terminé | breathe, cold, another bad dream ft. Gina

breathe, cold, another bad dream

Si l'on pouvait mourir d'ennui, tu serais un rat mort. T'avais passé l'après-midi à tourner en rond en centre-ville, en ayant envie de rien. T'attendais le bus pour rentrer, et tu te sentais d'humeur maussade avec ton chocolat chaud à la main.

Une gorgée.

Cette nuit avait été un enfer, t'avais pas arrêtée de te retourner, de te réveiller, de bouger, d'encore te réveiller; t'étais sortie pour changer d'air et parce que tu pensais que bouger était toujours une bonne idée. En enfonçant ta tête dans ton écharpe, tu t'étais mise à ricanner en pensant à quel point tu t'étais plantée. Une mauvaise nuit pour une mauvaise journée.

Une gorgée.

Et merde.

Tu connaissais cette silhouette par coeur et tu l'aurais reconnue entre cent.

Gina. Tu t'étais forcée à l'éviter, par tristesse, par rancoeur, par jalousie, par simplicité un peu aussi, à quoi bon rester auprès de ceux qui te blessent ?

Il semblerait que le mal te colle à la peau Alex.

Ferme-la, ignore-la. Tu te sens toujours en colère quand tu la croises. Tu n'as pas pardonné le mal infligé, et tu ne sais si tu y arriveras. Le premier amour est certainement celui qui laisse le plus de traces.

Une gorgée.

Tu lèves les yeux vers le ciel teinté de violet et de rose, le soleil allait se coucher doucement, mais sûrement. Le crépuscule était ton moment préféré de la journée, mais c'était aussi le moment où la barrière entre toi et le mal était la plus fine.

Tu t’appliquais à ne pas la regarder. T'en avais même pas besoin de toute façon, c'est pas comme si tu avais connu ce visage sur le bout des doigts.

Ne me parle pas, ne me parle pas, ne me parle pas.

Une gorgée.

Une mauvaise nuit pour une mauvaise journée hein ?

Halloween

Breathe, cold, another bad dream

feat. Alexandra

Les rues s’assombrissaient alors que le soleil laisserait bientôt sa place à la lune. Dans un frisson, Gina avait continué à marcher, plongée dans ses pensées. C’était une mauvaise journée, une journée où tout allait mal et Gina ne voulait parler à personne.

Elle aurait aimé que la pluie l’emporte. Mais il n’y avait pas une seule goutte pour noyer son chagrin. Elle ne savait même pas la raison de sa peine. La douleur arrivait soudainement, la prenant à la gorge. Alors elle n’arrivait plus à rien. Elle n’arrivait plus à sourire, plus à rire et être ce soleil qu’elle était. Elle s’éteignait et disparaissait. Tout simplement.

En arrivant à l’arrêt de bus, Gina s’était laissée choir contre la paroi de glace, son regard perdu bien trop loin pour remarquer son ancien amour. Elle avait regardé l’heure, vu tout ce temps avant le prochain bus et avait allumé une cigarette. Il n’y avait que ça pour apaiser ce mal qui faisait trembler ses mains. Vanillées, toujours. La nicotine détendait son corps, lui donnait quelques secondes de répit pendant que son regard se perdait sur la valse de la fumée. Et son regard était tombé sur Alex. Gina en sentit ses jambes lui faire défaut. Tout son long corps s’était maintenu grâce à la paroi. Jamais Gina ne croisait Alex. C’était une règle longtemps respectée. Et voilà qu’elle se retrouvait sous cet abris avec elle. Seule. Une boule nouait sa gorge. Culpabilité, remord, haine et affection nouaient son coeur. Gina était cruelle avec Alex, toujours. Malgré l’amour qu’elle sentait jaillir chaque fois qu’elle pensait à ses bras. Ce n’était même pas de l’amour. Juste une simple affection pour ces bras doux et les murmures au creux de son oreille.

Et pourtant, le coeur de Gina ne pouvait que crier. Tout son corps la réclamait, une simple étreinte, un baiser, une dernière passion pour y planter ses griffes cruelles. Gina ne se comprenait pas. Elle était douce comme un agneau et pourtant ! Pourtant, dès qu’il s’agissait d’Alexandra, elle faisait preuve de la plus grande des cruautés. Elle avait pleuré dans ses bras, Gina avait essuyé ses larmes, mais avec la froideur la plus indifférente du monde. Elle n’avait même pas fait semblant. Il semblait qu’elle ne pouvait aimer Alexandra que dans sa liberté. Maintenant qu’elle n’était pas à elle. Puisque lorsqu’elle la suppliait d’être sienne, son coeur restait nonchalant et froid. Et plus elle faisait preuve d’amour, plus Gina plantait des griffes cruelles en son coeur. Alexandra l’aimait et Gina adorait ça. Mais elle ne l’aimait pas. Elle n’arrivait pas à l’aimer si ce n’est dans les draps. Une indifférence violente l’en empêchait. Et elle ne le comprenait pas. Elle ne comprenait pas cette méchante cruauté qui ne lui ressemblait pas. Avait-elle eu peur ? Etait-elle juste une horrible et vile créature ? Après tout, Gina n’était qu’humaine, une humaine tout aussi cruelle que les autres.
Et dans sa cruauté passionnée, Gina ne pût s’empêcher d’encore caresser la peau de son ancienne amante du bout du regard. Et elle murmura, fébrile, glaciale.

