(fb) a different kind of human || amadan

I know it happened quiet

so quiet

Jeune fleur poussant à son propre rythme, doucement mais sûrement.
Tu longes le réfectoire à la suite d'une séance en compagnie de Lincoln. Oh oui Nahia, cette étiquette que l’on t’a discrètement collé sur le front ne figure peut-être pas parmi les maladies ou les troubles à proprement parler – néanmoins, tu ne peux nier qu'il t’handicape à son échelle.
Tu nécessites indéniablement une aide pour te développer sainement et transformer tes tristes faiblesses en atouts majeurs – le jeune adulte t’a déjà encouragé à intégrer le club de théâtre. Une si belle décision qui t’a permis d’avancer sur la scène des acteurs en compagnie de ces derniers.

Et aujourd’hui, Nahia tu approches doucement de ta seizième année ; les élans de motivations alimentent ton humeur d’ordinaire si maussade et défaitiste – les progrès apparaissent enfin pour conclure ces périodes de fluctuations, t’en rends-tu compte ? Tu te sens renaître, comme si l’on te permettait enfin d’alléger ce que tu considérais comme un odieux fardeau.

Le soulagement expulsant les pensées toxiques qui emplissent ton organisme.

Douce euphorie qui bombe légèrement ta poitrine – gonflée d’une confiance étonnante. Cependant, ce n’est guère l’unique initiative que tu as prise, Nahia : du coin de l’œil, tu repères ce jeune garçon qui dégage cette superbe aura de confiance – ce garçon dont tu essaies maladroitement de te rapprocher afin d’apprendre à le connaître un petit peu. Ses iris reflètent cette hardiesse qui te fait tristement défaut, cet espoir d’une belle complémentarité qui fait discrètement battre ton petit cœur dans sa cage thoracique.
Serait-ce la troisième ou quatrième tentative d’élaborer quelques phrases en sa présence ?
Peu importe, tu as beau avoir remarqué quelques fuites de grossièretés de sa part – ces mots qui froissent un petit peu tes illusions –, il ne t’a jamais rejeté. Elles ne t’ont jamais été adressées après tout.

Par miracle, tu repères son visage dans la foule de traits inconnus – ou connus, tu n’en es pas certaine – assis seul à une table. Attendrait-il quelqu’un ? Tu soupires, un petit peu paniquée en te dirigeant tranquillement vers lui avec ton plateau-repas.
Un regard adressé, des murmures timides échappent de tes lippes.

— Excuse-moi. Cette place est-elle libre… ? Je pensais que l’on pourrait déjeuner ensemble…

Comme si ton interrogation n’était pas suffisamment explicite.

@Amadán O’Shea

marv

Invité

a different kind of human.

La terre qui macule ses genoux alors qu’il fouille dans le sol à la recherche de l’objet enfoui il y a quelques mois. Un larcin de plus, un vol motivé supplémentaire. Il en a pas honte Amadán, il est fier de son petit coup. Oh, ce n’est pas grand-chose. Pas une boîte pleine de bijoux en or, pas de nombreuses pièces. Pas un trésor de pirate. Ça serait cool pourtant. Lui, le pouilleux Écossais, riche de monts et merveilles malgré le manque criant d’étoiles. Envié de tous, vénéré, enfin. Ça fait quelques années qu’il est ici maintenant, et jamais on ne l’a regardé autrement qu’avec dégoût et froideur. En est-il la cause, petite brebis galeuse ? Bien entendu. Et il s’en fiche, pour être honnête. Que lui apportera ce taudis dans sa vie future ? Rien. Lui, il veut vivre dans ses champs infinis, auprès de ses parents et de ses bêtes. Heureux, bêtement heureux.

Rien de bon ne lui arrivera, ici.

Ou peut-être…

Des pensées qui divaguent un peu trop depuis qu’il l’a remarquée. Des joues qui rosissent sous son regard, il détourne les yeux. Amadán a des faiblesses malheureusement. Ses hormones le travaillent, un peu. Les filles, c’est pas désagréable à regarder. Il aimerait leur tenir la main. Être proche d’elles, ou plutôt d’une seule, ça serait déjà bien.

Mais les sans-étoiles ne doivent pas les intéresser. Qu’a-t-il apporter à part un dictionnaire déjà bien fleuri ?

