Des idées stupides qui traversent l’esprit mais y restent un moment. Des idées stupides qui obsèdent, qui crient, toutes en chœur « réalise-moi ! » et qui refusent de le laisser en paix. La réflexion poussée à son paroxysme, les doutes. « Dois-je le faire ou est-il mieux de laisser couler ? » et les hésitations.
Bordel, c’est tellement con.
Yi observait beaucoup Klaus depuis qu’ils avaient entamé une relation un peu plus qu’amicale. Premièrement, parce qu’il le trouvait beau et qu’il n’allait pas se priver de l’admirer. Il le lui disait, parfois. Se permettant, de temps en temps, de lui envoyer un SMS juste pour lui signaler ce fait. C’était ridicule, c’était niais, mais il ressentait le besoin de confirmer à Klaus qu’il était important pour lui pour qu’ils ne s’éloignent jamais. Mais aussi parce qu’il était la muse de son inspiration farfelue. Ça, il ignorait si c’était un véritable compliment, mais était-ce si dramatique ? Ça restait secret, au fond de son cœur. Il avait envie de faire des choses avec le jeune homme. Il avait envie d’expérimenter, et tant pis si ça ne se passe pas bien.
Il aimait l’entraîner dans des histoires abracadabrantesques qui poppaient aléatoirement dans son cerveau. Lui geindre qu’il était la personne parfaite pour ces « missions » étranges et qu’il avait urgemment besoin de lui. N’était-ce pas une excuse pour passer un peu plus de temps à ses côtés en dehors du côté charnel ? Sans l’ombre d’un doute, mais plutôt mourir que de l’admettre purement et simplement.
Yi aimait se faire peur. Il se disait dur, résistant et prêt à bomber le torse face à tout – en soi, que risquait-il ? Il était un dragon – mais il avait besoin d’être protégé et de savoir qu’il n’était pas seul face au danger. Dernière idée stupide en date ? Passer la nuit dans la forêt. Avec Klaus, évidemment. Tout seul, il aurait bêtement peur, et il s’ennuierait comme un rat mort. Après de longs jours d’hésitation, il avait proposé son projet au principal intéressé et fut heureux de ne pas se trouver repoussé.
C’est super !
Très impatient, il avait mis tout en place. Il avait défini d’une date, d’un lieu de rendez-vous. Il s’était préparé psychologiquement au mieux. Et le jour précédant cette folle aventure qui les mènerait il ne savait où, il avait glissé un tas de choses dans un grand sac : des couvertures, des lampes torches, un kit de survie en cas de bobo – il serait bien capable de s’égratigner en tombant, tiens. Le lendemain, il avait passé la journée en cuisine. Faudrait bien qu’ils mangent ! De nombreux sushis avaient été réalisés, aux goûts divers et variés. Deux sandwiches, également. Et plein de bouteilles laissées fraîches dans un sac approprié.
C’était parfait.
Joyeux, impatient, mais aussi inquiet par ce qui l’attend, il arrive le premier au lieu de rendez-vous, chargé comme un âne. Il s’est habillé chaudement, peut-être un peu trop. Écharpe, bonnet, gants. Il ne tient pas en place, et ne cesse de lancer des regards vers l’endroit d’où Klaus devrait arriver.
Ca lui avait d’abord fait hausser un sourcil. Puis finalement éclater de rire. Les idées de Yi ne manquaient jamais d’originalité. Et il avait accepté. Klaus avait accepté de l’accompagner dans un ses nouveaux défis.
La forêt maudite donc. Y passer la nuit.
En y réfléchissant désormais, Klaus n’est plus tout à fait certain que cela soit l’idée du siècle. Pourtant, il en a passé plusieurs des soirées clandestines là-bas. Mais voilà. Pas la nuit entière. Ne pas respecter le couvre-feu est une chose, ne pas rentrer du tout en est une autre. Non pas qu’il tienne tant à son étoile, non, mais l’idée d’attirer des ennuis à son ami, cela l’embête un peu plus… A-t-il vraiment pris tous les facteurs en compte ? Est-il certain que l’excitation d’un moment un peu flippant en vaille vraiment la peine ?
