la nuit au creux des nuages elle était douce elle était tendre, tendrement elle entoure et enlace d'étreintes qui restent et perdurent le jour. volatiles. c'est comme si l'on avait passé les heures de soleil avec des poussières de lune au coin des yeux et puis sur tout le corps - on se sent léger - Caprice
en apesanteur
n'est pas tout à fait de retour sur Terre.

tête en l'air l'esprit au ciel - c'est pour ça les oublis Percy.

alors que Caprice t'invite à sa hauteur comme souvent le soir pour qu'on s'effleure et qu'on parle d'étoile et d'origami, de tout et de rien, de la vie en général
cette fois-ci il voulait te dire - qu'elle est belle la découverte qu'on a fait. un nouvel astre observé de près il voudrait te raconter, partager l'euphorie d'explorateur. il sait déjà comment nommer le corps céleste qu'on a rencontré - on a frôlé les récits. et puis, incertain
au moment de prononcer son nom on ne sait pas
comment tu réagiras.

c'est pour ça les oublis - pas des mensonges, ou bien par omission - car sans que l'on soit certain de la raison, on redoute l'impact sur tes univers. pourtant tu assures toujours, tu promets qu'on ne les déséquilibrera jamais. pleins de sourires et de regards accueillants c'est immuable, c'est ça qu'on a compris tu sais. alors pourquoi - pourquoi les craintes sourdes alors que c'est si joli au travers du télescope depuis ? on voudrait que toi aussi tu admires comme ça brille mais aujourd'hui encore ça existe en silence.

ça ne veut pas dire qu'on se tait. à l'identique de tous ces instants qu'on passe ensemble Caprice parle et t'écoute et répond, c'est même un peu plus effervescent que d'habitude, en dedans les galaxies comme pétillantes, ça se sent. probablement des variations dans le regard cependant, alors qu'on n'a jamais peur de te fixer dans les yeux Percy - ce n'est pas ça qui pose soucis - il est ailleurs.
même s'il semble être ici
là maintenant
avec toi au dernier étage avant les combles et puis la nuit qui tombe et qu'on attend régulièrement ensemble - ce soir on s'est rejoint. et on ne s'embrasse pas après tout il ne fait pas assez sombre encore et puis ce soir, ce soir on est ailleurs
Percy
satellite on s'est épris d'un stellaire un peu spécial il voudrait te dessiner les trajectoires empruntées pour t'expliquer les voyages au cœur de l'inconnu qu'on s'apprête à faire mais
on oublie.

on s'éclipse quand c'est l'heure - il s'est détourné pour te laisser seul dans la chambre, s'est isolé dans la salle d'eau noyé sous elle il oublie, parti laver le corps et les pensées, fait couler les mots. troque l'uniforme pour des tenues plus confortables et toujours, toujours drapé de paisible - pourquoi
pourquoi ?
oh Caprice sait pourquoi
pour qui sont-elles, les sérénités ? pour toi Percy, ce soir on voudrait
partager, t'avouer, qu'on les a trouvé auprès de quelqu'un au loin des galaxies - après de lui.

Caprice a oublié de te dire
et sans lui tu cherches
trouve
les messages qui ont traversé l'espace tout récemment
tu les interceptes, Percy,
avec une violence nouvelle.

décidément c'est un temps
à découvertes.

pose la plus immense des questions - pourquoi ?
résonne tout à coup dans la chambre au moment de rouvrir les portes closes, Caprice réapparait, nageant dans des vêtements qui ne lui appartiennent pas - une chemise trop grande et un bas de pyjama -
se fige en entendant l'orage gronder
tes tempêtes qui menacent - éclair de regard
transperce le sien tandis qu'il se tient là debout et que le bout des cheveux perle encore d'eau claire.
submergé de détails
toi et les œillades noires et le visage électrisé de colère et son téléphone à portée de main - aurait-il fini dans la tienne durant son absence ? désormais c'est du rouge dans ta paume et c'est furieusement fébrile - il tressaille.

tu - ta main Percy
tu t'es fait quoi à la main ?

pourquoi - tu t'es fait ça ?
voile troublé sur les prunelles de Caprice, il serre entre les doigts l'extrémité des manches trop longues, il fait un pas, à peine, la moitié d'un plutôt - tu le tiens en joue
et les siennes s'enflamment coupables sans que l'on sache pourquoi.
on ne comprend pas
on croit comprendre - on ne sait pas si l'on veut
comprendre ce qui est en train de se passer
fait froncer les sourcils malgré lui.

