Rejoins moi à la fontaine dans 20 minutes Stp On dépose le mot dans la main rapidement parce que ça fait bien trop longtemps qu'on ne s'est pas parlé, et juste après on s'éclipse des couloirs pour aller se poser directement contre le rebord de pierre de la fontaine. Tu ne lui refuseras pas ce rendez-vous imprévu et c'est parce qu'elle en a conscience que dans sa légère culpabilité elle t'as donné vingt minutes. Elle aurait pu te demander tout de suite que ça aurait été pareil, pas vrai ? Parce qu'elle avait besoin de te parler autrement que via l'écran et le haut-parleur d'un téléphone -de toute façon t'en as plus-, parce que depuis ces mois à vous esquiver même sans volonté elle mourrait d'envie de te revoir et de te serrer dans ses bras. Sincèrement. Elle avait besoin de te parler pour te dire à quel point tu manques dans sa vie et que les brefs salut qui ponctuent quelques rares fois vos semaines, elle en a marre, Asmodée.
Et puis. Tu sais. Tu as gagné une étoile maintenant, alors elle doit te féliciter.
Elle est sincèrement contente pour toi tu sais ? Parce qu'elle te l'a déjà dit, elle t'encouragera tant qu'elle le pourra.
Le reste du temps en t'attendant elle avait fermé les yeux, décidant pour une fois de se laisser bercer par le vent froid dans ses cheveux et les clapotis des gouttes tombant dans l'eau -après les événements de récemment il fallait bien un peu de repos- et puis bizarrement lorsqu'elle les a rouvert tu étais tout près d'elle, comme un mirage auquel elle ne croyait pas vraiment. L'effet de sa micro-sieste pas tout à fait dissipé, sans doute.
Une main qu'elle passe tendrement dans tes cheveux, une mèche qu'elle replace d'ailleurs discrètement derrière l'oreille et un sourire, ce sourire radieux et chaleureux qui précède l'étreinte soulagée qu'elle t'adresse en comprenant que tu es bien plus vrai qu'un simple rêve de ta présence.
« Ça fait longtemps.. soufflé au creux de la nuque avant qu'elle ne se retire pour reprendre une distance plus acceptable. »
Alexis en profite pour te détailler rapidement, toi et ton visage aux traits si fatigués, toi et cette lueur dans les yeux qui semble si enragée. Qu'est-ce qui t'a fait changer à ce point, Asmodée ?
« T'as l'air d'un cadavre, ça fait combien d'temps qu't'as pas dormi ? »
le loup en cage, les barreaux resserrés, la louve inquiète
les crocs sortis
Asmo est vide, vide de l'intérieur.
Son cerveau au bord de l'implosion, ses émotions chaotiques, son alice prêt à vriller. Les nuits sont interminables dans cette trop grande chambre. Les étoiles parlent du désespoir d'Amaryllis et de son sang qui ne cessait de couler. La haine d'Asmo pour l'académie s'embrase, flambe et va tout ravager. Il déchirera son étoile, la crachera au visage de Collins. Parce qu'il n'en a plus rien à foutre. Plus rien.
Le mot entre ses doigts est la promesse d'un bonheur à double tranchant. La douceur d'Alexis contre ses mots, sincères, il le sait mais inappropriés, si peu lui. Néanmoins, il y va, parce qu'au fond, il espère qu'elle se taira et se contentera de le serrer contre elle, d'absorber son désespoir et sa rage.
Il s'avance vers elle, à demie assoupie sur la fontaine. Elle ouvre les yeux et il est là, fantôme sombre aux cernes abyssales et aux lèvres tirées par la gravité. Mais, la douceur des gestes rallume un feu doux dans son cœur. Alexis ne le trahira jamais, elle ne rejoindra pas les Novas, elle ne tentera pas de partir. Il a mal parce que son monde s'effiloche, qu'on a réveillé une bête en lui et ceux qui savent la calmer lui ont tourné le dos.
Il se perd dans cette étreinte, ses doigts caressant la chevelure cuivrée.
- Trop longtemps ...
Il la détaille. Elle ne semble pas avoir souffert de l'alarme et de tout le reste. Discret soupir de soulagement. Sa remarque le fait sourire.
- Le sommeil a décidé que je devrai faire sans lui pour quelques temps je crois. Haussement d'épaules. Mais tranquille en vrai, j'ai l'habitude. Et toi la belle ? Comment ça va ? Avec tout ce qu'il s'est passé et tout ?
Il sort un vieux paquet de tabac et se roule une clope qu'il glisse entre ses lèvres. Son cœur bat étrangement lentement, comme en léthargie. Anesthésié par tout, par le monde.
