courir, trébucher, se relever,
courir trébucher se relever,
dans les grands parcs de l'académie,
en boucle, jusqu'à ce que les genoux soient écorchés
et les yeux rougis.

Parce qu'elle ne lâchera pas, parce qu'elle pense ne jamais avoir lâchée; parce qu'elle estime mériter mieux que ce qui lui arrive; parce qu'elle veut être importante pour quelqu'un; parce qu'elle veut faire quelque chose de sa vie. C'est qu'elle y est presque née à l'Académie vous voyez; et qu'elle ne pleure plus l'absence de ses parents; non elle ne pleure plus depuis longtemps.

Certainement qu'elle se sent incomplète, mais que peut-on faire contre l'absence de ceux que l'on connaît à peine ? On se jette à corps perdu dans les jeux qui trichent avec l'esprit, pour oublier un peu. On essaie de se construire, seule mais avec les autres; qu'est-ce qu'elle peut y faire de toute façon, rien de tout cela n'est un choix - seulement un instinct.

Elle voudrait qu'on l'aime plus que n'importe quoi parfois parce que maman, c'était pas trop ça. Trop jeune peut-être c'est vrai que c'est pas toujours évident de s'occuper d'un enfant quand on n'est pas prêt même à vingt-et-un ans surtout avec un papa inexistant -enfin, qui existe, quelque part, mais qui n'est pas là pour l'instant. Tout ce que Maman a laissé dans son abandon c'est un prénom ; Zélie.

Aujourd'hui Maman a vingt-neuf ans.
Et elle n’a toujours pas rendue une seule visite.

Survivre, se frayer un chemin parmi toutes les âmes qui errent au creux du château de sable;
il n'y a pas de place pour les perdants lorsqu'on est enfant de l'Académie.

alors elle avancera avec ou sans parents
quitte à tomber les mains dans la terre
et à se redresser le pantalon déchiré;
courir trébucher se relever.