- Bonsoir Alexandra.

jamy - AvadaKedagraph

breathe, cold, another bad dream

Et merde merde merde.

Tu ralentis ta respiration, c'est ta réponse à l'accélération de ton rythme cardiaque. Ça ne se passe jamais bien quand tu paniques. Tu tournes ton regard vers elle, toujours silencieuse.

Tu ressens une pointe d'anxiété depuis qu'elle t'a adressé quelques mots; it's been a long time, isn't it ? Vous vous étiez toujours efforcées à vous éviter lorsque cela était possible, surtout toi Alex, tu avais mis du coeur à appliquer cette règle.

- Bonsoir Gina.

Le ton sec, je pense que la planète entière pouvait sentir ton mélange d'énervement et d'anxiété. C'était décidement une rencontre non désirée.

Une gorgée.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

Cet amour, tu l'avais comparé à une tragédie; une tragédie dont tu rêvais parfois lors des nuits fragiles. Gina avait été ton poison, et il lui arrivait encore de couler dans tes veines.

Tu avais été flamboyante, extrême mais entière, et il avait été si facile de te blesser. C'est ce qu'il s'était passé : tu avais été blessée. L'affection et la luxure ne t'avaient pas suffit; il t'en fallait toujours plus. Tu voulais toujours l'extrême, tu voulais tout savoir et tout posséder à propos de Gina.

C'est une histoire décevante.

Tu aurais voulu mieux - tu pensais mériter mieux. Et là, tu te trouves ridicule.

Paniquer à cause d'une peine de coeur ? Vraiment déçevant Alex.

Tu refusais de lui laisser reprendre l'importance qu'elle avait eu dans ton cœur. Quiconque t'a laissé tomber une fois, peut recommencer.

Une fois, pas deux.

Tu jettes un coup d'oeil vers elle, et tu commences à t'impatienter.
Elle était vraiment obligée de venir te parler ?

Une cigarette pour Gina, et une boisson chaude pour Alex.

Une gorgée.

Halloween

Breathe, cold, another bad dream

feat. Alexandra

Elle ne pouvait détacher son regard d’elle. Alexandra, sa première passion, ses premières tendresses. Alexandra, victime d’une passion trop cruelle pour son fol amour. Ô combien Gina aurait aimé à nouveau glisser ses doigts dans ses mèches ! Combien elle aurait voulu la tenir entre ses griffes encore ! Mais tout n’était plus que poussière. Indifférente, Gina avait laissé Alexandra, le coeur lassé de ces émois amoureux. Il n’y avait rien de plus lassant que la douleur. Cruel égoïsme, si humain ! Gina avait laissé Alexandra seule dans son amour avec pour seul souvenir des draps froids et l’indifférente nonchalance de l’adolescence. Elle n’avait été qu’un jeu. Une piqûre d’héroïne pour faire valser le monde, un doux plaisir qui s’était avéré toxique.
Peut-être était-ce Gina qui avait rendu ce plaisir néfaste. Bien évidemment que c’était son oeuvre. Sa cruauté, son égoïsme, sa peur égocentrique.

Et elle était là, son regard toujours aussi indifférent plongé dans celui d’Alexandra. Rien n’y paraissait. Le visage stoïque de Gina était un mur plus cruel que toute expression de dégoût. Le sourire qui s’y étira l’était tout autant. Il détonnait avec ce regard. Ces deux billes noires. Si vides. Deux billes sans vie, sans intérêt, deux billes lasses. Gina n’était bonne qu’au vil jeu du mensonge. Elle se haïssait.

- Je n’ai pas le droit de saluer une vieille amie ?

Sa voix avait été monotone, sans joie, ni amertume. Gina n’était que ça. Un soleil mort, une étoile gelée qui avait donné toute sa lumière. Il ne restait plus que le vide, le noir pour Alexandra. Elle-même ne voulait pas plonger ses mains dans ses ténèbres. Elle n’en voyait pas la fin, les ignorer était bien plus simple. Ignorer cette noirceur, être le soleil, la chaleur, rien d’autre. Tout enterrer.
Mais avec Alexandra, ses griffes sortaient. Elle l’avait poussée dans ses retranchements jusqu’à faire exploser sa vile atrocité, ce monstre. Et pour ça, Gina haïssait Alexandra. Elle haïssait ce reflet d’elle dans ses yeux.
Elle était la preuve vivante de tous ses défauts. Elle portait le poids de son poison. Gina jouait avec les personnes comme on joue avec des pantins pour maintenir son égoïste souhait d’amour. Son égoïste envie d’être aimée. Son cruel plaisir à savoir qu’elle avait le contrôle. Et au fond, sa cruauté était sa douloureuse croix. Un poison qu’elle avait elle-même insufflée. Personne n’est un soleil. Et à trop vouloir masquer ses ombres, Gina s’était empoisonnée et emprisonnée dans sa terreur.

Elle grogna, le regard glacial, douloureux. Son regard était toujours de ceux qui blessaient avec Alexandra. Elle ne s’enflammait que dans ses bras et il y avait bien longtemps qu’elle les avait quitté. Et pourtant. Elle les désirait encore. Elle désirait encore l’étreindre. Plus que tout. Il s’agissait d’un vil souhait destructeur. La peau d’Alexandra, sa voix contre son oreille, sa tendresse, son amour.
C’était comme si Gina ne pouvait aimer Alexandra que dans la douleur lorsqu’elle fit quelques pas pour effleurer sa main de la sienne.
La tête haute, elle ne pouvait pas voir cette faiblesse dans l’indifférence de ses yeux. Il n’y avait pas d’indifférence. Qu’une vile manière de se protéger.