Elle fait la moue parce qu'elle connaît par coeur cette capacité que tu as de tout prendre sur toi en faisant comme si le monde allait bien -pourtant ça ne va pas, pas vrai ? Ça se voit rien qu'à ton visage Asmodée, et elle te le fait bien comprendre même si elle ne le dit pas vraiment. Et toi ? On en revient à l'habitude, un sourire à peine qu'elle laisse échappé avant de se remettre correctement sur le rebord de pierres. Ce n'est plus toi qu'elle regarde à présent mais le paysage qui s'offre à ses yeux, et un soupir vient franchir ses lèvres après l'inspiration d'air pur. Ça fait du bien.
« Bof. Dans ma spé on est un peu entraînés à ce genre de truc. C'est choquant à vivre mais j'm'en sors bien. »
Y a pire quoi. Genre toi.
Une œillade qu'elle te lance en sous-entendu tandis qu'elle se tâte à poser la question qui lui brûle les lèvres. Enfin, les, mais elle n'a pas vraiment conscience que si l'une passe l'autre ne pourra pas. Finalement elle décide que réfléchir c'est pas vraiment pour elle, alors les mots s'envolent et tant pis pour les dégâts. Vous aviez l'habitude de les réparer, non ?
« J'suis pas au courant de tout, mais qu'est-ce qui s'est passé pour qu'on t'file une étoile comme ça ? »
Est-ce que c'est pour ça que tu dors plus la nuit ? Félicitations, Asmodée Y a pas que ça, pas vrai ? Qu'est-ce qui t'ais arrivé ? J'suis vraiment contente pour toi. Bravo !
Elle ne sait plus quoi penser, espère que tu sauras éclairer son esprit embrouillé, mettre des mots sur ses craintes, lui donner tort quant à celles-ci, la faire espérer au moins un peu que tout va bien ? Que ce n'est pas si grave et qu'elle ne te sourit pas en regardant le ciel pour rien.
le loup en cage, les barreaux resserrés, la louve inquiète
les crocs sortis
La flamme qui lèche le bout de sa clope est vacillante. Comme lui, un équilibre fragile rompu, un empire qui s'effondre, le roi du grenier déchu de son trône. L'ami fidèle absent, la descente aux enfers de la plus forte d'entre tous, de la plus fragile d'entre tous. Les échecs s'accumulent et Asmo commence à ployer sous leur poids.
Il est debout à côté d'elle et sa crinière de cuivre sous le vent. Elle fixe le vide, le lointain, comme lui, toujours, tout le temps. Elle répond et sa voix parait lisse. Les souvenirs qui virevoltent devant ses yeux sont exempts de coups de feu et autres enfants blessés. Il ne sent pas, n'entend pas le sous entendu, peut être qu'il l'ignore. Perdu dans ses pensées.
Et elle parle à nouveau alors que le silence était doux et rassurant. On avait appris qu'Alexis allait bien, c'était bon. Pas besoin de s'inquiéter pour Asmodée. Jamais besoin de s'inquiéter pour Asmodée.
Ses épaules se crispent et la clope se casse entre ses doigts. Son regard orageux fixe l'horizon.
- J'me suis fait tirer dessus par un militaire et j'ai croisé un gosse russe qui en cherchait un autre avec un alice surpuissant. Ils m'ont filé une étoile pour conduite héroïque ou j'sais pas quelle hypocrisie à vomir.
Pause. La rage et la haine dans sa voix la rend acide, venimeuse presque. Il tente de détendre ses épaules et sort une nouvelle clope qu'il allume rapidement. Sourire tendu sur les lèvres sèches.
- Mais t'inquiète, je la perds bientôt, m'enterrez pas trop vite, je reviens vite caresser les vraies étoiles avec vous.
Il dit ça d'un ton détaché, comme une évidence, sans penser aux envies d'Alexis, à son envie d'étoile justement, lui qui jette ce qu'il considère comme un faux privilège, elle le guette depuis si longtemps sans jamais l'avoir.
Mais cloisonné dans son monde qui s'écroule, Asmo ne fait plus autant attention qu'avant.
J'me suis fait tirer dessus par un militaire. Elle n'a pas fait attention à son regard qui s'est posé sur toi presque instantanément après ces mots. La suite lui avait glacé le sang et pourtant elle n'avait rien répondu. Que répondre à ça, Asmodée ? Que répondre à ta colère, à ta haine ? Que répondre quand elle sait, tout au fond d'elle-même, de vous, qu'il y a encore autre chose -que tu es bien plus à cran que d'ordinaire mais qu'elle n'ose pas demander parce qu'elle est effrayée d'en connaître la réponse.
Dis, Asmodée, est-ce que tu le sens toi aussi, le royaume qui s'effondre ? Est-ce que tu perçois les fissures de vos désirs et les failles qui s'agrandissent ? Alexis ne sait pas comment interpréter son coeur qui se serre, mais elle ressent la douleur d'une tristesse bien trop grande pour qu'elle soit capable de la porter seule. Elle ressent la peur, la colère et la détresse que vous dégagez tous les deux. Vos ambitions qui s'effritent, les chemins qui se séparent et le gouffre entre vous deux qui n'a jamais été si imposant.
