L’eau ruisselait sur ses épaules, si chaude qu’elle lui mordait la peau. C’était ainsi qu’Isis aimait prendre ses douches : brûlantes –assez pour lui laisser l’épiderme rougi sans non plus se causer des blessures qui la conduiraient à l’infirmerie. Le juste milieu de la douleur et de la confusion.
Elle trouvait une satisfaction étrange et peut-être un peu tordue à tromper son alice en s’aliénant ainsi les sens, aveuglée par l’eau et ses vapeurs et la peau trop occupée à combattre la brûlure qu’elle en oubliait de frémir au moindre courant d’air. Il s’agissait là d’un de ses rares moments de paix, qu’elle pourrait faire durer aussi longtemps que possible si elle le pouvait.
C’était sûrement parce qu’elle s’était réfugiée dans sa bulle qu’elle n’avait pas tout de suite senti la présence à l’extérieur de sa cabine de douche. Ce ne fut qu’une fois le robinet fermé et qu’elle se fut enroulée dans sa serviette qu’elle fut frappée par l’évidence : on s’attardait devant sa porte. L’odeur était à la fois familière et étrangère, ce qui la fit froncer des sourcils.
Un mauvais pressentiment s’installa au creux de son ventre, mais elle n’allait pas rester plantée là à prendre froid en attendant que l’autre perde patience et s’en aille, alors elle déverrouilla le loquet et poussa la porte pour tomber sur Oxana Vavilov.
Et aussitôt les odeurs prirent sens.

Isis ne pipa mot dans un premier temps ; de toute évidence ce n’était pas elle qui avait des choses à dire à l’autre, alors elle se contenta de l’observer de la même façon qu’elle posait les yeux sur à peu près tout et n’importe quoi, avec un flegme distant et presque insolent dans le regard.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Étrangement,
Isis se doutait un peu de ce que la suite lui réservait.