attend tu lisais mes messages
t'es sérieux ?

et dissonant on se sent réciproquement
rien qu'un peu trahi.

du bruit dans les images - ça gronde de détails qui fourmillent, résultant du cœur en fusion ça irradie d'ondes qui traversent transpercent, passent au travers de l'assurance, vise et atteignent le cœur. mis à nu - arraché de derrière les côtes et révélé au grand jour - Caprice a mal de se sentir aussi exposé tout à coup, tu exhibes, Percy
tous les états d'esprit à commencer par ceux où on était au plus bas. ceux là rampaient et rasaient le sol. et puis les actuels, défiant les lois de la gravité. sur un petit nuage, c'est comme si tu avais saisi pour ramener brutalement sur Terre. atterrissage forcé, façon crash. Caprice s'écrase.
bombardé de questions à l'impact trop net
tes tirs de précisions font lumière sur ce qu'il a vécu dans l'ombre. les collisions tant attendues et les étreintes tant espérées tu t'en moques impunément, ça le fait rougir de pudeur volée en éclat. on veut
t'enlever ces mots de la bouche t'enlever le crayon des mains
mais tu ordonnes
de ne pas bouger.

Caprice tressaille - on ne t'avait jamais entendu hausser le ton aussi haut, comme le vertige d'entendre résonner si fort
il se fige
sert de rempart à Malher - il aimerait bien lui aussi
avoir quelqu'un derrière lequel on pourrait se réfugier
mais on est pour de bon
en première ligne.
encaisse encaisse encaisse
les répliques gatling qui fusillent
comme les regards de Percy
impossible à esquiver c'est trop armé jusqu'aux dents pour pouvoir passer au travers et contre-attaquer - on est sans défense
cloitré dans de violents silences
et les questions, toutes ces questions
et toujours la plus grandes d'entres elles qui revient à la charge
percute d'une force folle Caprice qui vacille en entendant
pourquoi Caprice
pourquoi.

étouffe et se noie sous les vagues impitoyables des mots - les siens ont eu le temps de s'amonceler dans la gorge ils l'étranglent, souffle court qui manque - au compte-goutte qu'on répond.

mais parce que je- j'ai pas - je sais pas
c'est pas aussi simple que ça Percy - tu sais pas - tu sais pas tout ce qu'il s'est passé t'étais pas là, tu sais pas tout ce qu'on s'est dit !

ça vibre un peu de ressentiments dans les dernières inflexion de voix - sur la défensive - il a du mal à croire ce qui arrive, perdu tout à coup, ça s'effrite et comme pour rassembler les morceaux déjà éparpillé Caprice se détourne, traverse vivement la chambre pour récupérer son téléphone comme si c'était se rhabiller après l'intimité dévoilée.

j'étais sûr - je sentais bien que tu réagirais mal je pensais pas à ce point je- je voulais pas t'en parler.

on ne voulait pas faire mal
on ne sait même pas comment on a pu faire mal
à quel moment on a atteint Percy pour que ça saigne comme maintenant. dos à toi on n'est pas capable de regarder pas tout de suite, Caprice sert l'objet qui contient les messages entre les doigts et cherche, quelque part sur le bureau là où gouttent les cheveux encore trempés, le regard se perd, tente de retrouver - des souffles des phrases quelque chose n'importe quoi
pour riposter
mais tu le déstabilises tellement, Percy.

tu parles de lui comme si c'était le roi des connards mais.. moi j'ai jamais dis ça ! j'ai jamais pensé ça et - oui j'étais triste à en crever - mais, à aucun moment j'ai rejeté la faute sur lui. ce serait dégueulasse de dire que c'était entièrement de sa faute alors que des saloperies j'en fais des tas. toi tu me vois pas comme ça Percy mais y a des gens pour qui c'est le cas, et je pensais - je croyais que Céleste aussi pouvait plus me voir tellement j'en fais, des saloperies. mais c'est pas le cas. et ça me rend heureux de le savoir - j'ai le droit, non ? j'ai pas le droit ?

