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silence to cut (caddy)
Teddy Devray
UNE ÉTOILE
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Teddy Devray

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MessageSujet: silence to cut (caddy)   silence to cut (caddy) EmptyMer 27 Nov - 21:56

noir
x caprice

Avoir au moins cinq pensées conflictuelles qui rushent en même temps dans sa tête cadenassée...
l’coeur submergé... l’corps enlisé.

Chercher une musique, vouloir que le silence tapisse son crâne, discuter avec Caprice par sms, la voix du père qui s’fait ordre destructeur, guetter le prochain concert de rock où aller avec Noël, rêver d’un demain sans son et pourtant perçant, visualiser Colline et Miel au loin inatteignables, se retrouver à Paris dans cet après-soirée sombre (quand les autres enfants sont couchés et que c’est à elle d’oeuvrer), culpabiliser de la dernière prise de bec avec Robin, faire craquer les os avec ses mains sales, s’dire que Eulalie, Kara et Garance pourraient s’entendre, pas savoir comment faire, les poings du sang contre ses tempes et la nausée qui fait son chemin du fond des tripes -migraine, envier Rouge : future héroïne, apprendre à faire peur à s’imposer, essayer d’étouffer le manque d’adrénaline malgré tout, et puis s’empêcher de penser à tous les autres, chercher une nouvelle douleur pour prendre le pas sur les autres… contrôler au moins UN ressenti… surtout quand tout le reste se bouscule à ce point, qu’elle en tremble… qu’elle en perd ses moyens, qu’elle en oublie le début du fil de ses propres pensées, perdue dans son trou noir…

Presque pas de lumière dans la pièce.
Même l’écran de son tél a glissé contre le sol il y a déjà quoi ? plusieurs minutes.
Elle a le temps.
Elle lui a dit de venir quand il pouvait “après 23h”.
Le couvre-feu aux oubliettes.
Comme ce message envoyé à moitié erroné.
Parce que
Juste
tout
ça

Alors pour contrebalancer, tout ce qu’il faut est déjà en place.
C’qui épongera l’écarlate.
C’qui laissera une marque blanche.
Et c’qui accueillera tout ça.
Ce soir, ça sera le haut des cuisses.
Parce que le ventre est encore trop sensible.
L’habitude qui la hante. À cran. C’est presque méthodique, elle peut pas s’en empêcher. Accro. Ça va même jusqu’au short et t-shirt qu’elle porte dans ses moments, toujours les mêmes, noirs.

Tout est là, à nu, à froid.
Seule à seule, au sol,
Moment sans mot, sans voix.
Juste celle de Papa D. qui souffle toujours : “la fin justifie les moyens”.
Et là, elle en a besoin.
Ça la tue de continuer à procéder comme il lui a appris.
Conditionnée.
Faire mal pour faire bien.
Mais elle n’y peut rien.
Elle en a vraiment besoin…

Cut
De garder son secret dans le creux de ses voeux pour eux.
Cut
Ne pas les blesser.
Cut
Vital pour lui permettre de fonctionner encore un peu.
Cut
Avoir le contrôle.
Cut
Vital pour continuer encore un peu avec eux.
Cut
Rester forte.
Cut

Parce que certains ont déjà beaucoup trop fait pour la recoller.
Et qu’ils méritent qu’elle continue d’essayer.
Lui peut-être bien plus que les autres.

Mais une chose est sûre.
Cut
C’est qu’il ne mérite pas de voir ça.

– Capri-

L'obscur tombant sur ses épaules
L’absence de lumière ne convient pas à Caprice.
Elle l’a toujours su.
C’est bien pour ça qu’elle préfère qu’il se perde dans les étoiles.


