Encore une journée de cours. Encore devoir écouter des professeurs barbants. Une routine qui s'était doucement mais sûrement installée depuis des années. Morgiana n'arrivait toujours pas à s'y faire, n'aimant absolument pas devoir travailler et ayant surtout une grande flemme de bosser. Tout ça pour quoi ? Pour avoir des bonnes notes alors qu'elle arrivait déjà à en obtenir rien qu'en prêtant une oreille distraite au cours ? Aucun intérêt. De plus, celle-ci avait des mauvaises souvenirs, surtout avec un ancien professeur qui n'avait cessé de la rabaisser tous les jours juste parce qu'elle avait osé dire son avis par rapport au traitement inégal des élèves.

Est-ce qu'elle avait eu tort de penser que cette Académie n'était pas un lieu paradisiaque comme aimerait bien lui faire croire les supérieurs ? Tant pis pour les autres si sa manière de penser n'était pas à la hauteur de leurs attentes, mais la miss n'avait pas que ça à faire que de changer pour plaire. Des blaireaux resteront des gens dépourvus de la moindre intelligence, et elle n'avait plus aucune raison de s'inquiéter sur le sujet. Heureusement, le cours s'était terminé, et cette dernière s'était simplement levée de sa place, évitant de croiser le regard des autres. En effet, ça pouvait amener des problèmes inutiles du genre : "Pourquoi tu me regardes, tu veux ma photo ?" ou bien "Oh ? Tu es attirée par ma beauté ?". C'est du vécu.

Elle n'était pas d'humeur aujourd'hui. C'était un de ces jours où son humeur chutait sans aucune raison, désirant rester solitaire, évitant le contact avec les autres. Et oui, ça lui arrivait parfois d'être lunatique, mais personne n'était étonné lorsque cela arrivait. Enfin, c'était l'heure de la pause, et la demoiselle décida de sortir de la classe pour aller dans le couloir, histoire de prendre un peu l'air parce qu'avec cette atmosphère trop sérieuse, ça allait finir par lui plomber définitivement le moral. Est-ce qu'elle allait se prendre des remarques ou des regards de merde ? Tss.

En effet, une fille avec son apparence arrivera toujours à repousser les moins courageux et à faire peur aux plus téméraires, mais ça n'avait pas l'air d'être le cas pour une certaine personne qui venait tout juste de passer sa main dans ses cheveux. Pour récapituler la situation, cette dernière avait bien vu un mec arriver avec des écouteurs dans les oreilles, mais elle n'avait pas vraiment fait attention à ce gars, ne le connaissant pas personnellement. Qu'est-ce qu'il lui voulait ? Surtout qu'avant de faire ce geste, ce dernier avait relevé sa tête comme s'il la prenait de haut, souriant fièrement pour aucune raison.

Il avait osé lui passer la main dans les cheveux, et il continuait, la laissant glisser de part et d'autre. C'était quoi son putain de problème à ce mioche ? Sans amis et ça vient faire chier une aînée ? Parce que selon Momo, le jeune homme était certainement plus jeune qu'elle, n'étant pas dans la classe F. Il devait certainement être dans la classe E, dans ce cas. Impossible que ce soit un professeur. La lycéenne avait pris une décision radicale : lui prouver qu'il ne pouvait pas recommencer. Oh bah, il venait même de lui donner son prénom, Alec. La gothique esquissa un sourire provocateur, ayant décidé d'utiliser son alice parce qu'elle avait horreur qu'on la touche, surtout ses cheveux. Elle avait un certain fétiche sur eux.

Sa main n'était plus celle d'une humaine, mais certainement la patte d'un lion, ayant des griffes acérées. Celle-ci fit un rapide mouvement qui consistait à retirer cette main traînante de ses cheveux, ainsi qu'à lui infliger un coup assez léger : une simple griffure, mais ça pouvait quand même faire mal. L'adolescente avait toujours son alice activé, ne sachant ce qu'il pouvait faire pour riposter.

- Enchantée, Alec répondit Morgiana en le défiant du regard, un air sarcastique sur le visage.

La demoiselle n'avait pas fait ça pour le blesser jusqu'à ce que s'écoule un flot de sang, mais simplement pour le prévenir que c'était une bien mauvaise chose que de toucher ses cheveux, surtout que pratiquement tout le monde au sein du lycée connaissait son fétiche. Est-ce qu'ils avaient une valeur si importante à ses yeux ? Bien évidemment, ce n'était pas pour rien qu'elle défendait quiconque de les toucher, surtout les inconnus comme ce mec. Si elle avait décidé de garder ses cheveux longs, c'était pour avoir au moins une ressemblance avec sa mère, n'ayant pas beaucoup de souvenirs de sa génitrice, mais cette dernière savait qu'elle avait eu les cheveux extrêmement longs à un moment, dans un souvenir bien lointain.

Quel était le rapport ? Et bien, la miss avait simplement envie de les laisser pousser pour garder une sorte de lien assez étrange avec Violet, sa mère. Puis, il fallait bien avouer qu'elle avait été complètement déboussolée de voir qu'un inconnu avait passé sa main dans ses cheveux alors qu'ils ne se connaissaient même pas, quelles étaient ses intentions ? Est-ce que c'était sa passion que de toucher la chevelure des filles ? Est-ce que ce n'était pas juste un pervers déguisé en élève ? Voilà qu'il venait même de lui dire qu'il était impressionné par cette rapidité, mais Morgiana voyait bien que celui-ci semblait surpris de voir une patte de lion au lieu d'une main.

Tant pis pour lui, s'il était resté tranquillement dans son coin, ça aurait fait l'affaire et la jeune fille n'aurait pas eu besoin de lui faire mal. Les autres élèves jetaient des regards curieux à la scène, chuchotant des paroles aux uns et aux autres. Ouais, elle devait passer pour une connasse, mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien en avoir à foutre ? Alec la regardait droit dans les yeux, se léchant la main afin de stopper le sang qui dégoulinait de sa plaie, tout en lui expliquant qu'elle n'y avait pas été de main morte. Pourtant, la lycéenne avait essayé de réguler sa force afin de ne pas trop l'écorcher non plus, mais on dirait bien que c'était une tentative ratée. Tout en haussant les épaules, l'adolescente ne savait pas quoi lui répondre de spécial.

- Faut croire, fit Morgiana en poussant un léger soupir, ayant l'impression que c'était elle qui se trouvait actuellement en faute.

Oh putain. Mais c'est qu'il continuait son cirque en plus ! Il avait pris sa main, en lui réclamant un mouchoir pour s'occuper de sa plaie. Il aurait très bien pu lui demander ça sans la toucher physiquement, déjà que ça l'énervait que de voir qu'il s'amusait de cette situation, mais alors là... Celle-ci n'avait pas envie de faire un geste brusque et de le blesser une nouvelle fois encore, car sinon, ce serait un rendez-vous dans le bureau du directeur ou bien avec un professeur pour parler de son comportement un peu trop violent. Autant garder son sang-froid, reprendre son calme, et lui répondre poliment. Est-ce qu'elle avait un mouchoir ? En effet.

- Voilà de quoi essuyer tes futures larmes si tu ne retires pas ta main dans les secondes à venir, répondit Momo en lui donnant le paquet, un sourire sarcastique aux lèvres.