privé d'enthousiasme, vidé d'euphorie
rien que l'opinion de soi souillée du mépris qu'on a pour ce que c'est Caprice, il ne supporte pas, l'image de lui tout à coup elle est écœurante. et la tienne c'est encore pire, Percy
entâchée, c'est de sa faute, il n'a aucune idée de comment rectifier les sels d'argent de vos photographies. tu penses qu'il ne mérite pas autant d'effusion mais lui est persuadé du contraire. tout à coup inadéquat auprès de toi et puis par hypothèse auprès de lui, on se sentait bien partout et puis
nulle part désormais.
le poitrail s'affole et Caprice comme pour répondre lui-même à la question qu'il t'a posé
fait non de la tête.

mais si tu veux j'ai tord et t'as raison. tu aimerais bien hein ? que je me plante totalement. t'as l'air si sûr de toi, t'en es tellement persuadé, alors je ferais mieux de dire d'accord.

on n'a pas envie
de dire d'accord Percy, ce serait admettre
qu'on s'y prend mal, toujours,
qu'on avait raison depuis le début
le matin au brunch quand on disait tout haut qu'on te rendrait dingue
le soir au bal quand on pensait tout bas qu'on le ferait fuir lui aussi
toujours, toujours on file la nausée
aujourd'hui encore
les hauts-le-cœur, Caprice vacille
rétorque plus vite qu'il ne le pense
et c'est acide
corrosif - ça attaque.

et puis si c'était si dur que ça pour Blossom et toi fallait pas vous forcer - enfin
niveau frustration ça avait l'air d'aller Percy - pas vrai ?

du fun on en a eu, s'offrir il sait faire
même là il te donne les armes alors
prouve lui
que c'est à vomir Caprice -
peut-être que c'est ça la réponse aux pourquoi.

ah Percy - tu sens aussi ? comme on tisse des liens un par un précieusement sans jamais entrecroiser - c'est déjà si difficile de soutenir un regard à la fois alors deux, alors trois. on ne peut pas. des entrevues pour rejoindre les univers des autres - toujours en tête-à-tête. forcément que tu peux tout imaginer - ce que Caprice fait ailleurs que sous tes yeux c'est comme en cachette. et c'est comme ça qu'on fonctionne - comme ça qu'on aime. à l'infini, des fils rouges tendus d'un bout à l'autre des galaxies, pour suivre une par une les trajectoires lorsqu'on se sent légitime d'exister ici, là-bas, près de lui, près de toi. Percy
tu vois aussi. que l'un de ses fils qu'on a frôlé de rompre
se tisse plus fort encore - Caprice se le passe aux poignets, à la gorge,
s'en fait presque des bâillons il est sur des rebords, devant le vide
et l'on se verrait bien tomber
tant Caprice fait une confiance aveugle à ce qui relie
à Céleste désormais.

à se tendre vers lui il fragilise vers toi - il ne pensait pas
que tu redouterais autant qu'il coupe court à ce que c'est de te rejoindre. Caprice oublie trop souvent qu'il y a des itinéraires qui s'empruntent à deux seulement, qui suivent une seule et unique direction où les autres sentiers n'existent plus. quelqu'un de comme il faut ne fonctionne pas comme Caprice. Caprice ne fonctionne pas
comme il faut, lorsqu'il s'agit de lui-même - il a du mal à imaginer
des routes vers lui qui se passeraient
de routes vers vous,
vers toi, toujours on revient - ce soir tu vois bien on t'invite.
mais elle est bien là, la crainte dont tu parles à haute-voix.

comment être sûr
comment savoir
comment
comme toi - ne pas avoir peur
de lui.

peut-être que des certitudes te feraient rester
ou bien fuir à tout jamais - en te voyant reculer vers dehors
Caprice redoute que tu ne reviennes plus
dessiner des constellations sur les plafonds de chez lui.

il regarde le crayon à terre, comme si c'était là que se trouvaient les mots qui ont fusé de toi à lui, il récupère
les éclats de tout ce que tu as dis, les bras chargés de tes répliques et il n'a aucune idée de ce qu'il faut en faire - le sentiment
d'avoir les mains vides
tout ce qu'il tient dans celles-ci c'est le téléphone qu'il a récupéré - les messages de Céleste interceptés. et tes peurs réveillent les siennes
enterrées la veille, elles dérobent les souffles et Caprice étouffe.