Caprice Devray
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Caprice Devray

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MessageSujet: Re: silence to cut (caddy)   silence to cut (caddy) EmptyJeu 28 Nov - 1:28

silence to cut
regarde-nous ouvre grand les yeux
sur la vermine à la dérive, tu as promis des allées souillées de soleil bordés de feuilles d'or, vois
comme c'est putride les layons moribonds qu'on foule désormais on s'enlise dans la tourbe et t'as laissé faire
rabattu les paupières - c'était putride bien avant tes œillades lâches
qui ont laissé errant dans des royaumes viciés
regarde-nous - malvoyants, on marche seul depuis le début
seulement c'est maintenant qu'on réalise les sols percés de racines noueuses, elles enlacent les pieds et font trébucher
c'est dur
de ne pas tituber
sans toi pour me dire
où regarder.

il y a des jours hurlés de vœux de se faire aveugle je t'ai supplié toi mon père de m'arracher les yeux comme des pierres précieuses - si tu les aimes tant, si tu les trouves si beaux saisit les donc de tous tes doigts et extirpe du crâne comme on extrairait les jolis minéraux tu m'as dis
regarde Caprice
tout le magnifique qui n'existe rien que pour toi


mais regarde-nous, regarde
les tourments gangrènent tout ce qui aurait pu fleurir à commencer par le vert tendre de Colline, tu l'as jamais, jamais aidé à distinguer le vrai du faux, nourri à la feinte, rendu parano, il tuerait l'amour persuadé qu'on le hait, et Noël, les univers infinis de couleur t'as dévoré, blanchit à l'argent sale serré le bâillon tellement fort sur sa bouche pour pas que ça morde dans l'édifice désormais il obéit et ça lui ressemble pas, et Miel, prunelle de tes yeux, tu disais, les cristallins ternissent d'une seconde à l'autre ça broiera que du noir, sans espoir le saccharose a souhaité mourir d'amertume, elle a écrit des lettres pour dire au revoir tu y crois ?

bien sûr -
que non.
il faut le vivre pour y croire. sentir,
les gouffres vertigineux creusés dans les poitrines ce sont des mines à ciel ouvert qui donnent plus rien
des alvéoles de poumons qu'on remplit de vide et d'étoiles à coup de grandes inspirations affolées
c'est carencé
à force de laisser les gens se servir - je préfère, sinon j'engloutirais tout de malsain (tu m'as jamais appris autrement) je le sens il vaut mieux qu'on me ronge jusqu'aux os
comme ça je filerai suffisamment la nausée pour qu'on n'approche plus. oh -
regarde pas
en fait il vaut mieux pas que tu regardes ce qu'on fait de nous
ce que je laisse certains faire de moi
y a des soirs je peux plus me voir.

mais elle je veux bien
parfois -
parfois je crevais d'envie d'enserrer de mes ongles ras ta tête immonde de patriarche pour forcer la nuque à se tourner vers elle et aboyer comme les chiens de combat laissés en bord d'arène regarde-la
jetées sous des projecteurs glauques
Teddy
je veux la voir, je dois la voir c'est des instincts
de répondre à tous les appels
ils ont trop finis dans le vide qu'était le père
ferme les yeux, ferme les, va - ça t'était doué
le reste on a fait tout seul

sans toi, sans toi encore on se débrouillera
sans eux, sans elle
je tombe pour de bon
comme les derniers mots du message
comme les dernières lettres de mon prénom dans sa voix.

au moment d'ouvrir la porte, ouvre les yeux sur les horreux
regarde-la.

Teddy et tous les détails
porcelaine fêlée d'estafilades saignées à blanc, tranche à la lame parce qu'on laisse jamais rien couler et surtout pas des larmes dans des bouquets de pleurs - tu lui as
j a m a i s
appris - à la lumière de l'encadrement le contre-jour dans le dos, la scène se déroule sous les yeux, interrompue, les deux astres livides se toisent, elle et moi, du bruit sur l'image je
manque de fléchir, pousse la porte, fébrile, pour refermer derrière et laisser aucun autre regard rentrer, ramener rien qu'un peu de pénombre mais
c'est trop tard
on a vu les teintes des secrets.
c'est l'épiderme il crie du rouge plutôt que la bouche, qui dit jamais rien, qui fait bien comme tu lui as dit, ça s'exprime à sa place ça dit
regarde-moi
à sa place

tandis que les yeux de Teddy supplient
ne
me
regarde
pas

qu'est-ce que tu fais
teddy qu'est-ce que t'as fait
j'aurais rien qu'une fois encore la nuque de papa à portée
je la briserais.


