"quand le premier de tous les bébés se mit à rire pour la première fois, son rire se brisa en mille morceaux qui sautillèrent de tous côtés et devinrent des fées. toutes les fois qu’un enfant déclare : "je ne crois pas aux fées", alors l’une d’entre elles tombe raide morte." (peter pan, barrie)

règle n°14 : tout voyage, à durée déterminée ou non, doit être annoncé au reste du clan. le conseil donnera son accord s'il juge la raison valable et les individus concernés s'engagent à donner des nouvelles régulièrement.

j'ai le crâne en sang. mes membres éraflés me sont douloureux et me tirent affreusement. à chaque fois que je fonce droit dans le mur, je hurle un bon coup pour me donner de la force - ainsi j'espère secrètement pouvoir le traverser et atterrir dans le salon de notre petite maison.
j'ai six ans et je n'arrive toujours pas à me faufiler à travers les surfaces. j'ai six ans et dans un an, à l'aube de leur septième année, tous ceux de mon âge partiront rejoindre l'intérieur de l'académie.

et si je n'étais pas comme eux ? et si moi, je n'avais aucune magie ? j'ai peur et de plus en plus mal, le stade de l'acharnement est passé : maintenant je m'écrase lamentablement contre les briques, comme pour les embrasser.

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j'ai presque sept ans. maintenant j'ai un peu de magie. j'ai réussi ! ce soir, c'est la première fois que j'ai accompagné maman rendre visite aux humains. elle m'a donné son sac de quand elle était plus jeune, je le trouve laid mais elle me dit que c'est symbolique, et on se glisse à travers les portes et les fenêtres.
on ne voit pas les limites.
dans notre famille, c'est des baptêmes à la vie : on a toujours habitué les enfants avant qu'ils partent à maîtriser leur alice. moi j'ai réussi tardivement à le faire marcher, mais ce n'est pas grave ; j'ai encore plus suivi maman pendant la nuit pour qu'on aille chaparder quelques affaires.
parfois, ce sont des cuillères. parfois, ce sont des photos des mioches de la maisonnée. et en échange on laisse des jolies choses qui brillent puis on repart avec notre butin. tous nos murs sont tapissés de visages qu'on ne reconnaît pas, de personnes jeunes sur les photos mais sûrement maintenant mortes - et toute notre vaisselle est dépareillée. en échange, papa utilise son alice qui peut illuminer éternellement tout ce qu'il touche.

c'est un peu de quotidien contre un peu de rêve.

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dans la nuit noire, il n'y a ni mère ni père. je me tapis derrière un arbre en attendant que mon ami passe pour me chercher, et je saute sur son dos. il pousse un cri strident et moi je ris comme une sauvageonne. j'attrape ses mains et je le chatouille de partout. tu as réussi ! je souris et je l’enserre tout contre mon coeur. je suis heureuse qu'il soit là ! qu'est-ce que je peux l'aimer ! tu as réussi à aller à la lisière de la forêt tout seul ! ça fait de toi un des enfants les plus courageux de l'académie ! et dans sa poche je lui glisse un talisman ; c'est un caillou ramassé à même le sol que j'ai décoré de peinture phosphorescente.