Improbable. Pour une fois, il est celui qui passe pour le rabat-joie. A croire que Yi lui fait un peu trop tourner la tête. Ce qui n’est pas totalement éloigné de la vérité quand il repense à la façon dont leur relation s’est peu à peu métamorphosée, sans savoir véritablement la nature de ce qui les unit aujourd’hui. Un ami, un confident. Un amant parfois… A l’abri des regards. Leur jardin secret à eux. Et quelque fois, il doute. A peur de leur avenir. De gâcher tout ça et de le perdre. Et il se rappelle douloureusement avoir déjà emprunté le même chemin tortueux avec un autre être cher… Préférant prendre finalement l’initiative de retrouver une relation purement platonique avec son acolyte de toujours, Asmodée.
Et Klaus ne comprend pas bien lui-même la nature de tous ses sentiments qui le traversent. Oscillant entre craintes et désirs. Sa seule certitude ? Vouloir préserver cette amitié précieuse. Alors si cela doit passer par une nuit camping improvisée dans une forêt alors, pourquoi pas.
Sans vraiment y réfléchir plus longuement, il sort donc de sa chambre, un sweat-shirt à capuche enfilé à la va-vite, son téléphone dans sa poche, un paquet de clopes dans l’autre. Et après quelques minutes de marche, il ne tarde pas à apercevoir Yi. Avec sa longue chevelure claire, difficile de ne pas le remarquer immédiatement. Parfois, en admirant ses interminables mèches de cheveux, il regrette un peu d’avoir couper les siennes. Puis il se rappelle les raisons légitimes qui l’ont poussé à raser une partie de son crane…
« Putain mais… t’as ramené toute ta chambre dans ton sac pour qu’il soit aussi gros ?! »
Et il réalise que lui, au contraire, est venu sans rien. Quel abruti. Et il a déjà envie de se donner une baffe, se contentant pour le moment de rouler des yeux en soupirant.
« Merde, fallait que je ramène quoi ? »
Il finit de s’avancer vers lui pour mettre un terme aux derniers mètres qui les séparent, adressant finalement un sourire à son ami emmitouflé sous plusieurs couches de vêtements.
« Un vrai petit esquimau. »
Déposant au passage un baiser furtif sur son front.
Les secondes, semblables à des heures pour l’homme impatient, défilent sous le regard doux de Yi et enfin celui qu’il attendait avec tant de hâte paraît. Sourire ravi qui fleurit sur ses lèvres, le cœur qui bat un peu plus vite. Le bonheur de le retrouver, avec la promesse de passer un agréable moment. Cet instant pour lequel il se languissait depuis maintenant quelques jours, peinant à trouver le sommeil. Comment l’expliquer ? Doit-il seulement l’expliquer ? Ça n’a pas d’importance, après tout.
Yi s’est bien préparé. Il a tout calculé. Fidèle à ses habitudes, il tient à ce que chaque détail soit réglé à la perfection dans un engrenage sans défaut. À aucun moment il ne doit décevoir Klaus, le rendre fâché ou triste. Seul le bonheur doit primer ce soir – au détriment, peut-être, de son propre bien-être. Mais il ne se pose plus la question.
Sans surprise, le jeune homme arrive sans rien. Sans surprise, il s’étonne de tous ses sacs. Et à Yi de tirer la langue.
– Mieux vaut trop que pas assez !
Il croise les bras sur sa poitrine, la glacière contenant boissons et nourriture posée à ses pieds. Comme souvent, il fait faussement la leçon à Klaus. Lui en veut-il de son attitude désinvolte ? Pas le moins du monde. Avec les années, il a appris à le connaître et à l’apprécier comme il est.
– J’ai pensé à notre confort : couvertures bien chaudes pour la nuit, lorsqu’on se posera quelque part. Boissons et nourriture. Trousse de premiers soins au cas où on tomberait dans un piège affreux et lampe-torche même si ça attire le Slenderman.
Il sourit de toutes ses dents, juste heureux de se tenir en face de lui.
– Parce que si je devais compter sur toi, nous pourrions mourir de froid, de soif et faim dans les bois ! Quel garçon malheureux je suis !
Main qui fait voleter la longue chevelure qu’il a oublié d’attacher avant de venir en mode Pantène, yeux qui rejoignent le ciel, faussement agacés. Il est théâtral. Et ça le fait rire bêtement, pouffer. Un regard aux alentours ; personne. Ses bras entourent le cou de son ami, ses lèvres se déposent sur les siennes rapidement et il se retire promptement. Son sac à dos quitte ses épaules et est tenu à bout de bras direction le « touriste ».