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MessageSujet: Re: silence to cut (caddy)   silence to cut (caddy) EmptyVen 29 Nov - 19:51

cécité
x caprice

Non.

FAILLES HONTE COLÈRE CULPABILITÉ À NU CONFLIT SUPPLICE CONFUSION BRUTALITÉ À SANG FRAYEUR HAINE PERDITION DÉGOÛT INCOMPRÉHENSION MIETTES SECOUSSES DOULEUR

Non.

Tout ce qui se passe dans son coeur l’éventre.
Tout ce qui se passe dans son ventre l’écoeure.

Putain non.

– Rien. Va t’en.

Elle a un haut-le-coeur, referme son poing sur une lame, balaye le reste de ses armes sous le li,t comme si ce n’était que de la poussière - décomposition d’étoiles -, tente de ravaler c’qui pourrait s’échapper hors d’elle. Les genoux qui s’collent au palpitant, comme si elle pouvait encore dénigré l’sang. Alors c’est lui qu’elle repousse, parce qu’elle ne sait pas comment s’enfoncer plus loin dans l’invisible.

– C’est ri-rien vraiment.

Y a un truc qui l’étrangle. Spasmes effrayés, apnée réflexe, les fondations qui tremblent, la force qui s’dissout. Elle peut plus le regarder, elle pourra plus jamais le regarder, elle veut disparaître, de ses yeux, de sa tête. Ça devait rester entre ces quatre murs, à l’abri de toute histoire à raconter sur son corps marqué. Parce qu’elle le sait, que ce soit avec une lame ou des pensées empoisonnées, le mal est le même, surtout dans cette chambre déconnectée de tout ce qui se passe à l’extérieur.

Et ils ont déjà assez souffert.
C’est pour ça qu’elle cache.
C’est pour ça qu’elle ment.
Ça sera toujours son rôle de les protéger.
Jusqu’à la fin.
Même quand c’est d’elle qu’il faut les éloigner.

– Désolée, désolée, désolée, désolée, désolée...

Mot noué, enroulé dans sa gorge, bloqué, répété. Les dents qui s’plantent aussi dans la lèvre. Tumeurs malignes qui retiennent le flot d’émotion, comme elles peuvent.

Et quand tout ça vrombit en elle comme la perte de contrôle qu’elle redoutait tant, perturbation d’sa mécanique de survie, c’est le pire des scénarios qui s’joue dans sa tête.
Et elle sert encore plus le poing.
Spirale indicible. Addiction cachée.

Parce que Caprice a appris tout voir, mais ça, il faut pas.
Parce que Teddy a appris à s’exprimer par la violence, et là, elle saura rien dire d’autre.

Elle a juste trouvé le moyen de la retourner contre elle.
C’est dans sa chair qu’elle parle, déplace son mal et court-circuite sa psyché.
Pour préserver les autres d’sa mécanique désarticulée.
Pour rayer ses pensées et punir ses méfaits passés.
Pour nourrir le monstre qui veut sa dose.
Pour prendre possession d’sa peau, d’ses maux…
À défaut de contrôler son présent.
Pour s’réfugier vraiment.
Relâcher l’extrême de ce qu’elle ressent.
Échapper à ce qui est coincé en elle.

– S’il te plaît Caprice. Et puis c’est vraiment rien. C’est superficiel malgré les années qu’elle a tracées. Et l’état second, le calme après l’entame infligée à sa peau, c’est le bien qu’il lui faut, l’air qui lui manque trop. Alors s’il te plaît Caprice… Ferme les yeux.


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MessageSujet: Re: silence to cut (caddy)   silence to cut (caddy) EmptyDim 1 Déc - 7:42

silence to cut
le monstrueux coupable, dévore les détails
éclaboussé de lumière il rapatrie dans l'ombre les petits meurtres - comme pour compter mille victimes sur la peau - cache les lames et les bras et le cœur,
tout ce qui a lacéré
tout ce qu'on a lacéré
mais c'est trop tard
trop tard Teddy trop tard encore maudit par le cyclique infernal - les bonnes habitudes prises dès l'enfance, la mauvaise graine conditionnée - des schémas dans la peau
Caprice toujours trop tard sur les lieux du crime
comme au bon vieux temps