Percy, je sais pas -
je sais pas, moi non plus, j'en sais rien. je sais même pas de quoi sera fait demain alors, savoir si on se blessera jamais, ou - ou si on se suffira toujours..

oui. un vœux aux étoiles. on aimerait bien, on aimerait vraiment, on a été si hésitant, titubant. et ce voyage là, Percy, tu ne veux pas
le faire avec Caprice ?
peut-être qu'on lui offrira tout - les jours comme les nuits - peut-être qu'on veut tout lui offrir. il se sent d'offrir en entier alors qu'il se déteste au moins à moitié. Percy on ne sait pas - perdu Caprice s'emmêle
à lier les mots.

je sais pas, je crois - Céleste je l'aime vraiment bien, je l'aime beaucoup, ça me dépasse un peu, même, énormément, et -
je veux pas - je voulais pas qu'on se dispute Percy excuse-moi, moi j'en sais rien, de qui a raison dans tout ça, je-
je t'ai dis de venir ce soir, c'était pas pour t'ordonner de partir.

il baisse les yeux, un peu plus vers lui, un peu moins vers toi.

je sais pas quoi te dire - j'étais juste vraiment heureux..

et tu ne l'es plus alors on l'est moins
honteux de se réjouir
et si Caprice t'écœure on ne te touchera plus - de toute façon il n'est pas sûr que ce soit comme ça que ça fonctionne - mais au moins te voir, rien que te voir, il a besoin
même de loin si tu veux. si on ne te voit plus Percy
Caprice va saigner aussi, de couper ce lien.

tirer sur les fils et créer des tensions on ne voulait pas
former des nœuds au creux de l'estomac on n'a jamais voulu,
tordre le cœur de Perceval - toujours du bout des doigts tant on trouve ça précieux on a fait attention pourtant. Caprice ne se permet pas de viser les étoiles, n'exige jamais qu'on lui décroche la lune. elle peut rester là où elle est si tant qu'elle est là on l'autorise à graviter autour de toi. de jour comme de nuit Caprice non plus ne veut pas te perdre Percy tu peux lire ses messages lui faire des reproches et dire qu'il a tord, tant que tu lui dis
de rester là.
mais tu as dis arrête et on ne sait pas comment faire tellement c'était naturel d'être dans la lancée. on ne pensait pas que chasser les infinis aurait pu te blesser, Percy.

est-ce que te répondre qu'on ne sera jamais contre être triste même si c'est par ta faute te réconforterait ? on aimerait bien sourire tous les soirs tous les matins, Caprice non plus n'aime pas se revoir triste. c'est souvent que ça arrive, en cachette tant il a honte. et il sait, il sait que sous tes yeux ça avait le droit de transparaître. sous le plafond d'origami Caprice qui a de la peine toujours tu l'enlaces, tu l'embrasses jusqu'à ce qu'il n'y est plus de chagrin. tout à coup il se sent coupable d'avoir dérobé toutes les étreintes tous les baisers, il voudrait te les rendre si ça te rend aussi malheureux de lui en avoir tant confié, Percy. on secoue la tête en voyant le sol se troubler, comme si l'eau montait.

tous ces univers dans les bras, te voir dans cet état fait réaliser que ce n'est peut-être pas aussi beau que ça, sa manière de graviter. on aurait voulu annoncer, fier, je me sens prêt ! je me sens capable d'exister en entier quelque part Percy, ne sont-ils pas beaux ces Ciels auxquels on veut s'offrir indéfiniment ? tu trouves que non. et l'on ne peut pas te faire
changer d'avis.
et si Caprice qui aime tu ne trouves pas ça beau, Percy, qu'est-ce qui lui reste,
à part s'excuser d'être aussi laid tout à coup. le regard bas et les bras croisés pour faire taire le cœur qui martèle la cage des os.

le mot entaille à passer la gorge alors que dans la bouche des autres c'est comme des grandes vérités, universelles il n'aurait pas l'insolence de remettre en question que l'on puisse penser ça de lui. on ne parle pas de toi,

on ne pensera jamais que le problème c'est que tu aimes trop Caprice, Perceval, car il aime aussi de dévotions à sa façon et sa façon toi tu la tolères. mais si ça fait mal, alors on ne sait pas
quoi en faire.

et au sol les mots se perdent on y cherche à la fois des failles pour disparaître ou bien des clous pour rester planté là comme il faut,
au cas où tu voudrais essayer de le détester.
tant que tu restes.

indigne de tout ce qu'on lui a offert, les bras chargés d'amour, de petites parcelles d'attention qu'il capture et chérit sans jamais réclamer et pourtant
pourtant Caprice est honteux
d'en tenir autant
d'y tenir autant.
jeté au vide, c'est presque impossible de récupérer ce qui a été donné à Caprice, et les vertiges nous prennent un jour lorsqu'on réalise la profondeur des ravins - il est sûrement venu au monde avec tellement rien qu'il pourrait tout dévorer par inadvertance -
il ne fait pas exprès

mais ce n'est pas une raison d'être si clément.

