Alistair il était pas prêt à ça, Alistair on l’a jeté dans la gueule du loup et il s’est fait bouffer tout cru.

Mais c’est pas grave, on s’adapte. On s’adapte parce qu’il faut bien, on s’adapte parce que de toute façon on est pas prêt de partir, et que si lui le fait pas alors personne le fera.
Et s’il se perd en chemin c’est pas grave, car plus rien n’a d’importance. Faut juste sortir de ce cercle vicieux de merde. C’est tout ce qui compte.
Et ça marche.
C’est ça le pire.

Alors Alistair il s’y complaît dans ce merdier, parce qu’avec des œillères pareilles c’est tout ce qu’on peut faire. Jouer au dur alors qu’il n’en est rien, garder toute la crasse à l’intérieur parce que c’est plus facile comme ça. Et tant pis si ça pète. Alistair quand ça va pas il s’isole, coupe tout d’un coup et attend que ça passe.
Puis il revient comme une fleur, des excuses plein la bouche.
Tout minimiser parce que c’est moins compliqué.

Pourtant y’a des trucs qui trompent pas, il le sait plus que quiconque. Cette façon qu’il a de tordre ses mains parce qu’il sait pas quoi en foutre, ce don qu’il a pour rire quelques secondes trop tard aux blagues, cette difficulté exacerbée à regarder les gens dans les yeux. Il en a plus que trop conscience, quand on est en bas de l’échelle c’est difficile de remonter, surtout quand on s’y prend aussi mal.

Mais malgré ça, il arrive quand même à tisser des liens. Parce que même s'il est maladroit c’est toujours plus simple de dire je t’aime que je me déteste.
S’effacer pour être davantage présent , rassurer pour mieux écouter.
Il donne mais peut pas toujours recevoir.
Et ça lui va.

Alistair vaut mieux être quelqu’un à ses yeux, sinon il s’en fout. Vous pourriez crever devant lui il broncherait pas. Parce que cette amertume est toujours là, ancrée. Ce sentiment d’injustice est indélébile.
Quand il avait des problèmes personne ne l’aidait. Alors pourquoi les autres y auraient droit ? Pourquoi des inconnus mériteraient son aide ?
Faut pas lui en vouloir, c’est normal comme réaction.

Il se rassure comme il peut, il est bon qu’à ça.
Se plaindre mais se laisser couler.

Toujours choisir la facilité.

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