avant de voir il entendait, comment derrière les portes, on assassinait l'enfance : bruits des os qui craquent comme les lattes des lits où l'on avait trop sauté, plaintes sourdes gargouillant de sang, couvrent les rires d'enfants, se mêlent dans une mélasse putride avec les souffles affolés, sanglots et hurlements et puis
plus rien
rien que Teddy
qui ressort des lieux noirs
livide et vermeil
petite merveille qui a obéit au sempiternel paternel
et toujours Caprice derrière les portes
une fois celles-ci rouvertes
en première ligne pour respirer des airs lourds et mortifères
trop tard
après la guerre - on aurait voulu voir avec elle pour engloutir les détails sordides à sa place mais c'était toujours trop tard.


Teddy petit morceau vidé d'adrénaline drainée de vie le teint pâle blanc blanc blanc et du rouge aux angles qui frappent et cassent, au bout des doigts et au sommet des phalanges et tout le corps qui hurle
j'ai fait du mal
et tout ce qu'on pouvait faire c'était fermer les yeux et entourer des bras pour serrer fort, ce qu'il faut pour ne pas blesser plus encore, étreindre et rassembler
Teddy en éclats.

pulsion - s'élancer vers elle et lui arracher les lames des mains, jeter loin les rasoirs et la secouer elle, pour la réveiller, lui dire Teddy reviens, où est-elle ? celle qui ne supplie pas, qui jamais ne s'abîme dans l'obscurité à part en cas d'extrême nécessité (quand c'était ordonné)
qu'est-ce que tu en as fait ?
mais ce serait laisser les chaos qui se déroulent sous les yeux faire flancher pour de bon.

inspire Caprice, expire, respire
retrouve des souffles pour elle, élimine les distances instaurées pas le père, qui compartimentait la misère prodigieuse - paraîtrait que ça brille mieux bordé de sombre. il traverse la pièce prudemment, s'approche, s'agenouille d'abord les jambes manquent de ployer mais il fait attention,
s'assoit finalement en tailleurs juste devant elle
en première ligne même si ça peut tirer à balle réelle on affronte.
silence, tend les mains avec prudence, pour défaire les nœuds
pas tous
pas trop vite
ceux des mains d'abord il rouvre les doigts lacérés de Teddy pour y enlever ce qui brille - chasse les lames hors de leur vue, tu vois
on est complices
tu peux refermer sur les paumes ébréchées si tu veux ce n'est pas ça qu'on voit. et une fois que ce sont de nouveaux des petits poings il entoure de ses mains, se retient d'y laisser transparaître la moindre fébrilité. silence, silence
perce au milieu des souffles qui manquent.
Teddy, regarde moi.
attend. encore un peu. avant d'oser se pencher, à peine,
parle plus bas.
s'il te plaît rouvre les yeux... tu veux bien ?
comme les oiseaux tombés du nid les ailes brisées, lovés dans les racines des arbres, s'en emparer trop vite c'est risquer de paniquer et faire éclater le cœur et ça bat vite, sous les poitrails minuscules.
s'il te plaît Teddy...
murmures
je suis là.

tu vois ? j'ai tout vu. mais je suis là.
et on ne dira pas tout va bien
on ne dira pas c'est vraiment rien
ce serait mentir
et mentir c'est terminé

et les vérités se bousculent au bord des lèvres des soleils tristes affluent sous les paupières car il la regarde droit dans l'âme mais sous le champs de vision il devine les bras comme des charniers et c'est douloureux il voudrait pleurer les entailles
mais c'est pas le moment - après, plus tard
quand il aura insufflé des relativités aux univers si instables de Teddy
il tient fort pour l'instant,
redoutant qu'elle s'effondre sur elle-même.


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MessageSujet: Re: silence to cut (caddy)   silence to cut (caddy) EmptyMar 21 Avr - 19:23

sur la peau, l'âme se trace
x caprice

“Je suis doué d’une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire.” Si c’était pas de Gustave Flaubert, ça pourrait être signé Caprice Devray. Elle le sait, ils le savent, ils le savent tous dans la famille. C’est probablement lui le plus sensible. Alors pourquoi c’est lui qui voit tout ? Pourquoi c’est lui qu’elle écorche comme ça ?

