Chanceuse était-elle que de naître avec une cuillère d'or dans la bouche. Ses parents détenteurs d'un empire de cosmétiques. Abondance qui avait parsemé son quotidien, comblant trop souvent l'absence de ses parents obnubilés par une croissance toujours plus éclatante de leur entreprise. Éternels insatisfaits, vanité qui avait écorché leur fille de solitude. Abandon apaisé de ces escapades en compagnie de la jeunesse dorée, les festivités redondantes dès l'adolescence. Petite princesse gâtée jusqu'à la moelle ayant fréquenté les plus illustres bâtiments, effervescents des plus richissimes êtres de Paris.


Vie de rêve qui vrilla à l'enfer sur terre lors de sa première année lycéenne. Elle s'était échappée de sa villa cette nuit étoilée en compagnie de son bien-aimé, délaissant les autres amitiés déchaînées au gré des festivités. Aventure néanmoins retardée, le téléphone portable d'Odessa complètement oublié. La demoiselle regagna le château familial une fois la promesse de rejoindre le plus tôt possible son tendre ayant épousé ses lèvres. La quête inattendue s'éternisa, la contraignant à vagabonder à l'étage où gisaient une dizaine de chambres, scrutant l'intérieur de chacune d'entre elles pour achever les caprices de l'objet tant désiré. Un hurlement de terreur essouffla subitement ses cordes vocales lorsqu'elle pénétra au sein de la septième pièce. Une sanguinolente carne était silencieusement échouée sur les draps, ruinant leur immaculé d'un flamboyant carmin. Le rez-de-chaussée alarmé, les vibrations musicales se turent et les lycéens s'amoncelèrent auprès d'Odessa. L'horreur qui s'exhiba à leurs prunelles les médusèrent, désarmés face à la macabre silhouette de Vesper, amie désormais profondément regrettée. La police fut finalement alertée et les assourdissantes sirènes fendirent la nocturne obscurité. Le statut de ces riches héritières et héritiers se ternit subitement, estampillé de la déshonorable mention de suspect. Les interrogations déferlèrent sur le champ au poste et les voilà qui s'acharnèrent à clamer leur innocence, accusant outrageusement Odessa de s'être disputée l'après-midi même avec la décédée. Cruciale vérité dont ils étaient persuadés d'être leur salut insoupçonné. Coïncidence qui poignarda glacialement la demoiselle dont la réputation fut entachée de celle de meurtrière. Elle avait tenté de se forger un alibi, preuve qui vrilla en éclats d'entre les lèvres même de son bien-aimé qui avoua son abandon de sa part à son égard pour récupérer son téléphone. La détresse enserra les tripes de la jeune fille qui, en quête de support fut saignée de l'ignorance de ses camarades qui lui tournèrent tous le dos. La morbide scène fut ratissée, dérobée des moindres empreintes et preuves destinées à incriminer le véritable coupable. Chambre contaminée des empreintes de la lycéenne, agrémentées de celles d'un inconnu qui fut peu après retrouvé. Un jeune homme à l'identité méconnue de tous qui s'était introduit par effraction dans la demeure pour l'en dérober de ses plus onéreuses propriétés avait-il clamé. L'arme ayant ôté la vie était pourtant jonchée de ses empreintes digitales. Coup de grâce qui relégua Odessa au rang de complice de meurtre à ses côtés. Funeste conclusion qui la fit s'écrouler dans les bras de ses parents dont le monde commença à s'ébranler.


Le procès les avait tous réunis. Le tribunal asphyxié d'émotionnelles tensions, les interrogations et les plaidoiries se succédèrent, soucieuses de démêler les mensonges de la vérité. Le verdict martyrisa les deux accusés de sa férocité. Destinée à être catapultée derrière les barreaux, Odessa déversa son désespoir contre sa mère. Réconfort qui lui fut arraché pour aliéner ses poignets de menottes aciérées. S'armant de résistance face aux force de l'ordre tentant de l'emporter et hurlant à l'agonie son innocence, ses parents se heurtèrent à l'âpreté de leur propre impuissance, également maîtrisés de leur côté par d'énièmes policiers.


Trois années s'écoulèrent depuis cette tragédie. Trois années au terme desquelles les parents de la demoiselle s'abandonnèrent à leur désir le plus fervent, vocalisant à leur fille leur souhait de voir leur demande d'appel acceptée et accompagnée de sa libération au bout d'un ultime procès, faute de preuves véritablement tangible pour l'incriminer définitivement. Requête assouvie. L'énième jugement réunit à nouveau les amitiés d'antan désormais déficelées. Les preuves furent réexaminées et l'on décréta que le corps de la victime arborant les traces génétiques des deux condamnés fut partiellement contaminé, la présence des empreintes de la lycéenne au sein de chaque pièce du château parfaitement naturelle, l'immense bâtisse ayant été sa demeure depuis sa naissance. La voilà ainsi soulagée d'un acquittement tandis que le jeune homme retourna en prison pour purger sa peine allongée, l'arme criminelle noyée de ses uniques empreintes. L'effondrement de joie retentit et l'être autrefois chéri du myocarde de la demoiselle s'empressa de l'apaiser de ses excuses qu'elle ignora glacialement.


L'empire familial qui avait entièrement perdu de son éclat redorerait son blason à l'issue de cette bavure juridique. Une fin heureuse rappelant celle des contes et légendes pour enfants. Pourtant, la rancoeur ravagea Odessa, ses quelques années dérobées jamais oubliées. Fureur qui s'intensifia lorsque ses parents l'abandonnèrent finalement à leur tour à cette académie réservée aux êtres doués de capacités exceptionnelles une fois son alice découvert, activé d'un excès de colère. Le malheureux l'ayant généré, également doté du sien qui alimentait sa condescendance, fut ensevelit de surprise lorsqu'il fut pris à ses propres manigances ...