et indifférent, à ne même pas l’appeler par son prénom alors qu’il était si simple à prononcer; celui qui serait devenu si beau, si mélodieux s’il avait été prononcé de ses lèvres fiévreuses. Alors il se le demandait une dernière fois : comment pouvait-il devenir si charmant lorsque la vérité était si laide et insipide, que son mauvais caractère rendait ses sentiments aussi risibles.

pas vrai ren ? si j’étais aimable avec toi, ne serais-tu pas le premier à me jeter aux loups ?

Il avait cet air vulnérable et pourtant dangereux, ce sourire à la sincérité engagée à mi-chemin et ses yeux qui criaient un violent chagrin.

mais… si tu me demandes de partir, alors je partirai chiastraelli. si je n’ai que comme seul unique rôle d’être une étape à tes yeux alors....

alors il se tût, ferma ses paupières et recula la tête en arrière lentement de sorte à sentir ses mèches se dégager de son front et le vent passer entre elles.

ainsi je demeurerai.

|	mens moi encore une fois ; Dez & Kyren

— Un jour quelqu'un le lui avait soufflé: "J'espère que tu crèveras et que tout le monde finira par t'oublier". Peut être s'agissait-il d'un inconnu ou d'un ami; peut être une femme, peut être un homme. Peut être avait-il vu son visage se morceler sous le poids de sa peine, peut être qu'il ou elle pleurait lorsque la sentence claqua dans l'air. Peut être aussi qu'elle riait, qu'elle s'en tordait cette personne, quand elle dû se confronter à la plus évidente des condamnation. C'était peut-être un jour, peut-être une nuit – c'était peut-être ici, ou bien là bas ; ailleurs, qui sait ? Peut-être dans ses draps – ou bien, dans ses bras. Peut-être que cette personne avait de bonnes raisons, mais peut-être était-ce juste un coup d'éclat, une impulsion, presque un désagrément passager. Peut-être que Kyren était en tort, peut-être qu'il avait fait du mal – peut-être, c'est moins sûr, qu'il n'avait rien fait. Peut-être qu'il n'avait pas compris pourquoi, peut-être qu'au contraire, il en avait très bien saisit l'entier et l'aboutissement.

Oui, Kyren, il était usé aux déclarations de colères, aux pamphlets de leur haine.
Quand on l'écroule sous le poids des ressentiments, aux faux amours et aux déceptions.
Mais que faisait-il des attentes? Des espoirs encore naissant. Lui qui ne savait pas aimer. Qui filait entre les mondes, s'évanouissait dans la foule, qui t'échappe encore une fois où peut-être est-ce toi, qui fatalement lui échappe? Ou peut être que tu ne le sais même plus vraiment Dez, si tu le suis ou si tu le fuis. Si c'est ta façon bancale d'aimer ou de le détester. Kyren et son savant mordant, ce mirage d'été brûlant de passion à prendre les autres, à emprisonner l'univers entre ses doigts, à trop aimer jusqu'à s'étouffer. Lui, qui ne laissait sur la langue qu'un relent amer, au sourire crispé, aux regards étrangers,  plein de son froid dans le givre incrustés de ses cernes sous ses yeux, tant de glace brisée dans chacun de ses mouvements saccadés, tant de neige qui ampli son être et qui a fini par le noyer.

Te donner en genre en tournant tout par énigme ça n'a rien de séduisant.

Et l'hiver recouvrait l'été dans une discordance d'une temporalité qui ne saurait s'accorder, vers une dissonance d'informations qu'il ne pouvait expliquer. Est-ce Kyren qui avait oublié Dez ou Dez qui s'imaginait Kyren? C'était là la question amorcer qu'il n'avait pas le coeur de prononcé, épuisé à la simple idée de devoir concrétiser une histoire qui, il le savait, le dépasserait.

De ce que je comprend il y a quelque chose entre toi et moi, un passif ou je en sais quoi.

C'était honnête, il n'avait jamais eu aucune difficulté à l'être. Être indifférent à tout vous empêchait d'être embarrassé ou de vous soucier des réactions de ceux qui pourraient vous entourer.

Mais je n'en ai aucun souvenir Dez et j'ai l'impression que tu poses tes questions à la mauvaise personne.

Ce n'était pas une excuse, ni même  une pointe de regret. Il ignorait si l'étudiant l'appréciait ou le détestait, jouait avec ses nerfs ou tentait un éclaircissement sur une situation qui ne le regardait guère. Et ce n'était pas le bon jour pour ça, peut être ne serait-ce jamais le cas. Mais s'il ne jeta pas le café offert, il ne le bu d'avantage, ni ne s'attarda sur le terrain dont il prit le chemin de la sortit après un vague mouvement de la main. Il y réfléchirait une prochaine. Peut être... peut être.