Le coeur gorgé de larmes, de ce trop plein, de tout ce qui la traverse, la chavire et noie.
Tout à la fois.
Elle refait le scénario dans sa tête, où est-ce qu’elle a merdé.
Comment elle a pu se foirer comme ça et mal calculer son moment ?
Tête à tête avec ses ombres, c’était tout ce qu’elle voulait.
Avant de pouvoir faire la part de l’ombre, sans négliger la lumière, revenir même vers elle et son scintillement distant… celui de Caprice.

Elle veut pas qu’il l’approche comme ça. Parce que même sans le voir, elle perçoit sa gestuelle. Rien qu'en l'entendant respirer, elle sait, son cœur est inquiet, au bord d'un de leur gouffre signé Devray. C’est fichu. Elle va être cet objet fragile qu’il faut enrouler dans du papier bulles, qu’il faut surveiller. C’est pas dans l’ordre des choses, ça peut pas l’être, elle ne l’acceptera pas.
Est-ce qu’il réalise combien ça coûte à quelqu’un d’aussi fier qu’elle de se montrer ainsi devant quelqu’un de si précieux à ses yeux ? Il avance avec précaution, craint le moment où la tension la fera éclater. Pas besoin d’ouvrir les yeux, elle le sent. Et sa tête répond non.

Sa peau, enveloppe vivante, filtre extraordinaire entre le dedans et le dehors, passeport qui marque des étapes et s’en souvient. C’est tout. C’est que ça. Y a pas à chercher plus loin. Y a même rien de trop visible depuis des années. La control freak avait tout bien géré jusqu'à aujourd'hui. Seul le ventre et le haut des cuisses entamés. Tout était calculé. Ou du moins tout est écrit ici, sur l’épiderme. Parce que ça lui est impossible de le faire et l’exprimer différemment. Entraînée autrement.

– Désolée... Encore.

Défaillance des mots. En parler ne suffira jamais à effacer les traumas ni les peurs des conséquences. Elle est à la fois, coupable et victime, assassin et assassinée. Ou presque. C'est comme ça qu’elle apprivoise les monstres en elle. Ceux-là mêmes qu’il a déjà entraperçus dans le fond d’ses yeux, au sortir de leurs nuits parisiennes. Au fond d’ses yeux qu’elle visse sur lui à l’instant.

– Y a que comme ça que je meurs pas.

Le rassurer et l’effrayer en même temps. Elle n’a pas contrôlé cet instant. C’pour ça qu’elle détourne déjà vite le visage vers l’obscurité.

Elle veut pas qu’il comprenne qu’elle ne tient en laisse sa souffrance psychique que grâce à cette douleur physique. Trop tordue à l’intérieur, elle n’a toujours connu qu’un moyen de s’exprimer. Casser les autres et se briser elle. C’est ce qu’on lui a appris. Maintenant, elle essaye juste de placer un “ou” à la place du “et”.

– Crois-moi. Vaut mieux que ce soit dans ce sens que dans un autre.

Même si d’extérieur, ça ne ressemble qu’à un moyen d’échapper à des pensées envahissantes. Elle, c’est sa propre mécanique qu’elle veut défier. Et aujourd’hui, marquer sa peau, laisse des traces, C’est sa sous-pape de sécurité, sa zone de confort.
Et pendant quelques secondes suspendues, ça lui permet d’oublier ce qu’elle éprouve et ce qui cloche vraiment.
Et le lendemain, ça lui permet de moins chercher les emmerdes, de moins provoquer des bagarres absurdes et d’être moins tentée de frôler le dangereux.

– Pour une fois, vaut mieux que je retourne la violence contre moi.

Elle s’en fout que ça soit indélébile et irréversible. C’est pas comme si elle risquait vraiment sa peau avec ce mal. C’est pas comme si quelqu’un y trouvait un intérêt à la regarder de si près.
C’est sa solution pour purger ses angoisses explosives et combler ses manques instables. Imprégner sa chair de douleur, c’est appliquer un baume sur ses émotions, ce qu’elle déteste d’elle, ce qu’elle déteste être et tout ce qu’elle ne comprend pas. Ça la soulage de se réduire à ça. Vaisseau de chair lacéré mais engourdi.