- Tu me manques parfois.

Un murmure cassé. Gina peinait à laisser ses mots sortir. Par fierté, elle refusait de les laisser sortir. Par culpabilité aussi. Elle n’avait chuchoté un pardon qu’une seule fois : quand elle avait détaché sa main de la sienne pour lui dire adieu.
Et là, elle n’était plus qu’une ridicule idiote coupable. La mâchoire serrée, les yeux humides. Gina ne comprenait rien. Rien du tout. Elle en voulait à Alexandra. Elle s’en voulait à elle-même pour l’avoir laissé l’atteindre, pour l’avoir laissé toucher ses faiblesses du bout des doigts. Et elle avait tout détruit pour ça. Gina restait mutique après ces mots. Statue humaine au coeur trop plein et trop creux.

jamy - AvadaKedagraph

breathe, cold, another bad dream

Cinéma ou spectacle, théâtre ou romance dramatique, telle est la relation que toi et Gina entretenez. Tu ne te sens plus comme un rat crevé, mais plutôt comme le bouffon du roi. T'as l'impression qu'elle te fait une farce et qu'elle se moque de toi.

- Je n’ai pas le droit de saluer une vieille amie ?
- Non.

Tac au tac et sans réfléchir. Tu ne comprends même pas comment elle a pu demander ça si simplement. L'anxiété étant retombée, ta voix a adoptée le même ton que la sienne.

- Et, nous ne sommes pas amies, Gina.

Fous-moi la paix.

Factuellement, tu marques un point. Ça fait bien longtemps que vous n'êtes plus amies, et cette hypocrisie t'ennuie.

Ton plan ce soir, c'était juste de boire ton chocolat, profiter du crépuscule qui s'installe, rentrer et trouver une nouvelle occupation avant de filer te coucher. Il semblerait que cet élement perturbateur vienne modifier tes occupations; tu geins intérieurement de cet emmerdement de dernière minute.

-Tu me manques parfois.

Ça aurait été mignon dans d'autres circonstances, mais pas dans celles-là.
Tu lèves les yeux au ciel.

Sérieux ? Elle se moque de moi ?

Tu en profites pour jeter ton gobelet et réfléchir quelques secondes.

Oui, non, merde.

Tu reviens à ta place initiale, un peu en face de Gina. Tu es exaspérée et décidée à ne pas te laisser bouffer. Un vent glacial s'est levé, et tes yeux froids se sont fixés sur la silhouette qui te faisait face.

- Que dirais-tu... D'aller voir ailleurs si j'y suis ? Ou pourquoi ne pas retourner voir la petite italienne avec qui tu traînes tant en ce moment ? Il semblerait que tu t'amuses bien pendant que d'autres triment.

Je n'ai pas besoin de toi.

Rude, froide et sarcastique; ainsi était celle que tu avais décidée d'être ce soir. À mort la chaleur, à mort les sentiments, les coeurs et tout ce qui peut entourer de près ou de loin Gina. Tu ne referas pas les mêmes erreurs deux fois. Tu apprends vite, et tu es trop bornée pour revenir sur tes pas.

Et même si j'avais besoin de toi, ça ne fonctionnerait pas. Je ne peux pas perdre encore une vie auprès de toi.

Ton énervement se mêlait à la tristesse. Tu repensais à tes mains dans ses cheveux et à vos embrassades; aujourd'hui, tu trouves ces gestes creux et plats. Le problème, c'est que même lorsqu'elle était à tes côtés, Gina était absente. Et ça, tu ne le tolérais pas.

Tu aurais pu être ma reine. Dommage que t'aies tout gâché.

Tu attendais de voir sa réaction, sans te douter que cette nuit, un mauvais rêve restait encore à venir.

Halloween

Breathe, cold, another bad dream

feat. Alexandra

Un sourire âcre vint craqueler les lèvres de Gina. Elle s’attendait à une réponse si tranchante. Alexandra n’était plus douce, Alexandra était devenue une lame affûtée depuis le moment où Gina avait choisi de lui faire tant de mal. Elle claque sa langue, regarde au loin, de marbre, le regard sombre.

- Bien sûr qu’on n’est plus amies, j’ai dit vieille amie.

Plus que de l’hypocrisie, Gina faisait preuve de cruauté encore. Envers Alex, envers elle-même. Elle sentait le poison courir dans ses veines, son pouls s’emportant dans une valse trop rapide. Gina n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait avec Alex. Tout était imprévisible avec elle, impossible à gérer depuis le départ.
Elle ne peut s’empêcher de continuer à laisser glisser ses yeux sur sa peau. Son visage fermé, ses yeux, son nez, ses lèvres fines, son cou délicat.. Alexandra lui manquait. Sa douceur lui manquait et ce manque la rendait tellement furieuse. Envers Alexandra, envers elle-même. Encore. Egoïste créature. Cruelle amante.
Elle la suivit du regard, attendant qu’elle sorte de son mutisme. Son silence l’effrayait et elle ne pouvait que laisser son pauvre crâne hurler. La cruauté était plus difficile à vivre qu’à infliger. Ô bien plus plaisante lorsqu’elle sortait de votre gorge pour se déverser sur autrui. Mais Gina méritait. Elle avait été bien plus dure qu’un simple silence, elle. L’abandon, l’indolente indifférence, l’égoïsme, la manipulation silencieuse. C’était un tout qui avait lacéré le coeur d’Alexandra. Gina le savait.