Mais bizarrement, une jeune fille le regarde de temps en temps. Et c’est gênant. Elle est très jolie, bien sûr, et lui ne sait plus où se mettre quand elle l’approche un peu trop. Il ose pas trop parler dans ces moments-là, sa langue se perd très loin au fond de sa gorge, elle-même embarrassée. Devant elle, il ne faut pas être vulgaire.

S’intéresse-t-elle à lui ? Certainement pas.

Et aujourd’hui, rebelote. À côté de lui, son larcin encore tout sali par la terre alors qu’il mange. Vraiment, ce n’est pas grand-chose. Personne ne se souviendra de ce petit objet un peu nul. Une vieille toupie aux si jolies couleurs. Il n’a pas pu résister, et puis ça a fait chier son possesseur. C’est tout ce qui compte, non ?

Et le regard de cette jeune fille sur lui. Ses mains terreuses, le visage presque maculé. Il n’y est pas allé de main-morte. Et la nourriture se bloque dans son œsophage. Il a chaud, soudain.

– Salut… oui, ne te gêne pas, il n’y a heu… personne. Toute la place peut être pour toi, pas d’inquiétude !

Rouge pivoine le Amadán, les gestes secs et désordonnés. Il veut paraître classe et distingué, mais il est juste trop gêné.

Awful

I know it happened quiet

so quiet

Il te salue d’une voix teintée de gêne, les joues dévoilant une couleur rosée ; transpirant la timidité de tous ses pores, ses gestes paraissent incertains, confus ; toutefois, ils sont si difficile à décoder que tu les ignores effrontément pour t’installer à ses côtés.

— D’accord, merci.

Tu déposes délicatement ton plateau orné de délicieux mets préparés avec soin par les chefs de l’académie. Sera-t-il jaloux du somptueux repas qui t’attend ? Tu l’ignores car tu oublies, dans ton intrusion, les ressentiments que tes privilèges pourraient amener, encore peu habituée à la jalousie qu’implique ta nouvelle troisième étoile.

Un regard.
Puis tu remarques.

Tu constates ses mains maculées de terre ainsi que son visage souillé de quelques petites taches. Que s'est-il passé ? Tu demeures légèrement interdite, interloquée face à l’étrange constatation. Silencieuse, tu élabores dans ton esprit des scénarios justifiant cette allure peu glorieuse – imagination débordante en quête de causes à effets. Se serait-il battu avec un autre garçon ? A-t-il intégré le club de botanique sans respecter les règles ? A-t-il creusé dans le sol du parc ? Difficile à définir et tu crains la réponse, Nahia, tu crains celle qui confirmerait qu’Amadan ne te correspondrait guère.

Oh que l’on aime se bercer d’illusions, lorsqu’on ne compte qu’une petite quinzaine d’années.
Pourtant tu balbuties.

— Comment cela se fait-il… que tes mains soient crasseuses ? Que s’est-il passé ?

Le timbre hésitant, discret comme si tu n’osais guère formuler l’interrogation ; comme si tu regrettais presque la question ; et ton regard croise les formes d’un petit jouet aux couleurs chatoyantes. Tes iris détaillent la jolie toupie avec attention puis se détachent gentiment pour se concentrer sur ton interlocuteur – léger arc sur tes lippes.
Amadan a beau être plus jeune que toi, Nahia, et pourtant son tempérament s’enflamme d’assurance. Cherches-tu à te laisser influencer par ses rayons flamboyants ? Parfois, tu aimerais toi aussi émaner une petite lumière, rien qu’une petite.
Tu lui tends la serviette longeant sur ton plateau.

— Il est dangereux pour la santé de se nourrir avec les mains sales. Tu pourrais attraper une bactérie.

L’éducation et les principes d’hygiène coulant dans les veines – Amadan a besoin de discipline. Si tu souhaites que son assurance s’ancre dans tes gênes, peut-être peux-tu lui apporter, à ton tour, un moyen d’évoluer vers de meilleurs principes. Une façon pour lui de se développer dans un cadre plus sain – celui que tu connais tant. Peut-être pourras-tu rendre ta présence utile pour lui aussi.

Peut-être est-ce cela,
L’amour.

@Amadán O’Shea

marv