– Est-ce que tu pourrais t'en contenter, comme moi je le fais ?

Dommage qu’elle ne puisse pas admettre la réalité. Qu’elle ne s’en contente pas. Pas ces derniers temps où ça devient trop prenant. Ces quelques instants où l’adrénaline afflue, puis quand la douleur et l’sang emporte tout avec eux… Refuge addictif et compulsif contre le débordement des tensions. Au moins avec ça, cette douleur réelle qu’elle maîtrise… Ce qu’elle ressent est plus concret que jamais. Elle y donne un sens.

Elle peut pas avouer ça à Caprice.
Il pourra rien gommer.
C’est trop tard.



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MessageSujet: Re: silence to cut (caddy)   silence to cut (caddy) EmptyMar 28 Avr - 0:45

silence to cut
les édifices chancelant - Teddy tu tiens bon - à main nue et fil tendu tranchant, entoure la carcasse pour garder l'esprit sain en dedans. y a que comme ça que tu meurs pas, à la manière des saignées moyenâgeuses tu fais couler le mal et puis un coup d'eau, et ça retourne sommeiller sous la gaze. ça se tapit dans tes yeux, Teddy, j'en discerne les contours et tressaille.

il faut en avoir, de la force, pour courber ces trajectoires furieuses. bousculer le principe d'inertie afin de faire revenir la violence à soi - des fleuves entier à détourner direction la source.

Teddy je crois qu'avec le nom de famille on a hérité d'un chaos terrible à porter à vie dans les entrailles. chacun son marécage, t'as les regards qui y replongent, à défaut de pouvoir te rejoindre à la nage je voudrais me noyer avec toi. mais là-bas c'est tout seul, c'est tout seul qu'on s'occupe de ça. sous la peau, sous les os, j'ai pas accès. la seule prise que j'ai c'est tes mains dans les miennes, pic de l'iceberg, à la surface des vêtements, le reste tu caches. ce soir j'ai vu. est-ce que je peux me contenter de ça.
... est-ce qu'il y a vraiment le choix.
je suis mal placé pour te dire arrête à tout jamais. confisquer les lames - et après ? il y a mille façons de s'entailler. mille façons d'endurer, il y a hurler pour couvrir le bruit ou bien détourner les regards et se pencher sur les cataclysmes des autres. je ne peux pas répliquer lacère-moi plutôt car tu ne le ferais pas. tu dois te dire que c'est déjà fait. tu sais, je crois qu'aucun de nous n'a attendu les autres pour s'écorcher.
c'est triste de le faire en secret.
s'te plaît Teddy, me dis pas va-t'en.
c'est ça qui m'effraie. que tu m'intimes de t'abandonner aux ombres. les sentiers vers la lumière, je ne t'y emmènerai pas de force. je n'ai aucune idée d'où ils commencent. quel tournant prendre. laisse-moi rester.
maintenant que je suis là, laisse-moi rester.
on pourra rien gommer. mais c'est fini les portes fermées. laisse-moi t'aider à couvrir. défais doucement l'étau des doigts sur les tiens j'ai serré trop fort et la peau a marqué blanc, j'éloigne mes mains et puis tout le corps, me relève pour balayer la pièce du regard. les frêles arpèges, ils cherchent à haute voix le bon accord.
tu fais comment d'habitude... tu nettoies et désinfectes ? t'as ce qu'il faut ? dis-moi où c'est, je te l'amène.
sinon j'irai chercher. il faut juste que tu me dises, Teddy,
montre-moi comment on s'y prend
dans tes refuges à toi.


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MessageSujet: Re: silence to cut (caddy)   silence to cut (caddy) EmptyMer 29 Avr - 18:21

sight
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Sauver sa peau, risquer sa peau, avoir quelqu’un dans la peau, être bien dans sa peau… C’est dans ces moments que la peau et le moi se confondent. Mais là Caprice, quand c’est une technique de survie, ça veut dire quoi pour elle ? Cette façon de s’approprier sa propre identité comme un champ de bataille ?