Mais t'inquiète. Elle a peur. Je la perds bientôt. Le vide est si grand. M'enterrez pas trop vite. Le vertige lui fait perdre les pédales.
Je reviens vite caresser les vraies étoiles avec vous. Elle ne comprend pas pourquoi Tout S'est Cassé D'un coup.
« Les vraies étoiles... ? »
Ni pourquoi le simple fait de murmurer ces mots fait si mal ni pourquoi elle refuse d'être d'accord avec toi -de t'écouter. La discussion est rompue, c'est fini. Fini Asmodée. Elle ne te regarde plus.
« T'es vraiment trop con Asmo, et cette fois ça sonne bien plus insultant qu'à l'hôpital l'été dernier. Le ton monte, il est tranchant et les traits de son visage ne sont plus tristes, seulement bien trop énervés. Pourquoi tu profites pas de ça ? Pourquoi tu t'élèves pas Asmo ! Pourquoi tu penses pas à ceux qui aimeraient être à ta place !? »
Pourquoi fallait-il que vous soyez si différents tous les deux ?
le loup en cage, les barreaux resserrés, la louve inquiète
les crocs sortis
Asmo connait Alexis aussi bien que lui-même, peut être mieux. Pourtant, il est incapable de discerner le gouffre qui s'étend en eux. Il ne voit pas comment il éloigne Alexis de lui, comment chacun de ses mots creuse le gouffre entre eux. Il y a une fissure depuis cet été, des sentiments inavoués et perdus dans la culpabilité.
Il sent son regard sur lui. Il sent son inquiétude tout d'abord mais, tout va bien, il n'a rien, promis. Juste l'âme en morceaux, mais on a toujours été un puzzle mal rangé, alors ça va. La fumée se délite dans l'air froid et le regard d'Alexis le quitte courroucé, déjà en colère. Il réalise, regrette ses mots instantanément. Mais il y a encore l'humiliation qui brûle alors son visage se tord en un rictus mauvais.
- Tu connais mon point de vue sur ce système Alex, je n'accepterai rien d'eux surtout pur un prétexte aussi bidon. Il est hors de question que je profite de quoique ce soit.
Il soupire, passe une main nerveuse dans ses cheveux, arrache quelques fils noirs à sa tignasse emmêlée.
- Je sais que t'en veux toi des étoiles et putain, si je pouvais j'te la donnerai, tu le sais. Mais là j'ai qu'une envie, l'arracher et la faire bouffer à Collins et à tous les autres. J'suis peut-être égoïste mais j'ai des principes.
Voix froide sèche, cassante même, encore un peu rauque des nuits passées à pleurer et à se demander ce qu'on a foiré. Être triste loin de chez soi, ça fait mal, Asmo se sent d'autant plus seul face à ses démons.
Pardon Alexis, que tu en payes le prix, le prix de la rage et de la colère.
C'est amusant que tu parles d'égoïsme, Asmodée. C'est amusant car de vous deux, tu as toujours été celui qui se montrait le plus conciliant, tu sais ? Malgré vos visions du monde opposées jamais tu ne lui as imposé la tienne. Alors dis Asmo, qui de vous deux est réellement égoïste aujourd'hui ? Pourquoi est-ce que tu prends toujours tout sur toi pourquoi est-ce que tu la protèges comme ça ? Elle ne comprend pas Alexis, elle ne comprend pas pourquoi t'es encore capable d'aimer quelqu'un comme elle alors que même elle même elle Asmo t'entends !? se déteste
Elle se déteste de prendre autant à coeur des paroles qui d'ordinaire ne l'atteignent presque plus.
Elle se déteste d'avoir envie de te frapper à chaque mot que tu continues de prononcer.
Elle s'en veut de ne pas être capable de t'écouter. Sans en connaître la raison.
Alors y a le poing qui se serre si fort que les jointure en deviennent blanches et puis au dernier mot que tu prononces il se lève pour s'écraser avec force contre la pierre de la fontaine. Ça se fissure, la pierre comme les doigts très certainement mais elle s'en fiche elle ne sentira pas la douleur dans sa main tant qu'elle aura la rage contre toi.
« J'en veux pas ! J'en veux pas Asmo putain ! »
Ni de ton étoile ni de tes excuses.
« J'veux réussir les choses par moi-même pour une fois ! »
J'veux qu'on soit fier de moi. J'veux arrêter d'être seulement une moins que rien. J'veux pouvoir être plus forte.
Pour mieux tous vous protéger. En oubliant de vous écouter.
« J'veux plus dépendre de qui que ce soit, ni de toi ni de personne Asmo. »
J'veux pouvoir rentrer chez moi avant de perdre le peu de dignité qu'il me reste.
Alors dis, Asmodée, c'est toujours toi l'égoïste ?
Accueil 
Calendrier 
Dernières images 
FAQ 
Rechercher 
Membres 
Groupes 
S'enregistrer 
Connexion 
Sujet: Hear me (asmodée) 
