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chute libre
Diane W.-Vermeil
TROIS ÉTOILES
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Diane W.-Vermeil

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MessageSujet: chute libre   chute libre EmptyVen 13 Mar - 19:37


chute libre
(sujets sensibles abordés, si vous avez le cœur fragile fermez l'onglet)

J'ai entendu dans les bruits du monde autour les ricanements immondes des vautours. Harcelée de toutes parts de murmures âcres, dans le silence j'ai créé ma tombe. Les murmures construits de toutes pièces, je constate avec dépit que la chambre est noire et que personne ne l'habite, que personne ne me parle, que personne ne me voit.
Ange, où es-tu quand j'ai besoin de toi ?
Crush, entendrais-je ta voix lorsque je m'endormirai ce soir ?
Vous n'êtes pas là.

Le vide résonne, tout à coup tout devient sourd. Il y a des coups qui claquent à mes oreilles, des cris, des pleurs. Il n'y a pas un bruit dans la chambre, cette nuit. Seulement le lit qui craque et qui me rappelle tous les souffles interdits qu'on y a déposés.
Freddie, n'as-tu jamais été mon amant ?
Noël, m'as-tu aimée seulement ?

Cela fait des jours que Cassidy ne parle pas, et ça n'a pas fait si mal. Imperméable je suis devenue un peu morte pour ne plus ressentir les déchirures en mon âme.
Et ça crie ! Le poids de tout qui pèse sur des épaules fragiles.
Je crie en silence dans l'apnée écoeurante.

De quel droit ? Qui suis-je pour oser faire pleurer le ciel ? Quelle égoïste de faire souffrir le monde avec moi. Ai-je raison de souffrir ? Pourquoi je souffre ? Qu'est-ce qui fait mal ?
Tout est confus. A un pas du vide, au bord du gouffre on a l'air idiot, à ne plus savoir ce qu'on fait là. C'est qu'à l'intérieur la panique a fait disjoncter le système, a mis un terme à toutes les pensées dissonnantes pour essayer de sauver le corps de la chute imminente.
J'oublie pourquoi je suis montée sur le toit et je recule d'un pas, je retourne à cette vie où l'amour est las de moi.

Pourquoi ?
J'ai le sentiment d'avoir été faite de travers. Le sentiment que quelque chose ne va pas. Mais quand je regarde, quand je cherche, tout a l'air en place, tout a l'air sain.
Ange m'aime. Crush m'aime. Cassidy m'aime.
Tout va bien, tout va bien, je dormirai sereine ce soir.
Tout va bien, tout va bien.

Dieu.
J'ai mal.

Qu'est-ce que j'ai fait, dis-moi ? Pourquoi tu ne m'aimes pas comme tu devrais, Ange ? Pourquoi chaque fois que je pense à toi, j'en tremble ? Je ne veux plus te voir et chaque fois je reviens vers toi. L'idée même de te perdre me donne le vertige. Abandonne-moi, abandonne, car je ne pourrai pas le faire, et tu me fais du mal. L'amour que tu me donnes est factice et ne nourrit rien. Celui que je cherche ne doit pas venir de toi. L'amour que je cherche ne prend pas soin de mon mal, il me donne les armes pour le guérir moi-même. L'amour que je cherche vient de moi. L'amour que je cherche n'existe pas.

L'amour factice s'efface. Crush, l'entends-tu, le coeur qui meurt chaque fois que ton alice s'éteint ? L'entends-tu, la détresse d'une âme aimée de trop qui a fini par comprendre que rien ne la satisferait jamais ? Si même toi tu es incapable de nourrir ce vide, alors personne ne le sera. Entends-tu mes os qui craquent, entends-tu mes souffles qui s'épuisent ? Entends-tu comme je me suis éreintée dans tes bras ?

Je suis damnée, maudite. Malade.
Je suis malade.
Au secours, aidez-moi. Je vous en prie, aidez-moi.
Au secours, au secours, au secours.
Je suis là où il fait noir, là où aucun chemin ne mène, je suis nulle part entre hier et demain.