Et tout ça juste à cause de l’indicible. Ce qu’elle a vu, ce qu’elle a fait… Et fait encore parfois. C’est pas seulement dans sa tête. C’est circonscrit ailleurs, bien plus loin qu’entre les quatre murs de leurs anciens appartements, bien plus loin que dans le creux d’sa peau. Sa défaillance, ce cri muet qui se répète et se répète de plus en plus, elle ne sait pas comment l’arrêter. Et elle aurait jamais imaginer te demander d’assister au spectacle. Alors que sous leurs peaux, leurs sangs sont différents. C’est pas un même nom sur un papier qui doit te faire sentir obligé. Mais toi tu veux rester.

Et si il reste, est-ce qu’il va voir que c’est pour toutes ces fois où elle s’est retenue d’utiliser son alice ? Qu’elle a besoin de son shoot d’adrénaline, quelques fractions de secondes dans un état second pour rassasier les démons. Alors j’ai recommencé. Et recommencé pendant des années.

Et lui il ne veut pas abandonner ça là ?

Mais si il continue à s’immiscer, il pourra vomir des migraines. Alors s’il vous plaît... Que quelqu’un parvienne à pénétrer son esprit et l’en libère. Comme un voeu à l’étoile polaire. Protégez son coeur tendre. Parce qu’avec les Devray, chacun a son propre petit manteau de douleur. Un espèce de tricot de peau désagréable qui pique et nous étrangle parfois. Ça fout le vertige. Et ça craint d’avoir son propre gouffre à l’intérieur. Surtout quand ils savent très bien qu’ils ne peuvent rien faire. Tu ne me sauves pas et je ne te sauve pas. Les héros auraient des sales tristes vies, si ça devait être l’un d’eux. Ils ressemblent à ces statues d’albâtre figées main dans la main et fissurées par la vie. De celles qui passent trop de temps à perfectionner une force d'âme aussi solide qu’un roc. C’est tout ce qu’ils ont à faire pour se protéger.

Mais ses mots de frère propage des frissons dans ses veines, un relan de crainte qui s’acoquine à une drôle de chaleur. Et le silence qui s’est posé entre eux comme un air connu qui raccommode des mots perdus… il soulage autant qu’il impressionne.

Caprice relâche ses mains et elle, elle ressert les poings comme on attrape une bouée. Son visage se ferme, se tord. Poings contre front, l’apnée sans conditions, et tout son corps qui se recroqueville un peu plus sur lui-même dans un léger tremblement nerveux… des larmes qu'elle ravale. Si elle pouvait s’ensevelir dans les confins du cosmos, elle le ferait. Elle a tellement honte que son corps rejette l’idée que Caprice soit témoin.

– D’abord un verre d’eau ou j’vais vomir. Verre pilé entre les lèvres. Ça lui demande un effort surhumain de s’ouvrir pour le laisser faire. Puis là haut… Son regard suit ses mots au-dessus de l’armoire. La boîte à musique de papa. Sourire usé, il sait d’où ça vient, elle ne dira rien. Et si le calme stellaire qu’il lui offrait après la nébuleuse devenait un rite ? Si elle s’habituait ? Ça serait tout aussi dangereux que de rester seule, non ? Tu ne crois pas que je suis déjà assez dépendante de toi, de vous ?

Et pourtant, à mesure qu’il se déplace dans son microcosme et qu’il revient vers elle, Caprice provoque ce grésillement interne qu’elle reconnaît. L’affection résiliente qui atténue son indignité à elle, et l’aide lui à faire face aux bouts d’peau vermeil qu’elle dévoile lentement. Elle serre encore les dents sur sa déchéance. Mais l’autorisation est donné sans plus de mots que la gêne visible dans les premiers frémissements de sa peau. Puis quand les secondes s’étirent comme un voile nocturne, elle se raccroche au soin de ses gestes. À croire qu’elle est précieuse. Ses yeux en capture la minutie pour mieux se concentrer sur lui, et pas ce qu’il voit. Mise à nu suspendue en zéro gravité. Ça n’a lieu que là, uniquement dans cet instant. Et elle ne reconnaîtra pas tout de suite qu’elle a moins froid parce qu’il est là. Qu’elle est plus légère parce qu’il a réagi comme ça. Mais y a déjà un certain soulagement qui roule doucement entre ses côtes. Le temps semble s’être arrêté dans un cocon maintenant fait pour deux.