– Tiens, cadeau ! Moi, je garde la nourriture !
Et ainsi débarrassé – car il ne laisse pas le choix à son partenaire d’infortune d’accepter le présent volumineux dont il se plaignait quelques instants auparavant – il peut attacher cette encombrante chevelure en un chignon négligé.
– J’en ai fait plein pour l’occasion, j’espère que tu apprécieras ! – et puis, soufflant, les yeux brillants de malice – J’ai même apporté de l’alcool !
Sans plus attendre, il prend la route direction l’enfer de l’Académie.
Ses yeux s’agrandissent. Il en est bouche bée. Yi a vraiment prévu tout ça ? Mais… à quel moment on lui a dit que ça allait être une putain d’expédition ? Klaus a comme l’impression que certaines informations lui sont pas parvenues. Ou alors, qu’il a oublié de faire fonctionner son cerveau avant de le rejoindre. La deuxième option étant la plus probable…
Faut dire qu’il a pas véritablement l’habitude de faire du camping sauvage. La forêt maudite, il la connait simplement pour les soirées qui ont pu y avoir lieu là-bas. Du reste, c’est à peine s’il sait à quoi ressemble une tente. Alors de là à anticiper les moins détails d’une nuit à la belle étoile… Quoique, il aurait quand même pu penser à ramener une simple couette.
« Et ton esprit d’aventure hein ?! Moi j’vis à la dure ! » A peine exagéré pour un garçon qui a passé le plus clair de sa vie dans un grenier. A galérer pour avoir des repas convenables et encore plus pour dormir dans un lit digne d’être confortable. « Et puis j’te rappelle que c’est ton idée hein ! Moi je fais que me plier aux exigences de monsieur… »
Il le regarde amusé, pas dupe que ses excuses bidons n'auront pas gain de cause. Yi le connait trop bien pour ça. Et son esprit s’envole alors furtivement ailleurs lorsque ses lèvres glissent sur les siennes. Toujours un peu surpris par cette proximité qui s’est instaurée entre eux mais avec l’étrange sentiment contraire qu’il n’imaginerait pas ça autrement. On s’habitue vite à ces petites choses douces et agréables… Mais il réatterri tout aussi brutalement.
« Hein ? Quoi ?! J’dois porter ça ?! » Choqué, il regarde l’énorme sac qui trône désormais à ses pieds. Avec la légère sensation de s’être fait avoir. « Putain mais quelle princesse ! »
Mais il se plie pourtant rapidement à cette exigence. Parce que ça paraît plutôt normal. Et parce que c’est Yi. Et un soupir s’échappe alors qu’il passe le sac sur son dos, grognant encore un peu avant de commencer à marcher vers la forêt.
« Ouai bah j’espère que t’as ramené suffisamment d’alcool, je sens que j’vais en avoir besoin pour surmonter cette nuit ! »
Même si se prendre une cuite dans de telles circonstances ne serait franchement pas la meilleure des idées... Ca lui permettrait tout du moins de se réchauffer, vu le simple sweat qu’il porte sur les épaules.
Et des bruits d’animaux attirent déjà son attention alors qu’il marche entre les arbres.
« J’te préviens, si un truc essaie de nous bouffer, j’te balance en premier ! »
Bien qu’en y pensant, étant accompagné d’un dragon, Klaus a tout de même peu de chance qu’un vulgaire prédateur vienne s’en prendre à eux.
Parfois, avec Klaus, Yi était heureux d’être sourd. Car son son flux de râleries était incroyables. Bien sûr, en contrepartie il manquait quelques informations capitales mais… qu’est-ce qu’il pouvait ronchonner, ce jeune homme qu’il appréciait tant !
– Mon esprit d’aventure va très bien, merci ! Je quitte mon lit moelleux pour passer une nuit en ta compagnie dans le froid, seuls au milieu des fantômes, je me pense assez courageux ainsi !
Il ne peut s’empêcher de rire face à l’insolence de son ami. Gentiment, il lui donne un coup de poing sur l’épaule et poursuit son chemin d’un bon pas, de très bonne humeur et heureux d’être là. Ils vont passer une bonne soirée. Il va tout faire pour que ça soit le cas et pour que Klaus aie envie de recommencer.