Mais pour autant, le poison continuait à courir sur sa langue. Il n’attendait qu’une étincelle pour sauter à la gorge pâle d’Alexandra. Et elle avait parlé de Carla. Alors l’oeil de Gina s’était fait plus froid, plus vivant derrière le vide. Elle avait laissé un rire faux éclater. Un rire cassé, amer, sans un regard pour Alexandra. Elle avait mal. Alexandra avait appris à faire mal. Sans le moindre éclat de colère, la pupille noire finit par fixer Alexandra, plus cruel et mauvais dans son vide que dans son éclat. Le calme était bien plus effrayant qu’une tempête. Les colères de Gina étaient toujours calmes. D’un calme tonitruant, dévastateur. Elle avait articulé chaque mot avec une lenteur destructrice.

- Calme donc ta jalousie Alexandra. Et ne parle plus jamais de Carla comme ça, c’est clair ? Qu’est ce que tu crois ? Que t’es la pauvre petite victime ? J’ai jamais voulu de tes sentiments, t’as juste été d’une naïveté affolante. J’ai jamais rien fait pour que tu m’aimes, j’étais juste gentille. Mais non, il a fallu que tu veuilles avoir plus, toujours plus.

Un ange passe. Gina siffle du nez. Colère, mépris, désespoir. Gina ne sait plus, elle laisse tout exploser dans ces mots tranchants.

- ... La vérité Alex, c’est que tu me détestes parce que j’ai pas été le toutou que tu voulais tant avoir.

La vérité, c’est que Gina avait été incapable de laisser Alexandra la connaître. Elle n’avait jamais pleuré, jamais crié. Elle n’avait été que la surface calme d’un lac tumultueux. Une belle affiche glacée pour cacher le grand trou derrière. Et ça, elle ne le supportait pas. Son coeur en criait chaque seconde. Solitude, encore, toujours, cette solitude implacable, ces murs immenses autour d’elle et pourtant, tant de personnes à ses côtés. Gina était emmurée dans sa coquille.
Gina se laissa glisser au sol, courbant son corps trop long pour fixer le goudron. Sa cruauté lui piquait les yeux. Elle sentait sa langue déverser sa hargne encore. Son regard était si vide. C’était tout ce qu’elle devait montrer pour ne pas exploser. Gina avait toujours peur d’exploser. D’être un monstre de cruauté, par delà le vide. Alors elle ne parlait plus et n’offrit que ce regard creux à Alexandra, ce regard révoltant qu’elle avait tant de fois offert à Alexandra alors qu’elle réclamait son amour. Elle était lâche mais préférait encore tout remettre entre les mains d’Alexandra. Elle qui connaissait pas delà le soleil, Gina n’attendait que le déferlement de haine qu’elle pourrait faire pleuvoir sur sa peau froide.

jamy - AvadaKedagraph

breathe, cold, another bad dream

Touché.

Tu t'y attendais. Évidemment que Gina ne peut pas toujours être aussi calme que son apparence le laisse penser. Évidemment qu'elle n'est pas que chaleur et lumière. Et tu connaissais cette aspect d'elle mieux que quiconque.

Tu savais très bien qu'en parlant de Carla tu allais provoquer la tempête. C'était un peu ce que tu voulais au fond; toucher Gina voulait dire qu'elle n'était pas qu'indifférence envers toi, ça voulait dire que tu avais encore de l'impact.

"Vieilles amies" hein ? Quelle douce médiocrité.

Et tu n'aimais pas la médiocrité. Tu n'aimais pas l'état dans lequel cet ancien amour te mettait, et tu n'aimais pas non plus l'état dans lequelle elle-même était. Tout aurait pu être beaucoup plus doux, mais c'était plus fort que toi. Tu n'arrivais plus à être douce auprès d'elle.

- Calme donc ta jalousie Alexandra. Et ne parle plus jamais de Carla comme ça, c’est clair ? Qu’est ce que tu crois ? Que t’es la pauvre petite victime ? J’ai jamais voulu de tes sentiments, t’as juste été d’une naïveté affolante. J’ai jamais rien fait pour que tu m’aimes, j’étais juste gentille. Mais non, il a fallu que tu veuilles avoir plus, toujours plus.

Des mots tranchants, exactement ceux que tu cherchais.

- ... La vérité Alex, c’est que tu me détestes parce que j’ai pas été le toutou que tu voulais tant avoir.

Tu souriais doucement, d'un sourire brisé. Combien de temps alliez-vous vous faire du mal encore ? Tu avais envie de t'enterrer. Ou de l'enterrer elle. Tu ne savais pas trop.

Si je vais en Enfer, ce sera ta faute.

Un éclair dans ton regard glacé à cette idée.
Alex avait une conception très claire de ce qu'elle voulait être et de ce qu'elle ne voulait pas être. Elle s'était toujours évertuée à rester droite, juste, et pure dans ses intentions. Elle là, elle faisait preuve d'impureté.

Et c'est à cet instant précis que tu avais trouvé ton occupation ce soir. Quitte à être impure, autant aller au bout.

Ce jeu aurait presque été amusant si il ne te blessait pas en même temps.

- Here we are, c'est le moment fatidique où tu me reproches d'être une superbe méchante.

