litanie des vauriens ;; anton + ivy

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il y a un roi blême et une reine sublime dans cette chambre, tous deux assujettis depuis une heure à une feuille de mathématiques. il y en a toutefois un davantage soumis à l'autre, davantage mordu par la douleur du désespoir car c'est bien lui qui a tout à perdre - tandis qu'ivy voit en les complexes une évidence dont elle ne veut pas révéler le secret si facilement. il serait trop simple de lui tendre les cartes pour qu'il les dispose bien tranquillement dans sa manche sans même en comprendre les symboles, alors il s'est condamné lui-même pour s'assurer d'avoir l'aide promise. tout semble périlleux, sa chemise lui gratte, et il a l'impression de sentir la transpiration, et les yeux d'ivy ont l'air d'être plus perçants à chaque instant. c'est sûrement une illusion parce que ça arrive souvent à anton ce genre de choses - imaginer l'intensité.

vient la dernière question du polycopié, il a les paumes moites, les doigts contractés contre son stylo et son cerveau en vrac. cela fait longtemps qu'il a envie d'abandonner mais par respect pour la douce ivy, il s'acharne, même s'il bouillonne et que ses jambes semblent à chaque instant gonfler un peu plus dans son pantalon car cela fait un moment qu'il ne marche pas.

une fois la dernière étape avant la délivrance, il laisse retomber dans un bruit mat le stylo contre la table. il s'est étrangement bien habitué à la chambre trop grande à son goût, puisqu'il s'efforce de ne pas essayer d'en deviner la fin. il ne sourit pas vraiment mais il lève ses yeux toujours très gentils vers ivy, fixant ses yeux sans vraiment les voir. merci beaucoup, je sais pas ce que j'aurais fait sans toi. il se plie sur le côté un peu maladroitement (la chaise grince en reculant d'un geste un peu trop brusque, sa main retombe avec un peu de force sur le sol pour récupérer le sac et il lui semble même qu'il écarte même un peu involontairement la jolie table) pour prendre de quoi ranger en vrac son stylo et les feuilles. tu ramènes souvent des gens ici ? ça te fait pas trop peur, ici ? d'être toute seule je veux dire. c'est bien mais d'un côté c'est intimidant, tu vois ? désolé c'est un peu confus ce que je veux dire, mais en fait c'est que... c'est un peu silencieux. sur la fin il fixe la porte de la salle de bain, il a prononcé sans doute autant de mots qu'en une heure quand il était encore question d'arithmétique. il entend en réalité plus loin tout un tas de vie, mais il n'y a pas le brouhaha tout de même d'habitude presque continuel. c'est agréable, cet arrière-fond pas si envahissant que ça. l'idée d'un jour de posséder deux étoiles en plus ne s'envisage pas, il n'en rêve même pas - mais il est intimement curieux de savoir ce que ça fait d'être ici, isolé du monde comme elle.

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ytn

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litanie des vauriens ;; anton + ivy

ce qu’ils peuvent être banals, les anges dans leur bonté s’accrochant à leurs bonnes actions persuadé de leur portée. Non pas qu’elle s’ennuie de ses modestes tâches. Ivy est de toute façon peu soucieuse des apparences dans ces moments simples ; que ce soit sa posture qu’elle maintient sans trop d’efforts - vissée à sa chaise les mains parcourant ses cheveux plongeant sur la table. Ou encore l’intonation injectée à ses mots, elle qui se veut pédagogue - elle qui se veut sans écorcher les autres par ses mots par ses gestes non maîtrisés. Ivy perd parfois patience mais le résultat en vaut toujours la chandelle, car certains merci valent mieux que d’autres - du moins c’est ce qu’elle ressent sans même se l’expliquer. Elle se contente d’esquisser un sourire de compensation, en réponse à des éloges dont elle se satisfait sans trop se l’avouer.
Du coin de l’oeil, elle observe ses maladresses sans en relever une seule. Les gestes comptent, c’est vrai - mais parfois les mots l’absorbent, comme dans le cas présent, où elle se contente d’en sourire un peu plus car Anton a toujours de ces questions bizarres qui lui traversent l’esprit. Même si au fond ce n’est pas si insensé de se demander si le silence ne reviendra pas toujours plus grand lorsque lui sera sorti de la pièce, laissant Ivy retourner à un état premier. « maintenant que tu le dis c’est vrai, c’est grand et vide ici mais on s’y habitue. » ses yeux glissent sur tous les murs. « et les gens viennent rarement. Parfois être ici seule c’est plus reposant qu’autre chose- enfin, question d’habitude. » (j’imagine)
Les yeux levés jusqu'au plafond, prenant le temps de se pencher sur ces questions auxquelles elle ne réfléchit pas - ces questions qui ne s’inscrivent pas dans un test ou dans un livre noir sur blanc. Les préoccupations invisibles ; celle que Ivy noie sous ses habitudes, grignotée par le système sans ce que cela ne lui pose aucun problème. En vérité elle devrait se poser plus de questions comme celles-ci - ne laissant pas durer le silence.
« et toi tu ne te sens pas trop à l’étroit dans ta chambre ? les murs doivent être fins… enfin pour toi c’est … compliqué. » son problème, c’est de se poser des questions à voix haute.