– La princesse, comme tu dis, s’est levée aux aurores pour que tout soit parfait ! Elle a passé la journée en cuisine à te préparer fidèlement de bons petits plats, que tu as d’ailleurs l’intérêt d’apprécier si tu ne veux pas être gavé comme un canard par mesquine vengeance. Je t’ai déjà dit que je t’aimais ? rit-il pour atténuer la méchanceté de ses propos.
Il se met sur la pointe des pieds et embrasse sa joue. Bientôt, il fera totalement noir et il ne pourra plus dialoguer avec Klaus. Il sera obligé d’utiliser son téléphone chargé à bloc pour lui passer ses jolis messages plein d’affection. Mais pour l’heure, il peut toujours l’embêter, certes gentiment, mais l’embêter quand même.
– Il y en a assez pour endormir un troupeau d’éléphants, ne t’inquiète pas pour ça. Ma présence t’est-elle si insupportable ? Je suis outré !
Et il continue de rire, stupidement heureux. Ce n’est pas grand-chose, ce n’est qu’une aventure en dehors de son petit confort retrouvé depuis peu dans une chambre correcte… mais c’est énorme pour lui. Un moment dont il profitera de chaque instant, de chaque seconde, car ce sera peut-être le dernier. Demain, peut-être qu’ils se disputeront si gravement que les morceaux seront irréparables. Et ça lui fait peur, mais il n’y pense pas, parce qu’il veut être positif, joyeux.
– J’pense que je ne redoute pas grand-chose personnellement, et toi ? J’te regarderai te faire bouffer en mangeant mes sushis. Me remercie pas.
Bon, il fait définitivement trop sombre pour continuer à voir ce que Klaus peut lui dire sur ses lèvres. Ce n’est peut-être pas une mauvaise chose car la discussion ne vole pas très haut, mais la communication c’est important. Il ne veut pas passer la nuit dans un silence contrit à se regarder sans trop comprendre ce qui se passe. Le téléphone est bientôt sorti et, alors qu’il aurait pu l’exprimer de vive-voix – car, aux dernières nouvelles, il est le seul à ne rien entendre – il décide de retrouver le confort de l’écriture. Parce que parfois, ça fait du bien.
« Je te laisse nous guider, je ne suis jamais venu par ici. Essaie de trouver un lieu sympa où on pourra se coucher pour la nuit, où on sera bien pour se restaurer. Pas trop proches des bestioles de préférence, et où on ne nous trouvera pas. Cordialement. »
C’est bien d’écrire sans regarder où on va. C’est bien d’avoir l’air idiot et de finir allongé sur le sol – lui qui désirait un endroit cosy – après avoir trébuché sur une racine. Un cri d’effroi, le téléphone qui vole un peu plus loin, et la tête dans la terre.
Il n’y a bien que Yi pour prononcer des menaces de vengeance et enchaîner sur des mots tendres. Ces « je t’aime » balancés au gré de ses envies ont parfois la mauvaise habitude de rendre Klaus mal à l’aise, bien incapable de savoir les interpréter correctement. Mais ces inquiétudes s’effacent tout aussi rapidement, sous les lèvres d’un baiser claqué sur sa joue, qui lui fait instantanément oublier tout le reste. Et aussi qui le retient de râler à nouveau.
Il roule simplement des yeux, grogne pour la forme et regarde ailleurs. Un sourire qui se dessine finement au coin de ses lèvres. Cette nuit ne sera pas de tout repos, surtout si Yi continue à provoquer autant de montagnes russes sous sa poitrine… Et il balaye l’air de sa main, préférant snober les paroles de son ami. Un peu par amusement, un peu par facilité. Préférant se concentrer sur sa marche dans la forêt alors que l’obscurité se fait de plus en plus présente.
« Allez arrête de parler et regarder plutôt où tu mets les pieds ! Tu pourras plus les manger tes fameux sushis sur tu te casses les dents de devant ! »
Il se tourne vers lui amusé, un brin provocateur, imaginant ce beau visage édenté. Ce serait bien dommage. Mais pas suffisant pour le faire fuir. Juste assez pour qu’il s’approprie toutefois toute la nourriture gentiment préparé par son ami. Et il continue joyeusement de marcher vers l’inconnu, sans trop savoir où ses pas le guideront exactement.
Et Klaus ne pensait pas si bien dire en imaginant la figure abimée par une chute malvenue.