Et c'était aussi le moment de la regarder bien droit dans les yeux, et de dire ce que tu pensais au creux de toi.

- Avant de me reprocher quoique ce soit, regarde-toi.

La vérité, c'est que même si tu souriais, l'anxiété te rongeait jusqu'au bout des doigts. Un frisson.

Tu avais envie de t'énerver bien plus encore, tu avais envie de la pousser à bout.

Une pensée éclaire :
Merde, j'suis si tendue, faut vraiment pas que ça arrive maintenant.

Tu parlais de ta plaie d'alice, qui aimait se manifester au fur et à mesure de ton énervement et de ton stress. Et là, tu étais vraiment énervée et stressée.

C'est presque que ton venin me rendrait malade.

Dépitée, dégoûtée, ridicule et faible, c'était tout ce que tu ressentais.

Dans un souffle, tu lui avais dit :
- Tu ne vaux pas mieux que moi.

La nuit tombait chaque minutes un peu plus.
Et chaque minute qui passait, tu te rongeais.

- J'admets ne pas être parfaite, mais au moins, je ne suis pas une menteuse.

Blesse-moi encore et je t'enterre.

Halloween

Breathe, cold, another bad dream

feat. Alexandra

Gina serrait les dents bien trop fort, elle allait briser ses mâchoires. Mais cette douce souffrance était tout ce qu’elle pouvait avoir d’Alexandra maintenant, tout ce qu’elle méritait réellement. Et sa haine viscérale était plus tournée vers sa propre personne que son ancienne amante. En réalité, même dans le conflit, elle cherchait son parfum, sa voix, son regard, comme un pieux pour l’achever. Gina avait mal et elle s’appliquait à avoir mal en entraînant Alexandra dans sa douleur.

Leur passion était un poison dont elle n’arrivait pas à se passer, même dans les tumultes.

Les remarques furieuses d’Alexandra la touchaient sans l’effleurer. Gina était à la fois cette fille fragile détruite par leur douleur et cette cruelle chose indifférente, si destructrice. Le sourire d’Alexandra la figeait sur place. Elle ne put que sentir ses dents grincer, ses ongles meurtrir sa peau. Son regard était toujours d’un calme plat. Mais derrière, Gina hurlait. Et elle ne put que rire. Rire encore et encore, jusqu’à en avoir mal, âcre, aigrie, meurtrie. Elle riait cruellement. Pour elle. Pour Alexandra. Pour leur affection détruite.

Son coeur lui faisait mal, sa tête lui faisait mal, tout n’était que douleur. Son indolence était une prison. Eviter la douleur était devenu plus meurtrier encore et pourtant, Gina ne pouvait s’en empêcher. Oui, oui, elle n’était pas mieux. Elle était loin d’être mieux qu’Alexandra. Elle le savait. Elle était monstrueuse. Une horreur de peur, de cruauté, mais surtout de non-sens. Gina n’était pas mieux et elle était loin de le penser.
Alors elle riait franchement et elle sentait des gouttes cristallines noyer ses cils. Gina avait si mal. Elle n’était que doute. Elle devenait folle. Qui était-elle ? Que faisait-elle ? Qui devait-elle être ? Elle se refusait à être le monstre qu’elle se croyait être au fond d’elle-même et pourtant, elle était bien incapable d’être aimante avec Alexandra. Parce qu’elle était brillante, douce, dévouée. Et surtout parce qu’elle ne devait pas toucher ses entrailles les plus sombres. Gina préférait encore voir cette haine profonde sur son beau visage plutôt que son dégoût sans nom face au manque de consistance de la personne qu’elle avait aimé.

- Qui a dit que j’étais mieux ? Et tu t’accuses toi-même. Les superbes vilains n’existent pas. Je suis sûrement une vilaine bien hideuse et alors ?

Ses limites craquaient. Et les derniers mots d’Alexandra vinrent la frapper de plein fouet. Evidemment que Gina était une menteuse. Une immense menteuse. Tout chez elle était faux. Cette gentillesse sincère sonnait faux quand elle cachait toute une partie d’elle bien moins éclatante. Et là, tout se brisa. Gina bondit, créature déchaînée, le coeur au bord des lèvres, toutes griffes dehors. Ses mains vinrent capturer Alexandra entre ses bras et son regard se fit brûlant de fureur. C’était bien la première fois qu’elle dépassait ses barrières glaciales. Et son regard n’était que fureur et tempête lorsqu’elle grogna, pleine d’orage, à quelques centimètres du visage d’Alexandra.

- Tu peux me traiter de tous les noms. Mais JAMAIS de menteuse. Je t’ai jamais menti, je mens pas, j’ai même pas joué avec toi. Je te traitais bien et quand t’as voulu plus de moi qu’est ce que j’ai fait hein ? Je t’ai manipulée ? Je me suis servie de toi ? Non. Alors fermes ta putain de grande gueule tu veux bien ? Arrête de te prendre pour une martyre, t’es.. T’es une putain de conne Alexandra. Tu viens pleurer après avoir foutu la merde. Je t’avais rien promis bordel ! RIEN !

La voix de Gina s’était faite tonitruante. Elle n’avait jamais autant levé la voix. Elle était toujours restée de glace. Distante, lointaine. Et voilà qu’Alexandra avait fait jaillir toute sa cruauté, ses griffes empoisonnées prêtes à tout détruire. Et Gina pleurait.

jamy - AvadaKedagraph

breathe, cold, another bad dream

I been laying with the devil.