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anton veut lui demander - est-ce que cela va mieux, quand je suis là ? est-ce que j'occupe assez la place pour que tu en oublies sa froideur ?
anton veut lui dire - tu sais je peux revenir autant que tu veux : il n'arrive même pas à mettre des mots dessus, toutefois. sinon il lui aurait murmuré fort avec un petit sourire, mais il ne reconnaît pas cette sensation, il peine à savoir quoi dire pour le rassurer. a-t-elle même besoin d'être rassurée ? ivy est une grande fille, sûrement plus que lui. c'est bien pour cela qu'elle possède une grande chambre, et un copieux petit-déjeuner et beaucoup d'argent - elle n'a pas besoin d'être protégée, n'est-ce pas..?

c'est ce qu'anton se dit, à défaut de tout comprendre. ivy ne bouge pas. c'est une statue, elle ne fait aucun bruit et c'est très étrange de n'entendre quelqu'un qui ne fait que respirer. il se concentre sur le souffle qui s'échappe des lèvres graciles et s'accroche à ça pour ne pas perdre le fil de ses mots. il tire un peu sur ses propres manches pour sentir le tissu tout contre sa peau. ah euh... à un moment il comprend qu'elle attend une réponse. il lui faut quelques secondes pour se remémorer ce qu'elle disait, parce qu'il a entendu sans écouter. il faut qu'il décrypte. ah euh non ça va. c'est vrai, ça va. il ne s'est jamais posé la question pour lui-même, s'il était heureux dans sa chambre. il lui semble que oui car il ne gêne personne, il croit. et puis il y a quelque chose de rassurant d'entendre le bruit de la vie. ça me dérange pas. tu sais c'est comme les gens qui vivent dans le froid tout le temps, on s'y fait et le plus perturbant au final c'est l'autre extrême. le silence total, même partiel en réalité, le terrifie. il y a toujours du bruit tu vois, partout. si c'est pas les gens c'est les insectes, si c'est pas les insectes c'est l'eau qui coule dans les tuyaux... il entend tout. le plus dur c'est euh... il regarde en ciel et reste silencieux, avant visiblement de se rappeler. c'est en classe tu vois, car y a du bruit partout mais je dois me concentrer sur qu'un seul. mais c'est pas grave hein, c'est comme ça. puis tu es là pour m'aider maintenant ! il sourit un peu et ne sait pas trop quoi dire. c'est quoi déjà toi ton euh alice ?

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litanie des vauriens ;; anton + ivy