Il sursaute brusquement, surpris par le cri de Yi. Se retourne pour voir son ami affalé au sol. Tête la première. Ses yeux ahuris regardent la scène. Et il finit par comprendre avec un temps de décalage. Yi s’est bel et bien pété la gueule. Klaus est partagé entre une vive inquiétude et l’envie d’éclater de rire.
« Putain Yi ! » Il se précipite finalement vers lui pour l’aider à se relever. « Mais bordel, qu’est-ce qu’il s’est passé ?! »
Et le visage du dragon recouvert de terre l’achève finalement. Klaus se pince les lèvres. Ne. Pas. Rire.
Il s’est peut-être fait mal, cassé quelque chose… Le moment est mal choisi pour se moquer de lui. Mais c’est très dur de ne pas craquer. Il remercie la nuit qui tombe qui doit cacher un peu les traits de son visage. Il cherche son téléphone dans sa poche pour apporter un peu de lumière. Attrape le bras de Yi pour l’aider à se relever.
« Ca va ?! »
Il ne sait même pas s’il arrive à lire sur ses lèvres. Alors il tente de signer maladroitement en même temps, téléphone à la main, ses doigts fébriles à cause du fou-rire sous-jacent. Et il l’aperçoit enfin. Le téléphone tombé plus loin. Il se dépêche pour le récupérer, l’essuie un peu, vérifie que celui marche toujours. Et il tombe sur le message écrit par lui. Se mord la lèvre et écrit à la suite avant de le lui rendre.
« Et pas trop proche de pierres, racines, arbres, feuilles, ou n’importe quoi qui pourrait te faire tomber ? »
Il préfère finalement détourner le visage pour pouvoir enfin pouffer de rire. Pauvre Yi, aventurier du dimanche.
Yi n’apprécie que peu la sensation de saleté sur son visage, même s’il ne s’agit que de terre et de feuilles mortes écrabouillées. Yi aurait préféré éviter un superbe vol plané – il exagère à peine – qui lui a fait voir les étoiles, comme s’il était plongé dans un dessin animé. Si tôt, en plus ! Ils n’étaient partis que depuis dix minutes que déjà, il se ridiculisait et se salissait. Super début de soirée. Encore un peu, et il chouinerait pour rentrer, aller se blottir sous la couette, propre, et se plaindre toute la soirée de ses problèmes de maladresse – pourtant si rares.
Mais n’est pas aventurier qui veut. Et le garçon a tout si bien préparé à l’avance que ça serait dommage de tout gâcher à cause d’une chute et d’un peu de terre sur le bout du nez. Y’avait pire, dans la vie.
Il accepte l’aide de Klaus pour se remettre sur ses pieds – non sans quelques jurons glissés discrètement entre les dents, de toute manière, lui ne s’entend pas – et soupire longuement. Voilà qui est mieux.
Il observe son ami en silence, les lèvres pincées. Il l’a habitué à mieux venant de sa part, il se déçoit. Il aurait aimé continuer à lui montrer tout le bon et le beau qu’il y avait en lui, sans commencer à dériver vers des bêtises du genre. Mais qu’importe ! Ce n’est pas de sa faute – si – et ça arrive à tout le monde de trébucher lamentablement !
– Ça va, ça va…
Klaus ramasse son téléphone, lit le message qu’il y inscrivait avant ce petit moment grotesque. Et il lui répond directement. Ah. D’accord. Est-il en train de se moquer de lui ? Très clairement. Il l’observe avec attention, remarque qu’il se détourne. Ben voyons !
– Je sais très bien que tu rigoles, Klaus ! Ma vengeance sera terrible !
La mauvaise humeur déjà envolée par les rires de son ami alors qu’il ne peut même pas l’entendre. À nouveau, il trouvera une idée pour – gentiment – l’embêter, lui montrer qu’on ne peut pas lui marcher sur les pieds sans en payer le prix fort. Un peu de réflexion, et ça sera bon. En plus, tous les deux bloqués dans la forêt en pleine nuit, il ne le laissera pas s’échapper.
– Oui, de préférence. Un endroit chouette où on sera bien. Je n’aime pas avoir des cailloux sous les fesses, c’est désagréable.
Bon, ok. Écrire c’est chiant et dangereux. Alors c’est Klaus qui s’y collera vu que lui, il peut l’entendre mais que la réciproque n’est pas vraie ! Il verra si foncer dans un obstacle est agréable, et ça sera à lui de ricaner dans la joie et la bonne humeur.
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Sujet: stupid idea ♞ klaus 