Arriver à comparer Gina au Diable, c'en est douloureux n'est-ce pas ? Tu voudrais t'enfuir et te noyer dans l'eau bénite. Et, quitte à être noyée, être aussi enterrée à ses côtés.

- Tu peux me traiter de tous les noms. Mais JAMAIS de menteuse. Je t’ai jamais menti, je mens pas, j’ai même pas joué avec toi. Je te traitais bien et quand t’as voulu plus de moi qu’est ce que j’ai fait hein ? Je t’ai manipulée ? Je me suis servie de toi ? Non. Alors fermes ta putain de grande gueule tu veux bien ? Arrête de te prendre pour une martyre, t’es.. T’es une putain de conne Alexandra. Tu viens pleurer après avoir foutu la merde. Je t’avais rien promis bordel ! RIEN !

Elle avait dépassée une limite.

Et la fuite dont tu aspirais n'est pas une option; tu n'as plus d'autre choix que d'affronter la tempête, quitte à rouvrir tes plaies et les tailler encore plus profondément qu'elles ne l'étaient avant.

Elle était si proche de toi que tu pouvais lire sur son visage la passion et la rage qui l'animaient. Gina était un incendie, et elle t'entraînait avec elle.

Alex, es-tu satisfaite de ce que tu as fait ?
Of course not, tu étais insatiable, et allumer le feu de Gina attisait ton propre feu. Vous étiez semblables à deux bidons d'essence, qui n'attendaient qu'une allumette afin de flamboyer.

Le sourire déchirant et en pleurant, tu disais :
- Regarde-toi Gina, tu te rends même pas compte que tu mens et de ce que tu fais.

Le coeur un peu plus brisé, tu continuais de t'embraser jusqu'à en trembler.

Au moment où tu te préparais à sortir une autre réplique foudroyante, tu sens ton corps et ton cœur lâcher entre les mains de Gina.

Et tu trembles, trembles, trembles, jusqu'à ne plus être.
Ne plus être un corps, mais seulement du vide -enfin plus exactement, une masse de molécules H2O.

Putain de merde.

Ça n'aurait pas dû arriver. Ce n'est ni l'endroit, ni le moment. Tu te sens idiote, tu te sens faible, tu te sens ridicule. Malgré tout, tu n'abandonnes pas ta volcanique fureur; malgré ton alice chaotique, tu tiens à rester combattive; tu ne veux rien lâcher et rien abandonner.

Encore un peu plus, et je t'aurais ensevelis six pieds sous Terre.

La fuite étant impossible, tu n'avais plus qu'à attendre le courroux de Gina jusqu'à l'étouffement de sa dernière étincelle.

Halloween

Gina Di Marzo a écrit:: Breathe, cold, another bad dream
feat. Alexandra
Un feu effrayant brûlait entre elles. Gina ne le comprenait pas, elle ne comprenait pas tous ces sentiments au fond d’elle. Elle ne voulait que la douceur et ne pouvait qu’être un incendie. Gina devenait dévastatrice, et pourtant, elle ne pouvait que désirer sa présence. Pourtant, elle faisait craquer l’allumette et la jetait dans l’essence. Comme une idiote, comme une folle âme, comme un diable immuable. Car Gina était immuable lorsqu’elle frôlait la peau de son ancienne amante. Elle n’était plus qu’un serpent qui, vil et vicieux marquait Alexandra de sa cruauté. Alors Gina se laissait fondre dans la déréliction de toute sa personne. Elle se reculait au plus profond recoin d’elle-même, elle ne savait plus, elle n’était plus.
Gina vomissait des couleuvres. Elle crachait une haine qu’elle ne ressentait même pas, une haine qui relevait du putride. Gina était une assourdissante tempête et face à Alexandra, elle ne se connaissait plus.

Ce vide semblait la dévorer, ce vide trop plein, toute cette rancoeur, toute cette peur, les cheveux sombres d’Alexandra, ses yeux de colère et de larmes. Elle était noyée. La promiscuité d’Alexandra était le levier de ses ténèbres les plus sombres. Et à cet instant, des envies de violence la saisissaient. Gina était sale. Gina imaginait ses mains autour du cou d’Alexandra, le sang jaillissant, flamboyant, un cri puis le silence. Le calme alors qu’elle se viderait de sa vie, purgeant les tréfonds de l’horrible. Car l’horrible était né de son amante. Un enfant illégitime qui avait détruit ses créatrices, une épine ouvrant une plaie béante vers le terrible. Le savoir avait tué leur amour avant même qu’il ne naisse. Parce que Gina avait eu peur de ses faiblesses inavouées. Il y avait eu un premier mensonge, une première froideur, le premier dédain, la découverte de la cruauté si facile à faire jaillir, le premier plaisir né de la douleur. Et tout avait été brisé. Elle en avait été terrifiée.

Alexandra était la braise qui nourrissait ses ténèbres, sa douleur. Pourtant, elle continuait à tuer son âme du tranchant de sa voix. Gina savait que les mots d’Alexandra était justes et dans une compulsion destructrice, elle les enregistrait sagement au creux de son esprit.

Tu es faible, lâche, une menteuse au coeur de marbre. Un monstre cruel qui détruit tout. Tu es une chaleur hypocrite Gina.