– C’est dégueulasse ce que je vais te demander encore mais... Son front contre celui de son frère. Dis rien aux autres s’il te plaît ... Comme un merci glisse dans son soupir.


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MessageSujet: Re: silence to cut (caddy)   silence to cut (caddy) EmptyDim 10 Mai - 19:54

silence to cut
on était destiné aux chutes, Teddy. déclinants dès la naissance le monde nous a rejeté comme une mauvaise greffe et forcément qu'il ne nous reste que la suture. nos prénoms cousus sur l'étiquette des vêtements comme au dos du cœur, couvrent tout juste les gouffres béants - ça saigne quand même.

moi je fais cesser en me nouant les poignets, à genoux devant l'autre, m'agrippe dépendant rendu addict aux gens, presque autant qu'à vous. je crois que les laisser briser mes côtes pour boire à même les entrailles c'est ma manière de vérifier qu'il y a du bon en dedans, et pas du vide seulement. quelque chose de vivant à défaut des poussières d'étoile pulvérisée.

toi tu es assez courageuse pour disséquer toi-même, conserver l'unicité de la carcasse en lacérant dès qu'elle te dépasse. ramène du carmin dès que ça manque de couleurs - et j'ai beau être ton frère, je ne suis personne pour te dire que c'est mal. ça fait mal d'y assister mais je préfère ça, plutôt que tu me tiennes à l'écart.

que toi et moi persistent en ce nous, même s'il est un peu écorché.

j'ai déposé le verre d'eau à coté de toi comme on faisait à l'époque au chevet, toujours de quoi boire sur nos tables de nuit au cas où l'on se réveillerait épuisé et déshydraté des cauchemars. et puis, un seul coup d'œil suffit à reconnaître la boîte à mélodie au sommet de l'armoire - je l'ai récupéré sans un mot, précautionneux car c'est un contenant précieux qu'on a alourdi de secrets à l'enfance. je me demande ce que tu y cachais, avant. la musique n'a pas changé lorsque je l'ouvre, et j'espère que ce qu'elle renferme, un peu quand même. qu'à des âges plus insouciants, tu y rangeais des choses que tu aimais.
ça fait longtemps que je l'avais pas entendu, ce refrain...
ce sera associé à aujourd'hui désormais - ça ne fait rien, Teddy, si ça devient une ritournelle. poser la gaze sur la peau abîmée me donne le sentiment d'absorber les maux comme un buvard utile, d'assister à toutes tes esquisses, même celles où tu as renversé de l'encre écarlate.

retrouver le blanc du papier fait mieux respirer - la peau toujours là, que les jours suivants feront revenir intact pour de bon - je ne sais pas à quelle fréquence tu t'attaques aux toiles, Teddy, mais tant qu'elles restent... c'était suffisamment douloureux de voir les murs nus des grands appartements qu'on a quitté auparavant. ce qui faisait tenir le coup, c'était de voyager ensemble - dire au revoir aux meubles, je peux, c'est facile à force, mais à vous, à toi. c'est ensemble ou rien
on part ensemble
ou rien.

rien aux autres. c'est ce que tu me demandes. assis en tailleurs auprès de toi, j'ai senti ton front contre le mien, les gestes  interrompu songeurs, reprennent à peine le vœux prononcé.
c'est pas comme si on n'avait pas l'habitude des secrets.
faut croire que c'est de famille - un de plus ou de moins, je ne suis pas sûr que ça change grand chose. comme tous les autres, j'en prendrai soin. et la gaze qui a absorbé tout le carmin, je dépose loin, dépose un baiser sur ton front. souffle tristement rieur comme à chaque fois qu'on se fait des confessions.
t'en connais certains des miens, et au pire si ça suffit pas je peux t'en raconter encore plein histoire d'équilibrer les quotas.
avant de m'atteler à déballer les compresses, couper le sparadrap. silencieux le temps de couvrir les estafilades, finalement, ça dort sous du blanc. et pour sceller, comme avant, j'ai saisi ta main pour croiser petits doigts et regards.
promis juré.


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