elle contemplait - les yeux se posant déjà dans le vide - ses réponses, elle entendait. la tête penchée par réflexe en évitant de laisser échapper des hmm d'approbation trop forts ; pouvant amener à déconcentrer plus qu’à rassurer. ivy a le soucis des détails, pas toujours bien placés. Le détail qu’elle observe avec attention en ce moment même c’est sa voix. En se concentrant, elle en vient à se demander si lui aussi porte son attention sur sa voix lorsqu’il parle - histoire d’ignorer les autres, les sons qui se chevauchent. ivy ne se verrait pas vraiment vivre dans un monde qui ne sait pas se taire - mais après tout, elle en penserait tout autre chose si elle était née dans sa peau. Tout n’est qu’une question de perspective… d’habitude ?
certaines habitudes sont plus dures que d’autres, on s’y fait ; car on ne peut pas faire autrement. En entendant ses mots, le regard d’ivy se mue en un tourment invisible ; celui qui comprend d’une certaine façon, qui en arrive à imaginer pourquoi une personne se retrouve là où elle est et pas ailleurs. c’est vrai, peut être n’aurait-il jamais mis les pieds ici dans d’autres circonstances - dans d’autres vies.
c’est ce qu’elle se dit. Mais le présent est dans ce face à face, ivy sourit en retour, les mains agrippées à sa robe. Son alice elle l’a sur le bout des doigts, c’est rare que les gens l’oublient. Sa question la déstabilise un instant, avant d’en retrouver ses mots.
« mon alice…? ah, en fait je repousse les gens sans même les toucher. » (silence) ivy n’a pas pour spécialité les blagues - surtout celles dites sur un ton impassible. « enfin, pour de vrai j’ai des épines qui poussent sur ma peau. mais rassures toi, tu ne risques rien à me toucher ! tant que tu ne le fais pas par surprise. » sentant son propre regard toujours plein de peine, ivy tente de se détourner des chemins mélancoliques. « enfin tu sais c’est pas si grave, on s’habitue vite à ne plus recevoir de câlin par surprise, ce genre de choses... »
elle se tait. la peur de trop en dire, elle tait et minimise ses propres habitudes car elle n’ose avouer qu’on se fait difficilement à la distance, celle des autres celle qu’on s’impose. Son regard se rapproche d’Anton, sourire immobile au coin des lèvres - ivy n’aimerait pas faire durer un silence trop pesant - ses mots toujours pendus à sa langue.
« la vie c’est surement plus simple avec un alice qu’on maîtrise… en tout cas, je te souhaite d’y arriver Anton. » son sourire élargi sert à mesurer l’ampleur de sa sincérité. Ivy pourrait bien prier pour de meilleurs lendemains.

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ça lui remonte, peu à peu, ça rampe dans ses souvenirs - ça l'envahit ce passé, tout revient. déboussolé par le rappel qu'il la connaît depuis longtemps et qu'il a prononcé des mots un peu méchants il y a quelques temps. ah, qu'il peut être idiot anton - qu'il peut être rance quand il s'y met ! mais avec quelqu'un comme ivy - vraiment ?

n'y'a-t-il pas plus logique comme cible ? pourquoi ne s'est-il pas arrêté sur les cruels rôdant dans les couloirs, les harpies gémissantes en quête d'histoires à piailler ? pourquoi à l'époque n'a-t-il vu qu'ivy pour répandre le vilains mots entendus ? sûrement est-ce là l'influence des moins crédules qui s'attaquent aux coeurs-chamallow, soucieux de bien faire et de proclamer la bonne parole pour sauver les plus faibles.

qu'il était bête, qu'il était innocent et maintenant il s'en veut. je euh- je suis désolé ivy. il ne la mérite pas. à aucun moment il devrait pouvoir la regarder, d'ailleurs il n'ose plus. ça lui pèse. y'a euh un moment y avait des rumeurs sur toi et je les ai crues tu vois... alors que c'est faux... pourquoi tu ne dis rien aux gens ? tu devrais, il faut qu'ils sachent que tu es gentille ! il faut effacer les horreurs qui se murmurent parce qu'elles ne lui vont pas et qu'elle mérite mieux. anton veut lui dire à quel point elle mérite tout l'amour du monde, mais que lui ne mérite pas le sien.

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litanie des vauriens ;; anton + ivy