Perceval, si tu veux reprendre tu peux
si tu veux reprendre il faut
lui arracher des mains.
si tu penses que sa vision déjà trouble est trop voilée par le fait qu'il aime trop fort alors, il vaudrait peut-être mieux que tu (te) dérobes.

Caprice n'ose déjà plus te regarder. il te l'a dit. il est incapable de dire va-t'en, trouve qu'il ne mérite rien par essence - même d'être épargné des colères. mais tu réponds qu'on sera sage. tu promets des accalmies sombres, des ciels chargés d'orages menaçants sans les éclairs sans les rafales, en attendant d'avoir une raison de filer des coups de tonnerre. est-ce que c'est une bonne manière d'aimer ? on ne sait pas
on n'a jamais su
comment on s'aime
comme il faut

pourquoi on l'aime
de cette façon.

pour dire je sais trop bien mais c'est si absolu que sur le coup il n'y a aucun mot qui surgit de l'immensité des sentiments et il se sent bête. et qu'il est naïf ! à vouloir qu'on se réjouisse pour lui d'avoir trouvé un ailleurs où se rendre sans peur, un ailleurs où l'on ne couche même pas. tu remets en question à coup de point d'interrogation comme un coup de poing dans l'estomac et contre lui Caprice croise les bras. il voudrait se recroqueviller sur lui-même et disparaître, qu'on ne prononce plus jamais son nom. ainsi personne ne serait ni en colère ni blessé, et le monde tournerait tout aussi bien.
et au creux de tous les nœuds on n'est d'abord pas sûr que ce sont des sanglots ou biens des réponses qui lui montent mais finalement, on parvient
à tisser des phrases maladroites qui viennent d'elles-même.

on pourrait te dire que sa maladresse attendrit et que son empathie extrême transperce, qu'il est tout un être qui serre le cœur de Caprice et dont on veut explorer tous les univers
et ces univers, Percy,
ils ont manqué de s'éteindre.
ça brise la voix d'en parler.

comme on pensait t'aimer comme il faut, comme on fait d'habitude, sans demander quoi que ce soit, et regarde
on blesse quand même, Percy, au creux de ta main ça saigne.

peut-être que Caprice
aime trop et mal
tout simplement.

auto-mutilé et pourtant ce sont les mains de Caprice qui tressaillent comme si c'était lui qui tenait l'arme blanche, le sentiment d'avoir tâché de sang le bout des doigts. l'emprise sur le téléphone plus forte encore, les phalanges pâles tout comme le teint
vidé de vie
d'assister aux hémorragies claires de Perceval.
voir qu'en coupant les regards
on a blessé le sien.

les effusions tristes tâchant une joue et puis l'autre et Caprice fait non de la tête, rendu muet par le phénomène auquel on assiste pour la première fois, des détails jamais vu encore alors qu'en dedans il hurle et se maudit
d'avoir brisé les vœux silencieux
(ceux prononcés sous les origami).

il réalise - Percy c'est ce que tu as souhaité cette nuit-là pas vrai ? les promesses en pensées ont eu lieu à quelques pas, dans les draps de Caprice. c'est comme si les ciels que tu avais créé au plafond de la chambre lui soufflaient la réponse, méprisant ses crimes. ils sifflent oui. oui, et c'était sa faute
quoi que tu en dises
c'est lui le responsable
des chutes de Percy.

lâche tout ce qu'il tient pour rattraper au vol, tenter au moins mais pris de court, ses mains restent suspendues dans le vide tandis que tu t'agrippes au satellite qu'il est. Percy qui chancèle et vient chercher une prise n'importe laquelle, les épaules de Caprice qu'il serre si fort là maintenant, ramène sur Terre. on sent les vagues de chagrin s'échouer sur la plage du cou et ça fait monter les eaux dans les lagons sombres des prunelles.
on n'a même pas eu le temps de dire comme toi
viens là, Percy
et de te prendre lui-même dans ses bras. il les croise aussitôt derrière la nuque du garçon et étreint, les murmures s'égarant quelque part dans les cheveux blancs.

comme tu lui avais dis le soir où l'on avait eu peur aussi
mais c'est peut-être là qu'il est, le souci.