Mentez-moi encore ! je veux y croire.
Mentez-moi mieux ! je vais y croire.
Mentez mieux encore, car je n'y crois plus.
Mentez plus fort.
Mentez, mais ne me laissez pas affronter la vérité.
La vérité de Cassandre, celle qui n'a jamais vraiment existé pour elle-même, est trop dure à assumer.
Qui suis-je si je n'existe pas à travers vous ?
Qui suis-je si je ne vous aime plus ? Qui suis-je si je ne me vois plus à travers vos yeux ?
Vous ne me voyez plus. Vous ne m'avez jamais vue.
Car il n'y a rien à voir.
Je ne veux pas rencontrer le vide, le noir, je ne veux pas retourner au silence, à la chambre où il n'y a que moi.
Je ne veux pas vivre avec moi-même, je ne veux pas vivre avec ça.

Ce qu'il y a de plus terrible avec la douleur c'est la peur qui l'accompagne. Elle nourrit la douleur plus encore, la fait devenir insupportable. Plus je fuis plus les démons grandissent, plus je fuis plus je m'enfonce.

Je suis remontée sur les toits.
Je veux mourir un jour ensoleillé.
Je veux que tout ça s'arrête.
Pardonnez-moi.
Ne me pleurez pas.
Je veux mourir un jour heureux.
A un pas dans le vide j'ai regretté.
J'ai changé d'avis.
Je ne veux pas partir.
Mais c'est trop tard.
Chute libre.

Diane W.-Vermeil
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MessageSujet: Re: chute libre   chute libre EmptyVen 13 Mar - 22:50


chute libre
Sous la ligne de flottaison, les poumons gorgés d'eau, l'asphyxie m'étouffe, mais aucune peur ne me traverse. J'ai le sentiment de voyager au travers du vide et que pour la première fois il ne m'effraie pas. Je marche au fond de l'océan où dans les abysses m'attendent les larmes qui ne coulent pas.

J'entends ma voix qui m'appelle, sanglote. Je ne ressens rien cependant. Je suis vide de tout, légère et lourde à la fois. La douleur est en face, dans cette autre moi à laquelle j'ai cru, en cette autre moi perdue, vagabonde, déchirée.

« Cassandre. »

Je me suis appelée, et je me suis retournée. Je me suis regardée, regardé ce corps abattu, ce visage déconfit, les pomettes creusées par l'atrophie d'amour qui me ronge. Dans mes yeux j'ai vu la réalité des autres et toutes les illusions dont je me suis bercée. J'ai constaté pour la première fois la vérité de Cassandre. Celle qui avait toujours été là, et que j'avais refusé de voir.

«  Ce n'est pas de ta faute, Cassandre. »

La honte m'habite, m'empoisonne. J'ai des convictions contraires qui se battent à l'intérieur de moi. Je me sens coupable, je me sens mauvaise, je me sens porter la responsabilité du malheur des autres et le mien, le malheur du monde mais surtout le mien.

« Abandonne les autres. »

Les autres
M'ont assassinée.

« Tu n'es pas coupable d'avoir mal. »

Tout à coup les torrents emportaient tout autour. Il y avait enfin de la colère. Il y avait enfin le cri, le hurlement. C'était si injuste. J'étais une enfant innocente. Aimante. J'étais une enfant... lorsque vous m'avez arrachée, lorsque vous m'avez pervertie, lorsque vous m'avez abandonnée. Je me suis figurée être toxique. Je me suis figurée être malade. Je me suis figurée être un monstre qui faisait porter aux autres le poids de son propre mal.

Je n'étais pas injuste.

« Cassandre. »

Mais je m'en veux, car je me suis abandonnée. J'ai abandonné la seule personne qui compte réellement. J'ai abandonné la dernière personne qui, à la toute fin, méritait que je sois là pour elle.
Pardonne-moi.

« Ce n'est pas l'heure, Cassandre. Réveille-toi. »

Mon corps, tout à coup, me paraît lourd. Le bruit du cardiogramme est assourdissant. Mon crâne est douloureux et je sens peu à peu les sensations des perfusions dans mes bras, des tuyaux dans mes narines qui m'approvisionnent en oxygène. La douleur s'installe doucement, s'invite auprès de moi.

Et je pleure.
De la sentir, de me sentir moi.
Je pleure de voir que je suis en vie.
Que tout n'est pas trop tard.

