novembre
et la nuit tombe trop vite
c'est une amante dont on s'impatientait tout le jour du retour mais depuis octobre les ciels sont vides
d'étoile à suivre.

caprice ne se sent plus de briller au crépuscule, il ferme les yeux sur tous les astres. les rayons abîment trop les iris ça fait mal de voir aussi loin
et ces derniers temps l'univers en constante expansion tire
sur tout ce qui maintient le cœur en cage - ça va déchirer.
alors il leste les liens.

c'est à la dérive qu'on est en ville après les cours à l'abri des autres, les cafés comme refuge pour étudier car dehors l'éther se moque
(céleste s'est moqué de lui)
à quand les autres ?
(à quand toi aussi ?)

mine de plomb et carnet bien rangés à leur place
accoure l'heure de retourner s'emprisonner et caprice presse le pas - lueur de l'arrêt de bus au loin comme un papillon qui suivrait la lumière tout droit devant soi. il va le manquer s'il n'avance pas à toute allure - on va partir sans lui encore une fois - et le froid prend aux os.
il commence à pleuvoir
il doit faire meilleur à bord
et les portes narguent de se refermer sous le nez mais caprice bloque à coup d'épaule le souffle court condensé en vapeur d'eau -
ça s'évapore
tandis qu'il monte.

cherche où se poser et te trouve
toi.

au fond du bus comme un fantôme au visage inconnu (c'est toujours comme ça au premier coup d'œil avec caprice) mais c'est que tu as des traits de satellite que l'on reconnaîtrait à des années lumières
sans télescope
caprice te voit

gabin.
(c'était inespéré)

soubresaut lorsque le moteur se remet en marche. on avait failli te manquer. caprice trouve ça presque ironique - héler le bus où tu te trouves c'est la catachrèse de ce vous qui file entre les doigts lui aussi.
presque tous les sièges de libre et pourtant c'est celui à ta gauche qu'il convoite tout à coup
il ne sait pas s'il a le droit et sent que c'est discordant
depuis quand ?
depuis quand doit-il demander

je peux m'asseoir à coté de toi ?

si tu dis non
il ne restera nulle part où se cacher alors
caprice se risque à couper l'herbe sous le pied des accords
s'installe en silence son sac sur les genoux. il serre la toile perlée de pluie entre les doigts
lance
dans le vide
l'air de rien.

on s'est pas beaucoup croisé ces derniers temps..

à qui la faute - peut-être au deux et à moitié
mais c'est tout entier
que caprice s'en veut

et le retour est un peu triste ce soir.