droite comme une ligne, comme l’eau lisse à peine troublée elle se tient face à Anton et ses échos chaotiques - ses mots dont elle ne saisit pas toute la portée « pourquoi désolé- » pour en arriver à l’aveux des crimes insoupçonnés. Son visage reste flou quelques instants, les yeux dans le vide et le coeur indécis. La réaction à apporter à ces affirmations lui est encore inconnue ; l’esprit perdu dans des souvenirs entre les mots, les non dits, l’esquive toujours plus permanente. ivy aimerait (parfois) se détacher de son corps ces entraves qui la lient à son alice - elle aimerait. claquer la porte et s’enfuir mais elle ne peut pas, pas comme ça. puis à vrai dire, elle n’en a pas vraiment l’envie. ses mots détachés de ses pensées altérées.
« tu sais même en parler, ça n'empêche pas les gens de mal interpréter. les gens ne se gênent pas pour déformer la vérité puis vient le bouche à oreille puis ... » elle en a déjà trop dit. et puis, elle n’aimerait pas se donner des airs de martyrs - et même si c’est ce qu’il lui faut pour paraître gentille, inoffensive - elle n’en reste pas moins la fille corrosive ; les crocs trop bien taillés pour un ange.
un présage lourd à porter pour atteindre son idéal. ivy le sait, et elle l’a accepté.
« dans tous les cas ce n’est pas de ta faute Anton. » sourire (léger) récupéré. non, Anton n’est pas la racine du problème ; c’est d’elle que partent toutes les branches sans qu’elle puisse mettre la main dessus. « je ne t’en veux pas d’y avoir cru, j’ai vraiment blessé des gens par le passé. » rien à ajouter, autant finir sur une note cinglante amenant à ce silence vague.

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il voit comment ivy accepte de tout porter sur ses épaules sans rechigner. il voit cette façon de se laisser disparaître mais il aimerait qu'elle apparaisse entière, et qu'elle se permette de vivre sans s'écraser. il veut tant de choses mais avant d'être protecteur il a été persécuteur et il ne peut pas se pardonner de ça. ce n'est peut-être pas de sa faute à lui, il le conçoit, mais il a participé à la machine infernale sans lendemain - celle qui fait que les images nous collent à la peau sans qu'on puisse rien y faire. non, il ne peut concevoir l'ignominie qu'ivy a subi sans qu'elle mérite. il tourne ses prunelles meurtries vers elle. je vais leur dire, moi..! il va leur dire qu'ils se trompent sur toute la ligne et à quel point ivy est belle, autant sous la lumière naturelle qu'artificielle. il ne faut pas détourner les yeux quand on la voit, ne pas l'éviter mais lui offrir un joli sourire tant qu'on le peut. et puis ici, tout le monde blesse tout le monde : c'est dans l'ordre naturel des choses pour grandir.
alice contre alice, tout explose parfois - il repense à eulalie un instant, autrefois. mais tout le monde blesse tout le monde ici ! c'est... injuste... c'est juste parce que tu es plus gentille que les autres... il le pense sincèrement, de tout son coeur qu'ivy est une proie facile à la méchanceté.

il ne la mérite pas.

je devrais te laisser tranquille. je suis désolé ivy. il est tout pantois quand il se lève, sac contre lui. il lui laisse le dernier mot puisqu'elle est maîtresse des lieux, avant de réellement s'en aller.

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litanie des vauriens ;; anton + ivy

ses yeux baissés presques résignés elle a pourtant écarté son regard du vide l’espace d’un instant pour se plonger au coeur des mots qui semblaient l’appeler. Il lui est difficile de ne pas se laisser interpeller par la sincérité émanent d’Anton, le coeur toujours plus ouvert et les intentions pures. Elle se plaît à contempler les mots doux qui peuvent glisser sur sa peau, les gentillesses dites dans son dos toujours plus agréable mélodie à ses oreilles que le bruit des rumeurs incessantes. Même si elle préfère se convaincre qu’elle n’en a pas besoin, le glas des honnêtes pensées semble toujours résonner en elle.
Et si Anton le dit, elle veut bien le croire lui qu’elle sent dépourvue de malice et d’autres maux. Elle ne l’aurait jamais obligé à dire quoique ce soit, à réparer quoique ce soit - pourvu qu’il y ait quelque chose à sauver. Mais il a ce quelque chose à transmettre aux autres et ivy ne le retiendra pas. Elle n’en espère rien non plus, car au fond le geste lui importe plus que les promesses ; peu lui importe l’aboutissement pourvu qu’elle puisse entendre ces mots, à cet instant. Ceux qui lui prouvent qu’elle a quelqu’un sur qui compter et dont la douceur la laisse hésitante, toujours au centre de sa chambre, les seuls mots lui venant à l’esprit sont : « je te remercie Anton, tu n’as rien à te reprocher. »
un au revoir lâché au coin de sa porte, la leçon se referme sur une note lui laissant présager un futur plus harmonieux, du moins dans ses espoirs inavoués.