si Céleste n'était pas là on serait peut-être au brunch demain matin
mais si Caprice n'avait jamais existé alors
tes pleurs non plus.
c'est trop tard.

il entend les suppliques, à l'identique de celles au restaurant le jour où l'on ne s'était pas réveillé ensemble, dis-moi que tu ne partiras pas
et comme il t'avait demandé la nuit avant ça, encore une fois tu fais écho
superpose les univers
souffle les mêmes mots
embrasse-moi
et le cœur se serre de nouveau, secoué de chaos. l'urgence de répondre tout ce que tu voudras, Percy engendre des collisions folles
avec les chuchotements soufflés au creux de lui.
on ne sait pas
on ne sait pas si celui qu'on aime fort (trop fort) voudrait lui aussi. dans les incertitudes les doigts se perdent à la naissance de tes cheveux teinte hiver, on ne lâche pas on refuse de te perdre toi
et Caprice murmure.

mais c'est la moitié de ce qu'il faut, il le sait. sent bien qu'on n'a pas dévoré toutes les distances effrayantes et Caprice rouvre les yeux tout à coup, défait le verrou des bras pour venir saisir au creux du cou pour faire se lever le visage de Percy vers lui. même si les regards sont voilés il le faut, te regarder dans les yeux il le faut
pour te dire

on peut le reformuler encore et encore et encore
on voudrait bien, t'embrasser encore Percy
et les souffles qui manquent d'oxygène, il faudrait
il le faut et ce serait
briser des promesses pour en nouer d'autres
reproduire les mêmes cycles
est-ce que c'est ce qu'il faut
les doigts se crispent
et Caprice cille
flanche et la tête s'abaisse doucement
éclipse le regard et tout le reste -
et tout ce qui effleure les lèvres de Percy
c'est le front de Caprice qui ploie et s'incline
pour dire encore

pour dire encore

comment peux-tu avoir envie de lui offrir des baiser, à lui qui se trouve tellement
tellement repoussant là tout de suite.

des contradictions entre les doigts, ils tiennent toujours le visage de Perceval qui se voile au milieu des battements de cils, on ne comprend pas non plus.
tu dis qu'il n'a rien fait de mal
a-t-il fait quelque chose de bien ?
quelque chose tout court, ce soir et puis tous les autres jours.
ce soir c'est encore plus creux, immensément vide les galaxies de Caprice, elles n'ont même pas été capable d'embrasser Percy mais tu insistes sur le fait que les excuses sont vaines. on dit désolé
pour rien au final.
c'est peut-être ça d'aimer Caprice
c'est aimer le frisson que procure la vision des hauteurs,
le tremblement qui saisit lorsqu'on se tient au bord d'un ravin.

il ne voit pas
ce qu'il y a de beau dans tout ça
il ne voit plus
ce qui mérite d'y déposer les lèvres.

pourtant Percy persiste à chercher le regard bas, pour venir couvrir de douceur les lippes qui ne savent que demander pardon, combler les regards égarés de sourire et debout là noyé de confusion, c'est à ça qu'on se raccroche dans les déséquilibres qui le saisissent
malgré tes vœux Caprice songe
qu'on n'oubliera jamais
les détails de tes tristes images.

elles prient miséricorde et ça le tue.
lâches, les regards se couchent et Caprice tient moins fort, ses mains toujours à la naissance de la mâchoire de Percy dévalent jusqu'aux épaules
sans savoir
ce qu'il faut faire
ce qui est mieux -
ah, "mieux", ce n'est pas ce qu'on vaut tu sais,
mais on t'a déjà trop contredit pour cette nuit Percy.

il fait "non" de la tête, bien qu'il ne sache pas à quoi il répond. et puis
honteux de son visage terne à découvert, sans un mot,
il se contente de passer ses mains dans le dos du garçon tandis qu'il s'y réfugie, contre Percy, lui qui est si grand
on n'aurait jamais cru te voir osciller. misérables, les étoiles tremblent - les cheveux gouttent encore d'eau claire - elles pensent à ta main blessée, à tout ce qu'on a fait saigner,
aux baisers que tu as dérobéelles ne savent plus quoi te dire, Percy
pourraient ponctuer de désolé mais faire résonner ce mot une fois de plus ce serait la fois de trop
et l'on s'effondrerait sur soi-même.