Soudainement, Alexandra n’était plus. Gina n’avait pourtant pas détourné le regard, elle avait senti sa peau sous ses doigts pointus, son souffle sur sa peau. Mais Alexandra n’était plus et Gina sût qu’elle n’avait plus que le sol à fixer pour y trouver son crime. Une flaque d’eau. Pâle, silencieuse, inconsistante. Une simple flaque d’eau qui était Alexandra. A ce moment précis, Gina ne put que ressentir cette pulsion sadique. Elle murmura, pleine de tremblement, blasphématrice.

- Si je t’écrasais maintenant, est-ce que tu disparaîtrais ?

Gina tremblait, elle n’était plus qu’une ombre, l’ombre qui la rongeait toute entière. Elle s’oubliait, levait le pied, avec la vile tentation d’écraser son pied dans la flaque, encore et encore, de la dissoudre, la diviser, l'engloutir pour ne jamais la quitter, ne jamais la revoir.

Puis elle s’effondra. Rien n’avait de sens. Elle n’avait aucun sens, aucune raison d’être si elle n’était pas le soleil. Et là, elle n’était qu’une étoile éteinte, sombre et délaissée, oubliée, haïe d’elle-même et des autres. Gina n’était qu’un soleil qui mourrait à chaque coup de tambour brutal.
Et là, effondrée au sol, elle pleurait, les mains dans la flaque, ses larmes âcres dans l’eau douce. La colère se mêlait à sa tristesse et rien ne faisait plus sens. Ou tout faisait sens. Gina ne le savait pas. Elle ne savait plus, elle n’avait plus conscience, elle était une autre, une ombre, une masse de sentiments abstraits pour le soleil et l’astre éteint. Elle crispait ses doigts sur le sol rugueux et humide, serrait les dents, hurlait sans penser au reste du monde.

- Je te déteste ! Pourquoi t’existes, pourquoi ! Pourquoi ! Pourquoi !

Sa voix se nouait, craquait et repartait de plus belle, son visage déformé par ce trop plein d’émotions dévastatrices.

- Oui je suis laide, je suis hideuse de monstruosité mais c’est ta faute. Si tu avais pas creusé, si tu avais pas cherché à savoir, tout était bien ! Pourquoi tu m’as pas laissée juste être une gentille affection BORDEL ! Je me déteste et c’est même pas ta faute. Et quand je te regarde, même là, je vois juste mon reflet de grosse merde dans tes yeux et ça me bouffe.

Gina parlait sans contrôle. Et elle coulait. Elle aurait voulu prendre la place d’Alexandra, être une paisible flaque, juste une simple flaque et pas une machine défectueuse qui se refusait la fragilité.

jamy - AvadaKedagraph

breathe, cold, another bad dream

Cette situation est d'une tristesse et d'une honte sans nom. Et toi, au milieu de tout ça, tu te sentais vraiment super mal.

Si je t’écrasais maintenant, est-ce que tu disparaîtrais ?

Ne pouvant répondre, tu demeurais silencieuse, à regret.

Je te déteste ! Pourquoi t’existes, pourquoi ! Pourquoi ! Pourquoi !

Honnêtement, je pense la même chose à propos de toi.

Oui je suis laide, je suis hideuse de monstruosité mais c’est ta faute. Si tu avais pas creusé, si tu avais pas cherché à savoir, tout était bien ! Pourquoi tu m’as pas laissée juste être une gentille affection BORDEL ! Je me déteste et c’est même pas ta faute. Et quand je te regarde, même là, je vois juste mon reflet de grosse merde dans tes yeux et ça me bouffe.

La faute avait été admise. Et c'est bien la première que tu l'entendais dire ça. Il semblerait que Gina ait enfin une once de sincérité envers toi.

Peut-être auras-tu le droit au pardon toi aussi.

Tu t'étais mise à réfléchir -ne pouvant faire que ça dans ton actuel état-. Tu répétais en boucle chacune des paroles prononcées lors de cette querelle absurde. Tout cela était pathétique et puéril.

En fait non, reste en Enfer, j'ai plus de temps à perdre avec tes conneries.

Ce que tu peux être orgueilleuse Alex, tu déchaînes l'ouragan et tu oses dire que tu n'as pas de temps à perdre avec ça ? Tu fais considérablement preuve d'audace décidément. M'enfin, cela ne m'étonne pas.

Sans vouloir te défendre, il faut admettre que Gina a grandement participé au bijou qu'est ton mépris. Bijou oui; tu portes ton orgueil et ton insolence comme on porte des bagues -pour décorer, et parce que ce sont des bijoux importants. Tu traînes ton ego jusqu'au bout des doigts.

Ta tempête a commencé à se calmer, encore une fois, à regret. Y'a tellement de choses que tu voudrais balancer, mais c'est pas comme si tu le pouvais. Garde ton amertume Alex, on lui enverra des messages salés plus tard.

Bon et puis c'est pas que le temps passe, mais là tu voudrais te barrer. Écouter Gina crier et la voir pleurer, c'était un plan cool pendant deux secondes mais vu l'état dans lequel t'es maintenant c'est juste soûlant.

T'essayes de te détendre. Prendre le bus en étant de l'eau n'est point une tâche aisée. Vous pouvez rire, oui. Même Alex voudrait rire d'elle-même tellement tout cela est absurde.

I think I'm okay.

Pour repasser sous forme humaine, tu dois te concentrer si fort. Le seul problème de cet alice inutile -hormis le fait qu'il soit justement inutile-, c'est qu'il est ingérable lorsque TU deviens ingérable. D'une certaine façon, il te va bien.