Ma voix est cassée, se lève au rythme de mes paupières ; lentement, difficilement, mais se lève tout de même.

« Je veux vivre. »

Le sanglot qui menace dans ma gorge obstrue mes poumons et me fait froncer les sourcils. Le courant électrique qui m'assaille les nerfs à chaque mouvement insipide que je m'autorise est insoutenable.

Mais Dieu.
Je vis.

« J'ai compris, Cassidy. »

J'ai voulu lui sourire, mais les appareils m'en empêchaient.

« J'ai fini avec ça. Je veux vivre pour moi-même. »

Ulysse Vermeil
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MessageSujet: Re: chute libre   chute libre EmptyVen 13 Mar - 22:53



chute libre
Quand elle a chuté, tu es tombé toi aussi.
Mais l'atterrissage fut moins rude, car la hauteur n'était qu'une illusion que tu as laissé te percuter de plein fouet. Tes os ne se sont pas fracturés, comme les siens. C'est ton coeur qui était définitivement en miettes, comme le sien.
Car à mesure que ton coeur bat, tu peux sentir ses palpitations à elle, vrombir en accord avec le tien. Comme les deux aiguilles d'une horloge qui se rejoignent et s'éloignent inlassablement. Vos deux systèmes étaient identiques et c'était normal : vous partagiez le même.

Cassandre aimait trop, et toi c'est elle que tu aimais trop Cassidy. Tu l'aimais à t'en étouffer, tu l'aimais jusqu'à saturation, au point que tes disques grillent, saturés. Jusqu'à ce qu'ils se rayent, grillés. Comment réparer les morceaux quand notre seul notion de l'amour et de l'affection se traduit par une violence, fiancée à la vulgarité ?
Dévoré par la précarité, plus de sable dans le sablier.

Elle a sauté, comme le dernier grain de sable incapable de faire partie d'une immensité, parti retrouver les dunes d'un désert sec et aride, pour s'oublier. Pour, sous le soleil intense, ne plus être capable de pleurer.
Mais c'est toi qui chiale Cassidy, à mesure que tu cours vers l'hôpital. Tu pleures de rage, de haine, envers toi même et envers la seule personne dont tu ne supporterais pas l'absence.
C'est elle ton paradis, et dieu sait que s'il existait, tu n'y trouverais pas ta place.
La seule vie qui vaut d'être vécu, c'est celle avec elle.

Nostalgique car le présent n'a jamais été à la hauteur.
Mais rappelle toi que c'est elle qui a chuté. Alors remonte la pente, à ses côtés.

Tu débarques dans la chambre d'hôpital, essoufflé et couvert de sueurs. T'as couru à t'en faire des ampoules au pied, à dérailler ton souffle qui peine à retrouver la manière de respirer. Silencieux et grave, tu t'approches du lit ou tu la toises d'un amour détraqué. Elle dort encore, dans le coma, mais tu sais qu'elle t'entendra malgré tout.

— « Quand t'as mal, je le sens. Tu l'as oublié ? Ne cherche pas à me duper. Je suis toi autant que tu es moi. »

Elle arrête.
Cette affirmation, tu pourrais en être fier si tu avais pas des hauts le coeur pour t'empêcher de sourire. Le dégout, de la voir aussi forte dans un corps aussi affaibli.

— « Il a fallu que tu frôles la mort pour commencer à vouloir vivre. »

Tu passes la tête dans tes mains pour évacuer les pleurs rauques qui s'échappent comme des râles d'agonie. D'un revers de main, tu essuies tes yeux et inspires profondément. Tu poses ta main forte sur le haut de son crâne pour caresser affectueusement ses cheveux.

— « C'est moi qui ait fini avec tout ça. Fini de me forcer à être absent, et à croire que rien faire est la solution. Je veux pas devenir comme notre père, ou pire, comme mère. Je prendrai soin de toi. Si tu dois aimer, aime moi. Parce que moi je t'aime plus que tout. T'es la seule chose qui compte et qui a toujours compté. Parce que si tu crèves, je crève. »

Avec pudeur, tu t'écartes pour poser tes coudes sur tes cuisses, et l'observer avec un bonheur nostalgique.

— « On va s'en sortir. »


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