frisson à imaginer pire encore le cœur morne se demande si rien qu'un peu mieux existe et entre deux eaux, Caprice à flot, retrouve des souffles plus tempérés à la surface du creux du cou de Perceval.
fermer les yeux c'est ce qu'on fait
sur ce qu'on est, c'est tout ce qu'on sait faire
dans ces moments-là.
les univers inversés on a dérobé son rôle - c'est Percy
qui dit si tu veux, qui reste si on veut
il suffit de dire, oui ou non, formuler le vœux
et comme la nuit passée à l'origami on voudrait
répondre qu'on ne mérite pas Percy - après tout
on n'a plié qu'une grue sur mille. murmuré comme une prière ne dis rien Percy, laisse
mourir les orages contre toi, Caprice s'agrippe à ton dos
et l'on n'est plus que de la triste bruine
des nuages gris sous les paupières closes.

le sentiment que tout cela ne tient qu'à un fil Perceval on se demande en silence si quoi que l'on dise au moment où il faudra te lâcher et rouvrir les yeux tu seras toujours bien là - ou bien si dans les univers lancinants, comme après toute collision, ce sera le début de l'éloignement des astres. toujours une explosion à l'origine des expansions de la distance, Caprice
ne voudrait pas que le phénomène se produise
entre lui et toi.
et si
et si l'on avait créé un trou noir ce soir ?
il serait prêt à y jeter toute la lumière
si ça pouvait faire revenir
les sourires.

là tout de suite
il ne sait plus
comment on fait.

doucement défait
l'emprise des doigts sur le tissus de ta chemise et il recule à peine sans abandonner vraiment, les mains effleurent tout juste les avants-bras de Percy et il n'ose pas lever les yeux,
observe comme il a plu sur ton épaule,
la faute aux cheveux mouillés - rien que ça.et les cils couvrent à moitié les regards qui s'échouent entre vous,
quelque part sur le sol les pensées brumeuses s'égarent.si tu veux,
alors lui aussi,
si tu ne lui en veux pas,
alors lui non plus.
le reste il n'en sait pas plus que toi -
peut-être, peut-être pas.

oh tu devrais - tu ferais mieux de défaire la prise, Perceval,
laisser tomber Caprice qui tient tout juste sur ses deux pieds et qui les fixe comme si cela pouvait scinder la terre et le faire disparaître dans des failles infinies. mais tu ne lâches pas l'affaire, Percy, tu dis
accroche-toi.
et elle est presque instinctive, l'étreinte des bras, on la verrouille derrière ta nuque tandis que tu fais quitter la Terre. les mots soufflés au creux de l'épaule, culpabilisent car on referme les doigts et froisse un peu plus ton haut. et ta main, Percy ? et toi, Percy ? c'est comme un doux vertige de se laisser à être un poids mort, et même si ça lui pèse dans le cœur Caprice se dit qu'on aimerait ne pas se poser, pas tout de suite, pas encore.

le sentiment d'être en apesanteur qui perdure lorsque tu le poses sur la surface plane bordant le lavabo, fait quitter l'obscurité de contre toi pour le blanc sur blanc de la salle de bain trop immaculée, les yeux se plissent et l'on y passe le dos des doigts.

on ne pleure pas Percy - on ne pleure plus
plus de larmes c'est promis
même si tout ça s'est vraiment passé
même si tu penses tout ce que tu dis
plus de sanglots sur les joues ni de sang glauque sur tes mains

Caprice tend les siennes lorsque tu reviens là, retourne se suspendre à ton cou toujours assis et toi debout, qui demande si l'on veut fermer les yeux c'est déjà fait c'est un mauvais rêve tout ça et l'on se sent plus flottant encore que d'habitude alors Caprice s'agrippe
comme pour vérifier qu'on est bien là -
tu t'excuses pour les cauchemars. faisons comme si ça n'existait pas,
bercé de pardons, ça ira
ça ira, Percy, pas vrai ? tes lippes contre sa joue,
et les murmures à la tempe
ce n'est pas à contre-cœur pas vrai ?
toujours on redoute que les pleurs lavent les prunelles des autres et fassent voir clair tout à coup, qu'on y voit net en Caprice et qu'on réalise
que c'est exécrable, ce qu'il est,
écœurant, au point qu'on haïsse
lorsqu'il enlace plus fort le corps trop grand
lorsqu'il soupire triste contre ta gorge comme maintenantporte encore jusque là-bas pour qu'on noie ces souvenirs noirs dans les draps, transforme les si tu veux en je veux - c'est rarissime - et toi Percy ?trop dépendant de ce qu'on lui offre,
les mots doux comme les violents,
Caprice est faible, et garde tout
précieusement.