Vivement que je contrôle entièrement cet alice de merde quand même.

Concentre-toi, concentre-toi, concentre-toi.
C'est la clé.

Au bout de quelques instants, tu reprenais forme humaine. Comme c'est agréable d'être un être de chair et de sang.

Enfin, si on met de côté deux secondes le fait que tu pleures silencieusement.

Mais tu n'allais pas laisser les larmes t'arrêter, parce que là, enfin, tu pouvais la regarder droit dans les yeux, et lui lancer une énième réplique violente.

C'était pathéthique tout ça.
Garde tes problèmes pour toi. Je veux plus te voir sur mon chemin.
Tu nous rends ridicule.

"Tu" parce qu'évidement, ça ne pouvait jamais être de ta faute, n'est-ce pas Alex ? Évidemment que non. Tu estimes avoir le droit à ta place au Paradis. Tu déclenches un incendie et tu t'estimes pure.
Faire de la merde et dire "c'est pas ma faute" c'est vraiment ton truc.

La vérité à cet instant précis, c'est que t'es aussi brisée qu'elle, et que la voir dans cet état t'a foutu en l'air.

Quel putain de mauvais rêve.

Halloween

note:

Breathe, cold, another bad dream

feat. Alexandra

Chaque mot avait un goût âcre dans la bouche de Gina. Elle ressentait tout, elle ressentait trop et sa haine cruelle avait trouvée sa victime originelle : elle-même. Tout était douloureux, chaque parole, chaque geste, les larmes brûlantes sur ses joues, ses ongles enfoncés dans sa chair… Gina se sentait sombrer dans ce goudron, ces ténèbres au fond d’elle, douloureux car ses griffes l’attaquaient. Le poison de Gina était corrosif, sans aucune pitié pour personne, pas même elle.

Tout semblait continuer à s’effondrer, sans aucune considération pour elle, pour sa pauvre âme. Après tout, elle avait tout brisé de ses mains. C’était ces mains salies, ces mains ornées de mal qui infligeait cette tyrannie. Et ô dans sa cruauté, Gina s’était réservée le rôle le plus douloureux. Celui du prisonnier de ces maux, de ces douleurs, de ces tourments. Elle était prisonnière de son être mauvais et se retrouvait engloutie. Plus rien ne faisait sens, les larmes dévalaient les joues rouges de honte, le nez long se retroussait, les dents se serraient, pour tenir ce cri qui menaçait.
Gina était au bord du gouffre à chaque fois que sa peau avait le malheur d’approcher Alexandra.

Et Alexandra avait repris vie. Elle était de nouveau de chair et de sang et Gina n’avait aucune envie de la voir. Les larmes ne pouvaient pas s’arrêter, elles dévalaient ses joues. Gina avait beau les essuyer rageusement, d’autres gouttes salées entaillaient ses joues, encore et encore.
Elle avait à peine eu le temps de se relever, chancelante. Un noeud tordait son ventre, tout faisait mal. L’air, le parfum d’Alexandra, la gravité la tirant vers le sol, le poids de ses membres trop lourds, trop faibles pour résister, tremblants.
Alexandra pleurait tout autant et cette vision causait encore plus de mal à ce coeur en peine. Son regard était perforant, tranchant, presque autant que celui de Gina le fût jusqu’à ce moment. Ses mots avaient fini de transpercer Gina.
Elle sentait chaque lettre s’enfoncer sous sa peau, chaque mot pénétrant de douleur, le poison de leur amour maudit. Et Gina était partagée entre ses envies vivaces de violence, de serrer ce cou frêle entre ses doigts sales, et celle, terrible, de serrer Alexandra dans ses bras, de tenir sa si tendre amante, ô sa belle Alexandra, sa douce qu’elle avait changée en statue de glace.

Mais elle n’en fit rien. Seul un rire dépossédé pût prendre vie. Gina avait mal, trop mal. Et ces mots l’achevaient. Cette situation était si absurde, Gina était si absurde. Elle se perdait entre haine et amour, cruauté et tendre affection. Elle était meurtrie, elles étaient meurtries, et rien ne changerait cette cicatrice au coeur.

- Au moins, je sais que je suis ridicule, moi. Tu n’es pas une sainte et ton Dieu te jettera presque tout autant que moi en Enfer.

Dans ses dernières forces, Gina jeta un regard désabusé à cette amante qu’elle avait couverte de ses bras un milliard de fois. Et elle s’éloigna d’un pas lourd, faible et fatigué, murmura de sa voix rocailleuse, abîmée, tant abîmée, arrêtée à quelques mètres de son amante, dos à cette fille qu’elle aurait voulu aimer.

- Ca suffit.

Notre douleur est assez grande. Il suffit pour ce soir mon amour perdu. Aime moi fort encore, haïs moi plus fort encore mais brise moi encore un autre jour. J’ai suffisamment mal aujourd’hui.

- Le bus se passera de moi. Bonne soirée Alexandra.

Ses pas reprirent. Lourds, si lourds, traînants et misérables. Les larmes menaçaient encore, brûlant ses paupières et Gina se haït un peu plus encore à s’en écorcher la santé toute la nuit encore. Alexandra était un poison, son poison, un mal de sa création. Et Gina avait la sensation que toujours, derrière ses paupières closes, elle apparaîtrait pour la fusiller rageusement de ses yeux.

jamy - AvadaKedagraph

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