elle est brillante l’idée.
parce que c’est pour les petites étoiles scotchés sur le toit du monde. faut qu’elles pétillent davantage. alors un matin, ça se lève, ça va voir son frère, ça pointe le marché de noël, ça comprend tout. lequel a pris l’initiative ? who cares.

il déambule aux côtés d’asmo, ils ont l’air tranquille parmi les élèves, on les connaît bien, on se méfie. anaël, sourire d’enfant. anaël sourire souvenir. oublier qu’hier c’était le seize décembre. oublier pop qui

en voyant les couronnes, il a envie de trouver papier crayon, dessiner quelque chose pour laëstiel. quitte à se retrouver sur la piste de course un nouveau matin. parce qu’évidemment, ce ne sera pas une jolie carte de vœux, faut pas rigoler. faudra esquisser quelque chose pour aglaé, leo, fel et daphne aussi. quel bon santa, ce anaël.

fouille dans ses poches.
en sort glorieux

deux rabbits bro. no worries, on steal of course. à commencer par les couples. c’plus facile, t’as une tête occupée à s’faire ses mamours tandis qu’l’autre achète. puis c’des couples quoi, ça voit encore moins c’qui s’passe around.

ses yeux scrutent déjà la place. ne pas hausser la voix, ne pas baisser la voix, paraître quotidien. ça serait trop bête de revenir sans cadeaux pour les enfants. ok, wait, j’crois la vendeuse over there, (anaël empoigne le bras d’asmo, le plaque contre lui pour qu’ils puissent voir la même chose) avec mes deux rabbits et les tiens, on peut maybe acheter d’quoi. let's start en douceur, en bon citoyen.

clin d’œil avant d'entraîner asmo avec lui.

il fallait qu’un jour un imbécile d’enfant regarde les étoiles et ait la joie stupide de vouloir inverser les alices. il fallait évidemment que parmi tous les élèves de ce trou anaël se retrouve avec le destin de laëstiel. décembre, c’est pas le mois des cadeaux, c’est le mois de

mais keske g putain de demander à whatever le dieu de la terre pour que depuis le 1er ou le 5, anyway, j’me retrouve avec son nom partout même dans un vœu débile d’enfant aussi con que son fion.

non pas qu’anaël ait quelque chose contre elle. absolument pas. mais.
il aurait grandement apprécier passer son quinze décembre
à voleter dans les airs comme cosmos plutôt. alors depuis deux jours,
à la façon des rescapés, anaël bouscule aglaé, bouscule asmodée.
bouscule son univers. et le lendemain ça commence à tousser.

si seulement t’étais là, j’pourrais t’raconter c’qui s’passe ici, pop.

la voix d’asmodée soudain. tirer sur les extrémités de son foulard. s’amuser à sentir la présence de l’autre. toucher. sourcils froncés, il réfléchit au choix. puis tousse. raclement de gorge, léger. il ne s’en fait pas trop, un bon sommeil après ce coup vite et ce sera parfait.

anaël aime bien les luges, mais son regard est attiré par les ours dont parle asmodée. tout près de leurs skis, un petit renard hivernal avec sa tuque, petit cœur floconneux entre les pattes. quand ils se regardent, c’est bon, mission enclenchée. toussotement. frisson sous la veste rouge ouverte.

asmodée qui échange. malgré ses yeux qui captivent la vendeuse (l'effraient, bitch c'est que des yeux get over it), il est bien plus patient et délicat qu’anaël. ça sait dit bonjour et merci. anaël ne sait dire que yo et stp. ça prend son temps au comptoir du stand. et au moment de partir, anaël se retourne, effleure la table, regarde ailleurs et dit

bro, t’veux voir les chandelles parfumées maybe ?

mains dans les poches près de la table. toussotement. la tête d’un petit coup indique la direction. anaël déjà loin.

et quand ensemble dans la foule ils rejoignent le stand des chandelles, anaël écarte un pan de sa veste : poche intérieure. poche extérieure : sort le poing.

puis les trésors se révèlent.
deux petits ours
un petit renard.
un grand sourire.

anaël tousse.

sucres d’orge ? alright sucker, we’re moving our ass jusqu’à mamie praline.

tousse. replace les petits ours et le renard dans ses poches. ça proteste contre l’écharpe, ça dit bitch parce qu’on n’a pas froid, c’est pas nécessaire. mais ça ne résiste pas davantage, tousse encore et se laisser aller dans l’étreinte.

stop worrying, c’juste l’pire qui peut arriver, death.

yeah right, le pire.
regarde les stands pour ne pas penser. chercher mamie praline des yeux. on les garde brillants, on ne les laisse pas se fatiguer. ni la toux ni l’absence. anaël tapote l’écharpe puis pouce levé, sourire en coin pour asmodée.

thanks bro, t’es un vrai.

tu es sensible toi, t’as le cœur alerte. un merci qu’il ne sait pas si lourd, mais toi, t’es pas leurré par ses conneries. anaël, en un mot, gratifie ta présence sur tous les plans de l’existence. vraiment, la bonne idée de s’occuper des enfants du grenier.

ok j’la vois homie, stand trois à ta gauche. mais plus d’rabbits. so let’s take une poignée d’sucres pendant qu’y’a des fat ass qui grouillent around.

t’entraîner à sa suite. bouger, asmodée. c’est bien, parce que le marché est bondé. alors on glisse vers le petit marcher, se faufiler façon élève fébrile parce qu’il faut bien magasiner des cadeaux pour ceux qu’on aime – faudrait savoir si anaël aime. c’est une autre histoire. et en vérifiant qu’asmodée se trouve toujours à ses côtés,

lève la tête, tend le cou. au-dessus de quelques élèves regroupés autour de mamie praline, anaël peut voir plus loin les couronnes de fleur. sourire malice.

hey asmo, on pourrait steal trois couronnes pour les kids you know ?

et pour soi-même, sans baisser le ton.

ouais, maybe not. elle m’étranglerait.

deal ?
tu demandes
il te répond – laisse ses yeux briller
gamin pour toi en toute saison –
deal.

se laisser pousser vers les autres
(aller vers les autres)
marcher et tâter un peu la marchandise on joue les intéressés, oh c’est jolie comme couleur c’est quelle saveur ?
le temps de chopper quelques sucres un éventail arc-en-ciel, le temps de rejoindre asmodée et ses deux couronnes, sourire niais, mais il faut dire

que des couronnes ça ne se cachent pas très bien.
le cri déjà qui les alerte, le rire et puis anaël renchérit avec son majeur levé, langue tirée. tu lui dis de courir et anaël ne se fait pas prier, jouer du coude en jetant à la vieille, comme une boule de neige et vlan ! dans la tronche, en lui jetant direct

catch us dead ass !

parce que t’es morte avec tes vieilles années qui s’écroulent sur ton stand, alors qu’ils courent parmi les élèves et que le nez rougit du froid – parce qu’il ne rougira jamais de honte n’est-ce pas asmodée – et les cheveux se rafraîchissent dans le vent et qu’en courant on en oublie c’est quoi, asmodée, on en oublie c’est quoi

vivre et crever.

allez viens qu’on sorte d’ici. les sucres et les couronnes de roi – tant pis pour les princesses. petits ours et petit renard. allez viens asmo qu’on sorte d’ici. et les rires qui courent sur la neige. ça montera – volera – jusqu'au grenier.