jamais de la vie on doute c'est promis mais forcément c'est si précieux toi et lui, c'est si précieux ce nous
ce tout que l'on forme auprès de vous
ces atmosphères où l'air ne manque jamais s'appellent Perceval et Blossom, aux bras toujours grands ouverts
on imagine s'éteindre,
revenir un jour et constater la disparition des étreintes, plus personne pour le tenir (se tenir droit et même debout parfois) c'est impossible sans vous on aurait pas marché aussi loin - au ciel on sacrifierait tout mais pas nous - et
c'est trop précieux pour ne pas s'inquiéter rien qu'un peu. les mots viennent mourir dans le creux du cou au moment des voyages c'est presque suppliant. conjure Percy de ne pas remettre en question ces certitudes rarissimes - oh tu peux crier si tu veux ! hurler sur Caprice si jamais tu les sens chancelantes, reprocher les soucis qu'on se fait et le bousculer lorsque sa trajectoire dévie trop loin
on corrigera on reviendra
toujours on revient jamais on part
on est parti une fois de chez soi et ça lui suffit
s'en aller c'est fini.

termine au creux des draps, Caprice refuse de défaire le lien des bras, lâcher prise jamais de la vie, on en manque tellement. laisse Percy surplomber il quitte l'obscurité confortante de contre toi pour rouvrir les yeux, les lève aux cieux des tiens et puis
filantes ses prunelles fuient en entendant les compliments - une réplique sortie d'un autre film que le vôtre. ça le désarçonne sur le moment il cherche la sienne comme si elle se cachait dans les couvertures qui vous entourent. je- j- ... on profite du basculement sur le coté pour venir cacher une seconde le fait d'avoir oublié son texte. à l'abri du plexus solaire de Percy il y échoue des soupirs désemparés - ah si l'on n'avait pas eu tant de chagrin un peu plus tôt ce serait presque des souffles rieurs.immobile, parce qu'on est bien où l'on est  (on craignait de ne plus avoir le droit) et comme on fait souvent, Caprice appuie doucement sur les épaules du plus grand pour que les omoplates reposent à plat sur les oreillers - Percy sur le dos, ainsi on peut finir de rejoindre et s'y installer comme on aime. rumeur vaporeuse de la tempe là où ça bat on écoute le cœur murmurant le rythme de toi - tempo pianissimo
de nouveau c'est calme alors on est rassuré.

et l'on remarque alors que la chambre était devenue triste et terne au moment d'assister au retour des couleurs - elles imbibent le coton des parures de lit - et Caprice relève la tête en voyant faire, avant de te rendre tous les regards.
en quel honneur, ces attentions-là ?

en attendant les disparitions et rien que l'ombre de tes silhouettes Perceval, laisse Caprice s'en imprégner. on n'aime pas lorsqu'elles tremblent de colère ou se troublent de chagrin, et tout le reste qu'on cesse de reconnaître trop vite, tes images on voudrait les garder sous les yeux suffisamment longtemps pour qu'elles restent bien nettes. alors tandis qu'il t'écoute Caprice emprisonne tendre ton visage au creux des mains, dérobe tes détails
pour quand tu seras ailleurs
pour quand tu oublieras d'être là.
l'idée de hurler si ça arrivait
ça fait sourire faiblement.et en voyant les premiers signes de fatigue - paupières lourdes et regards plus lointains tout à coup - on surplombe un peu mieux pour fondre doucement sur les traits tirés de Percy. sur le visage les lèvres viennent papillonner, le front d'abord et puis les joues, et comme la nuit est tombée pour de bon les mots aussi sont soufflés plus bas.ses liens autour des poignets, on les porte comme des bracelets qu'on aime. quelque chose de précieux. et lorsqu'on a fini de couvrir chaque parcelle d'un peu de soi, Caprice reste là, contre Percy on passe les doigts dans le blanc des cheveux, le geste qu'on ferait pour apaiser un enfant après un mauvais rêve et lui en souhaiter de plus jolis.sans abandonner les mèches couleur hiver on se love un peu mieux contre le cœur de Percy, le ciel des yeux à demi-couvert des cils ils battent un peu la fatigue. on n'est pas certain de tout ce qui existe dans l'univers et pourtant, c'est bien là. et tant pis
tant pis si l'on n'a pas toutes les réponses
aux grandes questions, comme aux mystères
Caprice y croit.